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Chômage des jeunes à Bobo-Dioulasso : Des pistes de solutions existent

Publié le vendredi 11 août 2006 à 07h40min

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Souleymane Ouattara

Après avoir donné la parole aux jeunes, en proie au chômage dans la ville de Sya, « Constat » s’intéresse cette fois-ci à la réaction de structures qui, à travers leurs missions, contribuent à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes « désœuvrés ».

L’Agence nationale pour l’emploi (ANPE), la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX) et la commune de Bobo-Dioulasso donnent des pistes pouvant offrir du travail à qui veut « bosser ».

Le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi, à travers la direction régionale de l’ANPE basée à Bobo-Dioulasso reste toujours une bonne adresse pour les demandeurs d’emploi en dépit de la libéralisation du marché de l’emploi. En effet, dans le cadre de ses missions, l’ANPE intervient essentiellement sur deux grands volets : la promotion de l’emploi et la formation professionnelle. Son directeur régional, Souleymane Ouattara, est d’ailleurs convaincu que ce dernier volet est « un moyen efficace d’accès à l’emploi ». Pour ce qui concerne l’emploi, M. Ouattara assure que le bureau régional de l’Emploi, un des services de la direction régionale de l’Emploi reçoit tous les jours des demandeurs d’emplois.

Pour l’année 2005 par exemple, ce service a enregistré 3829 demandeurs d’emploi. Pour la même année, l’ANPE a reçu et traité 56 offres d’emploi, « mais ce n’est pas l’ensemble de l’offre d’emploi au niveau de la région des Hauts-bassins et de Bobo-Dioulasso puisque l’ANPE n’a plus, depuis les programmes d’ajustement structurels, le monopole en matière de placement des demandeurs.

Le marché a été libéralisé et les entreprises privées ne sont plus tenues de passer par l’ANPE pour recruter du personnel », a expliqué le directeur régional. En 2005, l’ANPE a dénombré 690 embauches régularisées, c’est-à-dire des embauches qui se sont soldées par la signature de contrats. A première vue, cela paraît assez faible, mais dans une ville où le taux de chômage est de 18% selon des chiffres livrés par l’ANPE, on se rend compte que c’est appréciable.

Quand l’ANPE reçoit un demandeur d’emploi, elle l’enregistre et le fait passer à une séance d’entretien pour savoir d’où il vient, ce qu’il veut. Elle lui donne des conseils et les orientations nécessaires pour opérer un choix judicieux. Ainsi, lorsqu’il y a des offres d’emplois, elle appelle par voie de communiqué tous ceux qui sont enregistrés à son niveau en fonction du profil demandé. Parfois, c’est l’ANPE elle-même qui organise les tests de recrutement. Parfois aussi, elle se contente d’enregistrer les candidatures pour les employeurs qui ont recours à ses services. Par ailleurs, ses prestations en faveur des demandeurs d’emploi concernent la formation en technique de recherche d’emploi et en entrepreunariat ainsi que le placement en stage.

Faciliter l’emploi direct et l’employabilité des jeunes

Le constat fait par cette structure spécialisée est que les offres d’emploi pour les personnes ayant fait un cursus scolaire sans formation qualifiante sont très faibles. « Ce genre d’offre d’emploi est extrêmement rare alors que les gens de ce profil sont les plus nombreux chez nous », confirme le directeur régional de l’ANPE, Souleymane Ouattara. C’est pour cela que l’ANPE met l’accent sur la formation professionnelle, a-t-il souligné.

A Bobo-Dioulasso, elle dispose de deux sites pour son Centre régional de formation professionnelle (CRPF) situés respectivement côté Ouest du marché central et au secteur n°5 (Bolomakoté). Le CRPF dispense des formations dans 10 métiers (mécanique auto, construction métallique, mécanique générale, menuiserie bois, plomberie sanitaire, électricité bâtiment, électronique, maçonnerie bâtiment, mécanique d’engins à deux roues, forge). Ces formations ont trois niveaux.

Premièrement, l’apprentissage concerne les jeunes recrutés ayant 14 et 25 ans pour un cycle de formation compris entre 2 et 3 ans. Deuxièmement le perfectionnement s’adresse à ceux qui exercent déjà un métier et qui viennent approfondir leurs connaissances. Troisièmement, enfin, il y a la formation modulaire. L’apprentissage débouche sur la délivrance d’un Certificat de fin d’apprentissage. Le perfectionnement débouche sur la délivrance d’un Certificat de perfectionnement alors que la formation modulaire répond à un besoin spécifique exprimé par une entreprise privée, publique ou une ONG.

Pour l’apprentissage, le niveau requis est le Certificat d’études primaires (CEP), hormis le métier de la mécanique des engins à deux roues. Le perfectionnement n’exige pas, quant à lui, de diplôme. Des formations sont même données en langues nationales (mécanique des engins à deux roues et bientôt menuiserie bois). Le système de formation est de type dual, c’est-à-dire que la formation se déroule simultanément en centre et en entreprise.

Des tests de recrutement sont organisés chaque année académique. En 2005/2006, il y avait 480 apprentis dans les différentes filières si bien qu’il a fallu mettre en place un système de double flux dans les deux sites. Pour 120 places disponibles dans les premières années des différents métiers, l’ANPE a enregistré 600 à 700 candidatures. Les frais de scolarité varient entre 10 000 et 45 000 F CFA par an en fonction des métiers d’apprentissage. Toutes ces opportunités sont là pour les demandeurs d’emplois.

