LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Lutte contre l’impunité : "Les femmes en noir" sur la tombe de Norbert Zongo

Publié le lundi 14 août 2006 à 07h35min

PARTAGER :                          

Le groupe "Les femmes en noir du Faso" étaient sur la tombe de Norbert Zongo le 13 août 2006. Ces femmes y ont prié et lu un message dans lequel elles ont affirmé leur détermination à mener le combat contre l’impunité et l’oubli des crimes d’Etat.

Comme promis dans la déclaration interpellative publiée dans les colonnes de votre journal du 8 août 2006 ("Le Pays" n°3681), "Les femmes en noir du Faso" se sont rendues sur la tombe de Norbert Zongo le dimanche 13 août 2006. De noir vêtues comme leur nom l’indique, ces femmes, au nombre desquelles il y avait la députée Marlène Zébango et l’ancienne maire UNDD de Koudougou, Jeannette Yaméogo à la tête d’une délégation de femmes venues de la ville natale du journaliste, se sont retrouvées autour de la tombe du fondateur de "L’Indépendant".

Avant la lecture du message et la prière, Georgette Rouamba née Zongo, soeur de Norbert Zongo, a remercié les femmes qui se sont mobilisées ce premier dimanche sur la tombe de son frère. Elle a appelé à une grande mobilisation les prochaines fois et à la détermination en demandant aux femmes de nouer leur pagne pour ce combat contre l’impunité et l’oubli qui sera de longue haleine.

Au pied de la tombe et au premier jour de leur mobilisation, le groupe de femmes a lu un message dans lequel elles se dévoilent et font également savoir ce qu’elles veulent. Les femmes en noir, apprend-on, ce sont des femmes "victimes ou non de crimes d’Etat qui ont décidé de se donner la main pour lutter en tant que femmes contre l’impunité". Les femmes en noir ne sont pas "le groupe de Paul ou Pierre", et ne travaillent pas non plus "pour telle organisation civile ou politique", font-elles également savoir.

Quant à ce que veut le groupe de femmes, c’est prendre Norbert Zongo comme symbole pour lutter pour "la vérité et la justice dans tous les dossiers de crimes d’Etat, la fin de l’impunité, la défense de la mémoire des martyrs et la compassion pour leurs veuves et orphelins". Comme moyens de lutte, le groupe entend utiliser les armes de la paix et de la résistance citoyenne.

Le non-lieu accordé à l’adjudant-chef Marcel Kafando qui était jusque-là seul inculpé dans l’affaire Norbert Zongo a été évoqué à ce recueillement sur la tombe du journaliste. Le groupe de femmes l’a qualifié d’insultant et a promis d’être au Palais de justice de Ouaga le 16 août 2006, jour où l’appel formé par les avocats de Norbert Zongo contre le non-lieu sera, en principe, examiné. Déjà, ces femmes préviennent que quelle que soit la décision qui sera rendue, elles continueront leur combat.

A l’issue de la lecture du message, une prière en langue nationale mooré a été faite avant que le groupe ne se disperse en se donnant rendez-vous pour le dimanche prochain. Marguerite Rouamba, soeur de Norbert Zongo, répondant à la question de la presse s’est dit choquée, elle et les autres, par le non-lieu dans l’affaire. "C’est la vraie mort de Norbert Zongo, avant (NDLR : le non-lieu) il n’était pas mort" a-t-elle déclaré.

Les femmes en noir n’étaient pas seules au cimetière de Gounghin. Elles avaient à leur côté des hommes. Exception faite des journalistes et des photographes, l’on a notamment vu Christian Koné, président du Parti national républicain / Juste voix (PNR/JV) et coordonnateur du Groupe d’initiative de l’opposition (GIO).

Par Séni DABO

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 14 août 2006 à 12:47 En réponse à : > Lutte contre l’impunité : "Les femmes en noir" sur la tombe de Norbert Zongo

    C’EST PLUS QUE INTERESSANT QUE CE SOIT LES FEMMES QUI SE MOBILISENT CONTRE CETTE IMPUNITE ET CELA A PLUSIEURS TITRES ; CEPENDANT JE SIGNALE UNE CONTREVERITE CULTURELLE : LE NOIR N EST PAS LE SYMBOLE DU DEUIL EN AFRIQUE. CELA CHOQUE BEAUCOUP TOUT DE MEME. A MON AVIS, IL CONVIENDRAIT DONC DE SE REMETTRE DANS UNE PERSPECTIVE QUI CADRE AVEC NOTRE CULTURE : C EST LE TISSU BLANC QUI EST SYMBOLE DE DEUIL. CE N EST PAS UNE SIMPLE QUESTION DE DISCUSSION, MAIS UN DEBAT FONDAMENTAL ; CE N EST UNE HISTOIRE DE RIEN DU TOUT, MAIS UNE QUESTION PROFONDEMENT PHILOSOPHIQUE ET IDEOLOGIQUE SYMBOLIQUE. OR LE SYMBOLE EST PLUS PORTEUR DE SENS QUE TOUS LES DISCOURS QUE L’ON PEUT DIRE. IL EST IMPORTANT DE NE PAS SE MEPRENDRE DONC SUR L’UTILISATION DU SYMBOLE. LES FEMMES LE SAVENT ENCORE MIEUX QUE QUICONQUE. ELLES NE DOIVENT DONC PAS L’OUBLIER, ENCORE MOINS L’OCCULTER MERCI
    SOMé

    • Le 18 août 2006 à 22:06 En réponse à : > Lutte contre l’impunité : "Les femmes en noir" sur la tombe de Norbert Zongo

      Que des femmes se mobilisent pour se recueillir sur la tombe de Norbert ZONGO, quoi de plus normal pour un requiem.
      Cependant, vouloir utiliser cette mort tragique pour continuer à diviser le peuple burkinabè est une gageure. Dans ces conditions, elles feraient mieux de se mobiliser dans le même élan pour les autres luttes des femmes (excision, sida, prostitution, exploitation des femmes par les hommes... etc etc) Là, je comprendrai la pérennité de leurs combats (au pluriel). S’il vous plaît arrêtez d’amuser la galerie et restez mobilisés sur les vrais problèmes de la société burkinabè. Heureusement que les gouvernants du pays ne passent pas leur temps a se recueillir sur les tombes des défunts burkinabè. Avec tout le respect que je m’impose pour la mémoire de Norbert ZONGO et ses compagnons d’infortune, ces paroles sortent de mon coeur et j’ai les trippes de les livrer. Palingba, france

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique