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Burkina : Les politiciens se bouffent le nez

Publié le mercredi 23 août 2006 à 07h16min

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Très cher oncle,

D’abord une triste nouvelle. Les Burkinabè viennent d’être endeuillés, le 17 août dernier, par l’éboulement d’une galerie de la mine d’or de Poura, une bourgade située à 150 km à l’ouest de Ouagadougou. Le drame aurait coûté la vie à 13 personnes (3 morts et 10 disparus).

En outre, 5 blessés ont été dénombrés. C’est ce qu’on a appris de source proche des sapeurs-pompiers. Même s’il s’agit d’une superstition typiquement africaine, l’imaginaire populaire dit qu’il y a immanquablement des malheurs dans l’exploitation des ressources du sous-sol. Rappelle-toi cette fameuse ruée vers l’or aux Etats-Unis, où il fallait avoir la gâchette facile pour s’en procurer.

Plus près de nous, l’on se rappelle cette légende de l’or de Karibi, une sorte de fable que les enfants du primaire lisaient à l’époque et qui leur apprenait l’infortune d’un homme qui poursuivait un mirage, croyant qu’il s’agissait du précieux métal. D’ailleurs, on dit que tout ce qui brille n’est pas or. Surtout qu’en dehors de l’or jaune, il y a l’or noir, l’or blanc, etc.

Cher oncle, lorsqu’on s’aperçoit aujourd’hui que les pays africains (Afrique noire) producteurs d’or blanc (coton) et d’or noir (pétrole) sont ceux où les citoyens manquent du minimum vital, on est tenté de croire à une telle assertion non scientifiquement prouvée. Une seule certitude : tout ce qui brille n’est pas or, comme dit plus haut. C’est le cas précisément de la mine de Poura, fermée pour cause d’épuisement du filon jaune. Malheureusement, des mesures sécuritaires adéquates n’ont pas été prises pour empêcher les gens de s’approcher du site devenu extrêmement dangereux.

En attendant, la vie politique et diplomatique continue. Sur le plan diplomatique, Blaise Compaoré vient de réussir une percée dans la sous-région, ce qui va lui conférer une stature d’homme d’Etat presqu’incontournable. En réussissant à rassembler tous les protagonistes de la crise politique togolaise sous les regards de l’UE, principal partenaire financier du Togo, Blaise Compaoré a pris des risques sur un terrain glissant où de nombreux médiateurs ont glissé. Je suis sûr que cela contribuera, du côté d’Abidjan, à effacer en Blaise Compaoré, l’image du pyromane qu’on lui collait.

Et pendant que le président Compaoré récolte des lauriers, ce sont les politiciens burkinabè qui se déchirent à propos de la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). D’abord au niveau des partis politiques.

A force de discuter sur le sexe des anges afin de savoir qui est de l’opposition et qui ne l’est pas, d’autres larrons se sont jetés sur le butin.

Quant à la société civile, elle a prouvé qu’elle est réellement un panier à crabes, un fourre-tout où tous les mélanges de genres sont permis. En fait, les gens n’ont d’autres perspectives que de s’imaginer que cette structure ouvre la porte à leur cupidité. Il fallait s’y attendre d’ailleurs, car, depuis que ce concept de société civile est apparu dans notre lexique, on n’a jamais réussi ici à cerner son contour. En tous les cas, la composition de la CENI occupe tellement les politiciens que certains problèmes risquent d’être occultés, et c’est le pouvoir qui va se frotter les mains.

Il s’agit de l’affaire Norbert Zongo, après le non-lieu prononcé. Et comme le dit l’épopée mandingue qui demandait aux hommes de remettre leur sabre aux femmes pour poursuivre le combat, un groupe dénommé "Femmes en noir" vient de voir le jour. Il entend maintenir la pression jusqu’à ce que l’affaire Zongo connaisse son épilogue. Ce que femme veut, Dieu le veut, dit-on !

Très cher oncle, je ne saurais terminer sans t’informer que c’est dans une salle archicomble qu’a été lancée l’idée d’une amicale des anciens ministres du Burkina depuis l’indépendance du pays en 1960. Une véritable armée. Si les images de la télévision nous ont permis de revoir certaines figures, certains oubliés de l’actualité, comme nous le disons dans une de nos rubriques, beaucoup se demandent ce qui a pu réunir autant d’hommes ayant appartenu à des régimes aussi opposés que l’eau et le feu.

Certains observateurs soupçonnent ce comportement corporatiste d’être le point de départ de futures revendications. Ils prennent comme exemple, ce regroupement d’anciens parlementaires qui revendiquent une pension de retraite de l’institution. Les Burkinabè qui ne manquent d’ailleurs pas d’humour disent qu’à ce rythme, il faut s’attendre à voir une amicale d’anciens directeurs de cabinet, chefs de cabinet, secrétaires généraux, directeurs généraux, chefs de service, préfets, gouverneurs, hauts-commissaires, etc.

Ton oncle

Le Pays

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