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Non-lieu pour Marcel Kafando : Rien de nouveau à l’horizon

Publié le lundi 21 août 2006 à 07h39min

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Dans l’affaire Norbert Zongo, cela fait huit ans qu’on répète les mêmes choses parce que les défenseurs de la thèse : "c’est la famille présidentielle" se sont enfermés dans cette certitude et ne peuvent plus servir autre chose. De judiciaire pure, elle est conséquemment devenue politique.

Pouvait-il en être autrement, quand cette affaire constitue la seule arme aux mains des opposants connus et inconnus pour espérer renverser le pouvoir ? Ceci est si vrai que les journaux qui leur sont acquis passent leur temps à semer à tout vent la mauvaise conscience. Un peuple apathique, qui refuserait de prendre d’assaut les rues, de monter à l’assaut du Conseil de l’entente, bref, ils veulent retenter le coup d’une certaine prise du pouvoir, un certain 4 août 1983.

N’est-ce pas le peuple qui avait pris d’assaut les rues de Ouagadougou dès 19 heures et l’annonce de l’avènement de la RDP et avant, au lendemain du 17 mai 1983. De ce peuple dont on ne cesse d’appeler à la mobilisation au sein d’un collectif en perte de vitesse, on oublie trop souvent qu’il est loin d’être l’idiot de service pour lequel on veut le faire passer.

Il y a longtemps qu’il a compris l’enjeu de cette guerre des tranchées dont hélas la presse est devenue le premier instrument. Ceux qui pensent être les défenseurs de la liberté de la presse ont pris leur liberté en s’autoproclamant enquêteurs en herbe et capables par leur perspicacité de journalistes rompus, parce que nés dans l’investigation, de servir sur un plateau d’argent les coupables du drame de Sapouy au juge instructeur.

Ce sont eux qui se sont transformés en fins limiers en lieu et place de la police et de la gendarmerie et ont proclamé qui est coupable et qui ne l’est pas. Aujourd’hui, face à la décision de non-lieu du juge, ils poussent des cris d’indignation, à la seule raison que leurs thèses incontestables aient fait choux blancs.

C’était un choix

On ne peut pas refaire l’histoire, celle-ci est ce qu’elle est et le reste. L’affaire Norbert Zongo se trouve dans une impasse et cela a une explication logique et même d’une simplicité religieuse. Lorsqu’elle a éclaté, tout de suite, le pouvoir CDP, dès le lendemain, a subi l’attaque la plus violente de sa jeune existence. Tout ce qui ressemblait au CDP et au pouvoir a été cassé et incendié, le siège du parti en porte encore les stigmates, puisqu’il a été incapable jusqu’ici de remplacer ses bus partis en fumée et qui lui avaient coûté quelques dollars...

Oui, l’opposition officielle et non officielle s’était donné les moyens de balayer le CDP à la faveur de cette affaire, un pain béni pour elle et un vrai sale coup pour le CDP. La soudaineté, la violence, la planification ont été si minutieusement exécutées que le parti est resté pantois et incapable de réagir ou de contrer quoi que ce soit.

D’abord, que la nouvelle l’a laissé sans voix à cause de l’émotion naturelle due au fait que ce journaliste était rentré dans tous les foyers, cette attaque organisée et en force ne pouvait que le surprendre et lui ôter tous ses moyens de défense. Aussi, le parti a encaissé presque sans broncher, évitant ainsi le bain de sang, attendu derrière pour passer à la phase de prise du pouvoir.

C’est donc, les agresseurs qui ont opté de placer cette affaire sur le terrain politique. Option qui les a naturellement conduit à malmener la justice et les forces de police, accusées de complicité, voire de collusion avec le pouvoir. Naturellement le peuple, à la fin, ne peut que s’interroger sur ce combat de tranchées sans fin et a fini par comprendre que l’affaire est devenue, non pas une recherche de la justice, mais un tremplin pour un camp tout aussi mafieux voulant devenir calife lui aussi à la place du calife.

Que les accusations faciles sur son incapacité laissent de marbre ce peuple ne surprend que ceux qui passent leur temps à l’appeler au secours. Et comme ce sont les mêmes à dire constamment qu’on ne peut tromper le peuple tout le temps, qu’ils préservent leurs yeux pour savoir bien pleurer. Le peuple ne participera pas à leurs larmes de crocodile à propos de fallacieuses luttes pour la justice, qui ne trompent même plus les simples d’esprit.

Un prolongement

Le choix de politiser à fond l’affaire tient encore sa logique aujourd’hui. La contestation du non-lieu prononcé n’est en conséquence que le prolongement de cette option, pensée et exécutée. Il n’est pas question de revenir à l’aspect pur de droit parce que ce terrain-là n’est pas porteur, ne suscite pas le plein d’émotion pour mettre le pouvoir en danger.

Car sur le plan strict du débat juridique, le dossier n’a pas établi de n à faire façon incontestable, comme le commande le droit, la culpabilité de X ou Y.

Aucun de tous les "théseurs" professionnels ou en herbe n’a que son intime convictiovaloir. Bien entendu, elle ne constitue pas, loin s’en faut, une preuve et ne peut qu’être incompatible avec la tenue d’un procès criminel.

En avouant que cette affaire va polluer et encore polluer les mandats de Blaise Compaoré, les ayants un intérêt à eux font afin preuve d’un peu d’honnêteté sur leur dessein. Jusque-là inavoué, mais avéré, il apparaît désormais au grand jour que l’objectif est de troubler la quiétude et la paix sociales.

Dans un Etat de droit, lorsqu’un dossier de justice aboutit à une impasse, on a recours aux voies traditionnelles pour le relancer parmi lesquelles il y a l’appel à témoin. Or, il existerait selon les défenseurs ; des témoins pour lui permettre de connaître une suite diligente et conséquente. Connaissant le courage des Burkinabè, il ne faut point désespérer que le temps finira par les décider à parler.

Et puis qui sait si un jour les spécialistes en journalisme d’investigation n’arriveront pas à convaincre leurs témoins de se présenter à la justice et de lui faire confiance.

Certes, il y a le débat sur la sécurité de ces témoins capitaux jusque-là cachés.

Mais comme des enquêteurs au début de l’affaire écrivaient dans les journaux connaître tous ses tenants et aboutissants et qu’ils sont toujours là et vivants, on peut croire que les cachés peuvent sortir de leurs trous sans crainte pour leur vie.

Souleymane KONE

L’Hebdo

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