Ce qui fait dire à Souleymane Ouattara « c’est vrai que le marché de l’emploi s’est rétréci, mais si les jeunes restent dans les grins de thé et ne sont pas enregistrés à l’ANPE, ils n’auront rien ». Il reconnaît que les relations puissent être une voie d’accès à l’emploi au regard de la libéralisation de ce marché, mais « quand on nous confie des recrutements, nous choisissons les meilleurs », martèle-t-il. M. Ouattara constate par ailleurs qu’avec la crise ivoirienne, beaucoup d’entreprises ont dû se débarrasser d’une partie de leurs employés.

A la SOFITEX, la plus grande entreprise de la place, le recrutement d’occasionnels est fréquent dans ses trois usines de Bobo-Dioulasso. « Aucune qualification n’est requise. C’est la force physique qui compte », affirme Bruno Traoré de la direction des Ressources humaines. Ces occasionnels sont recrutés et payés à la tâche. « Chaque fois qu’il s’agit de recruter des occasionnels, nous avons eu les effectifs voulus », précise-t-il.

Avec la fin de la campagne cotonnière, le recrutement de ce type de travailleurs a beaucoup baissé et cela peut expliquer que les demandeurs de ces « boulots ponctuels », n’aient plus toujours gain de cause. En dehors de ceux-ci, le personnel de la SOFITEX était évalué à la date du 1er janvier 2006 à 3 706 travailleurs dont 1 184 permanents et 2 522 saisonniers. Ceux-ci sont régis par une convention collective adoptée et mise en application depuis le 1er juillet 2004.

Cette convention collective définit le mode de recrutement et la gestion de ces travailleurs. Une seule grille des emplois leur est appliquée. A ceux-là qui soutiennent qu’il faut des « bras longs », pour être recruté à la SOFITEX, Bruno Traoré, sans verser dans la polémique rétorque que : « Partout où la SOFITEX s’implante, le personnel d’accompagnement est prioritairement composé des ressortissants de la localité concernée ». Ce qui veut dire que pour Bobo-Dioulasso, les Bobolais sont prioritaires.

Cette affirmation bat en brèches l’argument des gens privilégiés dans les recrutements dans cette société, selon lui. L’autre réalité de la SOFITEX, c’est qu’en dépit de l’accroissement de la production cotonnière (plus de 600 000 tonnes de coton graines en 2006 contre moins de 150 000 tonnes de coton graine dans les années 90), les machines sont de plus en plus performantes, ce qui fait « qu’on a beaucoup moins besoin de personnel que par le passé », précise M. Traoré.

Qu’en dit la commune ?

La commune de Bobo-Dioulasso dit être consciente de l’ampleur du problème du chômage des jeunes. Le maire, Salia Sanou, en attendant l’adoption d’un plan quinquennal de développement de la ville qui cernera mieux le phénomène, soutient que c’est à leur corps défendant que les jeunes de Bobo-Dioulasso sont obligés d’être des « preneurs de thé », et des joueurs de « maracana ».

Le chômage de cette frange de la jeunesse est imputable, selon lui, « à l’inadéquation entre la formation et l’emploi, à la délocalisation de plusieurs unités industrielles suite à la crise économique ressentie de plein fouet depuis quelques années à Bobo-Dioulasso ». Il a également expliqué le chômage par les effets de la concurrence des entreprises des autres pays de l’UEMOA et par la modernisation de l’outil de production des entreprises qui recrutent de moins en moins.

Aussi, propose-t-il la revalorisation du tissu industriel, la promotion des activités du secteur informel et l’accompagnement des pouvoirs publics pour juguler ce « chômage endémique ». Pour Salia Sanou, « La municipalité, avec ses partenaires mettra un accent particulier sur la création de formation à travers des structures telles que le PAMER (NDLR : Projet d’appui aux micro-entreprises rurales (PAMER) ».

Le maire de Bobo-Dioulasso propose enfin une « réorganisation du fonds communal à la jeunesse pour prendre en compte leurs aspirations ». Toutes ces initiatives devraient contribuer à limiter les conséquences du chômage des jeunes en l’occurrence la délinquance juvénile, le grand banditisme, la prostitution...

Urbain KABORE

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Vos commentaires

  • Le 12 août 2006 à 16:23 En réponse à : > Chômage des jeunes à Bobo-Dioulasso : Des pistes de solutions existent

    Execllent article de même que le précédent qui faisait le constat du chomage des jeunes a Bobo .
    Etant bobolais moi même (mais n’y residant plus ) je connais la réalité de ces grins de thé et je sais que c’est pas par plaisir que les jeunes y sont.Pour eux c’est juste une façon conviviale de tuer le temps. Car quand tu n’as pas d’emploi et pas non plus les moyens financier d’en chercher que peux tu faire ? Et c’est pas faute de ne pas tenter car il y’a très peu d’offres.
    Et quant le directeur de l’ANPE Bobo évoque le chiffre de 690 emplois mais c’est une misère.Et tout le monde sait que le taux de chomage dans la ville de Sya est de loin supérieure à ces 18 %.
    En somme la solution devrait venir d’une plus grande implication des autorités nationales dans une politique globale de développement économique de la ville.
    Sinon ce problème va perdurer et aveclui la réputation des jeunes Bobolais salie.

  • Le 13 novembre 2012 à 13:15, par SANOGOMAHAMA En réponse à : Chômage des jeunes à Bobo-Dioulasso : Des pistes de solutions existent

    JE M APPELLE SANOGO MAHAMA JE SUS A DARSALAMY JE SUR UNE CHAUFFEUX JE VAIS PASSE VOUS VOIR AU SERVICE POURQUE ME AIDE A TROUVE DU TRAVAIL

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