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Excision : Une vingtaine de fillettes passées à la lame par une sexagénaire à Santidougou

Publié le mercredi 16 août 2006 à 07h53min

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Le sang a coulé le lundi 07 août dernier dans le village de Santidougou, situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Sya. Des enfants de sexe féminin, au nombre de vingt, ont en effet subi les affres de l’excision très tôt dans la matinée au cours d’une effroyable opération d’ablation du clitoris, menée par une sexagénaire, avec la complicité des parents des victimes.

Plus d’une semaine après cette boucherie, certaines excisées continuent de souffrir des douleurs de cette ignoble pratique qui, malheureusement, est encore d’actualité dans certaines localités du Burkina.

Nous quittions Bobo peu après dix heures pour Santidougou dans un véhicule affrété à l’occasion par les services de l’Action sociale. Prenaient place à bord de ce minibus, le directeur régional de l’Action sociale, monsieur Alain Konkobo, la directrice provinciale, Mme Kéré Kadidia, et certains de ses proches collaborateurs, Konaté Moussa major du CSPS de Santidougou, ainsi que des agents de la police. Après environ vingt minutes de route, nous effectuons notre première escale au CSPS de Dafinso où personne ne savait encore l’objet de cette visite malgré les regards interrogateurs des usagers du centre.

Un habitant du village, qui avait embarqué dans notre véhicule à l’entrée de Dafingso à la demande du major, continuait de multiplier les contacts afin de dégager les pistes nécessaires devant aboutir à l’arrestation de l’exciseuse. Quelques instants après, nous voici encore repartis, cette fois pour la destination finale non sans avoir réglé les derniers détails avec l’aide de notre guide. C’est ainsi que nous apprendrons que l’exciseuse serait venue d’ailleurs et qu’elle aurait agi avec la complicité d’une femme de Santidougou. Malmata Sanou, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, était plus que jamais devenue « wanted » pour la délégation venue de Bobo.

Et selon les renseignements fournis par d’autres villageois, c’est elle qui aurait hébergé l’exciseuse durant son séjour et demeure, par conséquent, la seule personne de ressource pouvant donner des informations utiles sur sa destination. Appréhendée dans un champ à la sortie du village, Malmata Sanou sera soumise à un interrogatoire. Elle ne pourra toutefois pas éclairer les enquêteurs sur l’identité de cette sexagénaire tant recherchée et qui, selon les dernières informations, résiderait à Tolotama, localité située à quelques encablures de Santidougou.

Une lame rasoir et 500 F CFA par enfants

Là-bas également, les recherches furent vaines et on apprendra par la suite que l’exciseuse était en déplacement sur Bobo. La délégation va donc rebrousser chemin sans la certitude d’atteindre son objectif, à cause du refus de collaboration de la vieille Malmata Sanou et du frère cadet de l’exciseuse, qui avait lui aussi embarqué dans le car au départ de Tolotama, mais ne savait toujours pas que son aînée était recherchée. Mais sur insistance de l’officier de police, Konaté, et des responsables de l’Action sociale, la situation allait finalement se décanter ; et c’est à la gare routière de Dandé, à la sortie nord de la ville de Sya, que l’exciseuse sera appréhendée, aux environs de quatorze heures et conduite au commissariat central de police de Bobo, où elle séjourne depuis lundi, en compagnie de Malmata Sanou.

En attendant de connaître le sort qui leur sera réservé, c’est plutôt l’état de santé des excisées qui semble désormais préoccuper les services de l’Action sociale. L’inquiétude est bien réelle à ce niveau d’autant plus que l’opération a été menée avec des lames rasoirs et la somme de 500 F CFA par enfant. L’excision qui, depuis des années, est interdite au Burkina et dans la plupart des Etats africains recouvre, comme on le sait, toutes les mutilations faites aux femmes telles que l’ablation totale ou partielle de leurs organes génitaux externes ou encore certaines lésions irréversibles telles les perforations, les incisions, les cautérisations et les rétrécissements.

Quand on sait les conséquences souvent désastreuses (hémorragies, incontinences, ulcérations de la zone génitale, kystes, abcès, etc.) d’une telle pratique, il y a lieu alors de s’inquiéter de la situation de cette vingtaine de fillettes de Santidougou dont certaines auraient perdu connaissance pendant l’opération. D’où la nécessité de leur transfert dans un bref délai à Bobo pour des visites médicales. C’est du moins l’avis de madame Kéré Kadidia, directrice provinciale de l’Action sociale du Houet.

