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Entreprendre au Burkina : Le secteur privé , moteur de la croissance

Publié le vendredi 18 août 2006 à 07h52min

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Issaka Kargougou, Dg de la Maison de l’entreprise

Les burkinabé ont-ils pris goût à l’entrepreneuriat ? Difficile à dire. Toujours est-il que de plus en plus, de jeunes burkinabé pétris d’idées novatrices se lancent dans le monde des affaires. Si cette tendance se poursuivait, le secteur privé pourra ainsi jouer son rôle de moteur de la croissance.

Entreprendre ! entreprendre encore, toujours et bien entreprendre ! C’est la seule alternative qui permettra au Burkina Faso de sortir de sa misère. Dans un marché ouvert à la concurrence, le secteur public ou l’Etat seul ne peut tout faire. D’où l’idée de promouvoir le privé. Il faut un secteur privé viable, compétitif et pourvoyeur d’emplois pour les Burkinabé, préconisent les économistes. Bertrand Gallyam Béré, après avoir bossé dans le bâtiment, caresse aujourd’hui le secret espoir de mettre sur pied une unité de remise en services des rotules de suspension pour véhicules automobiles. Il pense qu’avec cette unité, la rotule fabriquée au départ à usage unique sera utilisée à souhait.

Son concept consiste à proposer des rotules et des cardan à moindre frais aux automobilistes. Il s’agit de remettre ces pièces en service, explique M. Béré. Selon ce concept, poursuit-il, les rotules peuvent être réparées et réutilisées. Par conséquent, il propose de revendre ces rotules à un coût nettement inférieur à celui qui est appliqué sur le marché (5000 et 100 000 F CFA).

Il va ainsi vendre ses rotules soit à 4000 soit à 3000 FCFA. Ce concept est non seulement économique, mais réduit le risque d’entassement des rotules. M. Béré entend également importer des motocyclettes pour en faire des taxis . Elles auront une capacités d’au moins quatre places. Les usagers pourront emprunter ces engins à moins de 150 FCFA pour effectuer leur course. « Si je suis soutenu, ce projet est réalisable très rapidement », a-t-il indiqué. Bon an, mal an, le secteur privé Burkinabé tente de jouer ce rôle de moteur de la croissance. Entre janvier et juin 2006, au moins 1800 entreprises nouvelles ont vu le jour dans notre pays, estime le directeur général de la Maison de l’entreprise du Burkina Faso (MEBF), Issaka Kargougou.

Il reste maintenant à faire en sorte que ces entreprises survivent, prospèrent. « Les Burkinabé cherchent à créer leurs propres affaires. Ils sont convaincus que seul l’entrepreneuriat est gage d’épanouissement et de création de richesses », a-t-il déclaré. « Les brodeuses du Faso vont regrouper des personnes démunies autour du tissage et pour l’art décoratif. Le coût de ce projet est estimé à 18 millions de nos francs. J’ai espoir car en plus de l’autofinancement, la Banque régionale de solidarité finance une partie du projet », confie Mme Tinwendé Joseph Odette Conseibo, promotrice du projet « Les brodeuses du Faso » .

En effet, le secteur privé représente le premier pourvoyeur d’emplois au Burkina Faso, a estimé M. Kargougou. La croissance actuelle devrait se traduire par la création de nouveaux emplois inhérents aux activités nouvelles. Si le secteur privé affiche un nouveau souffle, il n’en demeure pas moins que les obstacles à son épanouissement sont nombreux. Ces difficultés devraient être jugulées, faute de quoi les idées des promoteurs risquent d’être des morts-nés.

Lever les blocages

Pour le DG de la Maison de l’entreprise, Issaka Kargougou, le secteur privé burkinabé souffre encore des coûts élevés des facteurs de production. Puis, il y a l’accès parfois difficile des promoteurs de projets au financement pour les petites entreprises. S’ajoutent également le manque de formation professionnelles ou de ressources humaines compétentes. Enfin, la fiscalité n’est pas très propice pour les investissements massifs, souligne-t-il.

Au-delà des difficultés, il faut à notre entrepreneuriat des hommes et des femmes prêts à se « défoncer » car l’entrepreneuriat est une prise de risque et demande du courage, explique Mme Félicité Traoré, consultante. Comment arriver à associer projets, promoteurs et ressources ? Selon Mme Traoré, tel est le défi que l’entrepreneuriat burkinabé doit relever. « C’est pas facile de mettre sur pied un projet qui va marcher au premier coup », reconnaît Mme Conseibo, promotrice du projet « Les brodeuses du Faso. Elle pense que les difficultés sont inhérentes au manque de personnel, de local entre autres.

Toutefois, le DG de la Maison de l’entreprise pense qu’aujourd’hui les modalités de création d’un négoce se sont allégées considérablement. « Avant 2006, il fallait parcourir plusieurs administrations. Nous avons travaillé avec les pouvoirs publics pour créer le Centre de formalité des entreprises qui simplifie les opérations ». Selon M. Kargougou, en une semaine, le promoteur de projet peut obtenir son registre de commerce, son numéro IFU et de la Sécurité sociale. « C’est un élément de simplification important. Mais nous sommes sur d’autres chantiers avec les pouvoirs publics en vue de rendre notre climat des affaires plus propice aux affaires », dévoile Issaka Kargougou.

Les entrepreneurs burkinabé doivent s’affranchir de leur laxisme en terme de marketing. Rares sont les entrepreneurs qui accordent une priorité à la vente de leurs produits, relève Félicité Traoré. Ils doivent être plus agressifs pour promouvoir leurs produits ou services. « Dans la globalité, on est moins vendeur, on est moins commerçants », martèle-t-elle. Il faut corriger cette lacune tout en mettant en place des structures chargées de financer les promoteurs de projets.

Des initiatives existent certes comme le centre financier aux entreprises du réseau des caisses populaires, mais il en faudra plus pour mieux financer les affaires du privé. De cette façon, nos entrepreneurs pourront mieux courir dernière l’argent.

S. Nadoun COULIBALY (coulinad@hotmail.com)

Sidwaya

P.-S.

Voir le site de la Maison de l’entreprise : http://www.me.bf

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