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Dialogue inter-togolais : Les péripéties d’un accord politique

Publié le jeudi 24 août 2006 à 07h12min

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Dès sa désignation comme facilitateur par le dialogue inter-togolais, le président du Faso a usé de beaucoup de tacts, parfois de fermeté pour aboutir à la signature d’un accord global entre les parties prenantes. Cet accord apparaît aujourd’hui comme le point de départ d’une nouvelle ère pour le Togo. Retours sur les étapes de cet accord historique.

Tout est parti du blocage du dialogue entre les Togolais dans le cadre du processus de la résolution de la crise qui secoue le pays. Ainsi comme le prévoit le règlement intérieur de cette institution, il fallait recourir à une facilitation extérieure pour parvenir à un consensus. A l’unanimité donc, les parties prenantes au dialogue ont porté leur choix sur le président du Faso, Blaise COMPAORE.

Ainsi le 26 juillet 2006, une délégation togolaise conduite par Me Yawovi AGBOYIBO a porté officiellement la nouvelle à la connaissance du président du Faso. Interrogé sur les raisons de ce choix, Me AGBOYIBO a exprimé en son temps la confiance que les Togolais plaçaient en lui pour parvenir à un accord.

Pour sa part, le président du Faso avait dit ressentir cette démarche comme un devoir envers la sous-région et envers l’Afrique. Le décor était alors planté et tous les regards étaient tournés vers Ouagadougou. A ce niveau les positions entre Togolais étaient tellement divergentes que certains observateurs étaient dubitatifs quant à l’aboutissement de cette mission. Le facilitateur devait donc imaginer une voie originale pour parvenir à une conciliation.

La concertation comme moyen d’action

Dès sa désignation comme facilitateur, le président du Faso, Blaise COMPAORE a mis l’accent sur la concertation avec toutes les parties prenantes. Ainsi le président a reçu tour à tour les représentants des différentes forces politiques du Togo. Ces rencontres visaient à se faire une idée générale des points de discorde. A mesure que le facilitateur rencontrait les parties prenantes au dialogue, la voie d’une solution satisfaisante devenait de plus en plus probable. Dans cette logique de rencontre Blaise COMPAORE a reçu le samedi 12 août la figure emblématique de l’opposition togolaise, M. Gilchrist OLYMPIO, venu de Paris.

Pour son parti l’UFC, M. OLYMPIO avait refusé de parapher le premier accord issu des pourparlers au Togo. C’est du reste l’une des raisons ayant conduit à la désignation d’un facilitateur étranger. Cependant, le chef de l’UFC ne pourra continuer les négociations de Ouagadougou en raison de ses obligations politiques et universitaires. C’est donc les membres de son parti avec notamment Patrick LAWSON qui ont continué les débats avec le faciliteur.

Autre événement notable dans la série de rencontres du facilitateur avec les protagonistes togolais, c’est la rencontre avec le Premier ministre actuel M. Edem KODJO. Celle-ci était très importante dans la mesure où, à ce stade des négociations, l’idée d’un nouveau gouvernement était de mise et il fallait donc prévoir le départ de l’actuel locataire de la primature. Selon certaines indiscrétions, le Premier ministre a dû se soumettre à cette perspective à son corps défendant.

A sa sortie d’audience avec le facilitateur, la désolation se lisait sur son visage et il a laissé entendre qu’il était prêt à partir pour l’intérêt du Togo. Toute chose qui ne pouvait pas cacher son amertume à l’idée d’être obligé de renoncer prématurément à son gouvernement. A ce propos, des observateurs ont laissé entendre que ce poste reviendrait à un membre de l’opposition, à l’occurrence, à l’UFC de Gilchrist OLYMPIO.

Pour donner plus de chance de réussite à sa médiation, Blaise COMPAORE a décidé d’associer à ce dialogue les chefs coutumiers et les religieux. Ainsi les religieux et les coutumiers ont été reçus à leur tour le lundi 14 août 2006. Ces derniers avaient du reste salué l’initiative du facilitateur au regard de leur importance dans la société togolaise. C’est donc une sage idée de ne laisser de côté aucune composante de la société togolaise dans le processus de réconciliation nationale.

Pour clore la série des rencontres, le médiateur a reçu le 15 août le président du Togo, M. Faure GNASSINGBE qui était à Ouagadougou dit-on pour présenter au médiateur jusqu’où il pouvait faire des concessions. Dans tous les cas les regards étaient tournés vers lui parce qu’il avait là une chance historique de rompre définitivement avec les erreurs du passé. Après donc ces rencontres de concertation, le médiateur a donc amorcé avec plus de maîtrise la phase décisive de sa mission : la proposition d’un accord.

Un accord politique historique

Prévues pour le 17 août, les rencontres en plénières ont débuté plus tôt le 16 août 2006. Sur la base d’un projet d’accord que leur a soumis le facilitateur, les parties prenantes au dialogue se sont retrouvées autour de la même table pour discuter.
Aux premières heures des échanges, les parties estimaient que le document n’était pas complet dans la mesure où il ne satisfaisait pas à toutes les exigences. Fort heureusement, les parties ont fini par s’accorder sur l’essentiel. Ce qui a conduit donc à un accord politique global paraphé à Ouagadoguou le vendredi 18 août 2006. Par la suite, les protagonistes se sont retrouvés à Lomé le dimanche 20 août pour la signature solennelle du document.

De l’avis général qui se dégage, cet accord marque un nouveau départ pour le Togo dans la mesure où il initie un nouvel ordre juridico-politique qui pourra garantir la mise en place d’une démocratie. Mais certains sceptiques hésitent encore à croire à la mise en place effective de cet accord.

Dans tous les cas, la balle est dans le camp des acteurs togolais qui ont une chance historique de tourner la page d’une crise qui n’a que trop duré. Les jours à venir nous situeront sur la volonté réelle des Togolais à mettre en place le processus de paix qu’ils sont venus chercher à Ouagadougou.

Par S. Daouda (stagiaire)

L’Opinion

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