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Dialogue intertogolais : Il y a une décennie déjà...

Publié le lundi 21 août 2006 à 07h47min

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Blaise Compaoré et Gnassingbé Eyadéma

Si Ouagadougou est actuellement le théâtre d’un intense ballet diplomatique sur fond de résolution de la crise togolaise, la capitale burkinabè avait vecu pareille destinée en juin-juillet 1993, avec in fine, la signature dimanche 11 juillet 1993 à Lomé, des accords de Ouaga III. Retour sur le passé donc, afin de mieux comprendre le présent et essayer d’éclairer l’avenir.

Avant d’en arriver au round des négociations qui a abouti à la signature à Lomé de l’Accord dit de Ouaga III, il convient d’indiquer que la rentrée du Togo dans « l’ère démocratique », n’a pas été du tout aisée. Au terme d’une Conférence nationale souveraine qui s’est étalée du 8 juillet au 28 août 1991 et qui avait donné des orientations s’articulant autour de « l’Homme réhabilité », un Haut conseil de la république (HCR) avait été mis en place. Il s’agissait de bâtir une société de liberté et de responsabilité où chacun se sentirait à l’aise.
Cela devait se traduire au plan politique, par le fonctionnement normal de l’Etat par une « démocratisation des structures » devant garantir l’exercice des libertés fondamentales, d’une part et satisfaire le vœu des populations qui appelaient « à plus de responsabilité dans la gestion de la chose publique », d’autre part. Au plan économique, la demande tournait autour de l’assainissement des finances publiques, la réduction des dépenses de l’Etat et le rétablissement des grands équilibres macro-économiques. Enfin, des élections libres, équitables et transparentes devaient consacrer cette démocratisation en marche. Hélas, chaque camp (pouvoir et opposition) restait sur ses positions et la démocratie consensuelle et pacifique avec partage du pouvoir entre toutes les composantes géographiques et sociales de la nation restait un voeu pieux. Qui pis est, les émeutes sanglantes de janvier-février 1993 à Bê, venaient creuser davantage le fossé et cristalliser les haines entre les deux camps.

L’expérience paiera-t-elle ?

S’en suivra une période de froid intense entre les deux parties, avant que, par son entregent, Blaise Compaoré n’arrive à les réunir à Ouagadougou à partir du 18 juin 1993. Au menu des échanges, des problèmes de sécurité, l’opposition demandant « la réaffirmation du caractère apolitique de l’armée ». Aussi, il était démandé que des forces militaires étrangères « surveillent » l’armée togolaise, surtout pour « garantir » la sécurité des manifestants. Le démantèlement des milices était aussi à l’ordre du jour de cette rencontre. Les problèmes électoraux étaient aussi en débat avec la réclamation d’une « commission électorale neutre et consensuelle », l’instauration d’un bulletin de vote unique, la révision des listes électorales... Une demande jugée certainement « trop forte » par le camp présidentiel car, le mardi 22 juin 1993, un communiqué de la Présidence du Faso annonçait la suspension des travaux au vu des « divergences persistantes ». L’échec de ce round de négociations préfigurant cependant un succès éclatant de la diplomatie burkinabè. En effet, le vendredi 9 juillet 1993, les négociations reprenaient avec au final, la signature de l’Accord du 11 juillet 1993. Les points d’achoppement avaient été aplanis et la présidentielle fixée au 25 août 1993. Un comité de suivi fut mis en place pour apprécier le comportement des uns et des autres. « Une victoire pour le Burkina », pouvait titrer Sidwaya sous la plume de Pierre T. Dabiré. (Sidwaya du 13/07/1993, pa 3). Les péripéties de la vie politique togolaise (élection présidentielle « difficile » avec la fuite de Gilchrist Olympio au Ghana puis en France) diviseront encore les politiques. En 1998, Gilchrit Olympio ne se présentera même pas, empêché par des critères d’éligibilité. En 2005 et malgré la mort d’Eyadema, c’est un candidat par « procuration », Akitani Bob que l’Union des forces du changement (UFC) d’Olympio présentera. Au sortir de ces élections, les massacres de Bê (encore) et la fuite éperdue de nombre de Togolais au Bénin, Ghana, Burkina Faso, viendront rappeler que le « volcan », togolais n’était pas totalement éteint. Cette fois-ci, en sus de la réaffirmation du caractère républicain de l’armée, la formation d’un gouvernement d’union nationale devant organiser les élections législatives se trouve en bonne place dans l’agenda des travaux.

Il reste à savoir qui pilotera ledit gouvernement, l’unanimité ne semblant pas être faite sur la question au moment où nous traçions les lignes. Mutatis mutandis donc, Blaise Compaoré se trouve dans la même situation qu’en 1993. Il lui reste à utiliser les mêmes ingrédients avec quelques nouveautés de son cru pour que la mayonnaise prenne. Mais faut-il le rappeler, la bonne volonté des deux parties y contribuera aussi pour beaucoup.

Boubakar SY

Sidwaya

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