Jonas Appolinaire Kaboré
Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 17 août 2006 à 00:53 En réponse à : > Excision : Une vingtaine de fillettes passées à la lame par une sexagénaire à Santidougou

    Je pense qu’il faut à un moment donné s’occuper de façon sérieuse de ces mères qui pérénisent de telles pratiques interdites. J’en appelle au Misnistère de l’action sociale, de la défense et au movement des droits de l’homme pour que des sanctions exemplaires soient appliquées afin que cela cesse. Une peine de 5 à 10 ou sinon plus pour commencer serait un préambule dissuasif. Les amendes et tout autre contravention à cet effet n’ont porté fruit sur son interdiction que si ce n’est encourager sa clandestinité. Imaginons un peu : "une lame de rasoir pour quelques francs, l’ablation d’un organe que Dieu lui même a créé contre 500FCFA qui de mon avis propre s’envolerait chez la première vendeuse de riz". Vas-t-on mandater des agents à chaque fois qu’une vingtaine (d’adolescentes) se fasse exciser ? J’espère ne pas avoir un jour à occuper un de ses postes ministériels ou autoritaires pour entreprendre de rudes mesures face à ce phénomène. Mon espoir est que des mesures soient prises. Je ferai de la politique s’il le faut pour mener ce combat.

    • Le 17 août 2006 à 13:13, par Magid En réponse à : > Excision : Une vingtaine de fillettes passées à la lame par une sexagénaire à Santidougou

      Pourquoi ne pas dénoncer la circoncision des garçons ? Pourquoi un garçon peut se faire mutiler son sexe dans le plus grand désintéret ? Chacun doit pouvoir avoir un sexe intact jusqu’à l’age adulte que ce soit fille ET garçon !

      Magid

      • Le 17 août 2006 à 22:09, par Freudonné Ouedraogo En réponse à : > Excision : Une vingtaine de fillettes passées à la lame par une sexagénaire à Santidougou

        Bonjour ! Magid.
        Comme tu le constates, un garçon ne se fait pas mutiler son sexe. Ce genre d’ablation ne raccourci ou ne porte domage aucunement à l’organe de ce dernier. Cela ne soustrait en rien la sensation que reçoit ce dernier. Mais la pauvres fille perd un organe. Je reste cependant en accord avec ce que tu cites dans ton message : "Chacun doit pouvoir avoir un sexe intact jusqu’à l’age adulte que ce soit fille ET garçon". Et j’avoue que cela peut paraît logique de décider de son sort armé d’un esprit décisionnel mature. Ce que je déplore cher frère, c’est le fait que il manque quelque chose à la fillette que le garçon conserve toujours. De ce que j’ai appris, je pense que la circonsition est plus vue comme un acte de rendre propre le jeune homme. Penses-tu que ce serait la même chose chez la femme ? j’en doute fort.

        • Le 18 août 2006 à 13:03, par Magid En réponse à : > Excision : Une vingtaine de fillettes passées à la lame par une sexagénaire à Santidougou

          Je ne pense que ce soit le meilleur endroit pour faire un débat. Il existe d’ailleurs un "forum" sur ce site mais je ne puis rester sans réponse vu que c’est à moi que l’on s’adresse. Il est évident que la circoncision chez un garçon ne peut être considérée que comme une mutilation. Les arguments sont si nombreux que je ne vais pas tout énumérer ici mais que certains... L’absence de prépuce (muqueuse protectice du gland) rend le désechement irréversible et rapide du gland (en terme médical, on appele çà kératisation). Cet état entraine donc une baisse de sensibilité... ...de la seule zone érogene sexuelle de l’homme. La difficulté de masturbation qui en résulte (sans doute la vrai raison de cet acte barbare car pour beaucoup la sexualité doit se limiter à la reproduction). La cicatrice apparue aprés le passage de la terrible lame n’est qu’une porte d’entrée aux infections... Parfois et même trop souvent, la circoncision est telle que l’érection est douloureuse ou bien la verge en est courbée...

          Bref, il faut arrêter ces pratiques indignes ou mutilations pour les filles ET les garçons de notre socété Burkinabé et laisser nos enfants avec un corps intact jusqu’à ce qu’ils soit adultes pour en profiter pleinement !

          Magid

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