LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

SNC’ 2004 : 72 troupes attendues à Bobo

Publié le jeudi 18 mars 2004 à 11h25min

PARTAGER :                          

La 12e édition de la Semaine nationale de la culture (SNC Bobo
2004) se tiendra du 27 mars au 3 avril 2004 sur le thème :
"Terroir, patrimoine et marché des arts", sous le parrainage du
Sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow, directeur général de
l’UNESCO de 1974 à 1987. Pour parler du menu de cette édition
et des orientations actuelles de la SNC, nous avons rencontré le
secrétaire permanent de la SNC, Bitibali Dansa, qui promet aux
festivaliers une bonne fête.

la SNC ?

Bitibali Dansa : J’avoue très sincèrement que le menu de cette
édition de la SNC est des plus excellents. En témoigne la
qualité des spectacles qui ont été retenus d’octobre à décembre
dans le cadre des semaines régionales de la culture. Ce sont
près de 72 troupes de 36 provinces du Burkina qui convergeront
sur Bobo Dioulasso pour présenter au public le niveau de la
création artistique au plan national. A

ceux-là, nous allons
associer les vedettes de la chanson moderne burkinabè qui ont
une notoriété nationale et internationale. Nous allons associer à
ces plateaux la crème de la création en art plastique. En outre,
nous offrons le village SNC qui donne la possibilité de présenter
les spécificités culturelles et artistiques des communautés
nationales ou étrangères qui habitent à Bobo.

En dehors de cet aspect des choses, il faut retenir que Bobo
2004 va offrir à la jeunesse scolaire, qui a particulièrement la
chance d’être en congés pendant la SNC, deux grands plateaux.
Le premier sera installé à la place Tiéfo Amoro et le second au
rond- point de Dafra. En marge de tout cela, il y a beaucoup
d’autres manifestations qui sont prévues à l’intérieur de la ville.

Il
s’agit notamment des animations populaires, des animations
des jeunes, de la mini-foire qui est l’un des plus grands pôles
d’attraction de la SNC. Il y aura également la participation
d’artistes étrangers.

On vous reproche de toujours faire appel aux mêmes troupes et
d’oeuvrer à la folklorisation de la culture plutôt qu’à sa
valorisation véritable...

C’est un point de vue que je me dois de combattre très
rapidement. Il me faut élucider rapidement les choses. La
compétition au niveau de la SNC n’a jamais eu pour objectif de
comparer des expressions culturelles. Elle vise à apprécier le
travail technique de valorisation d’une expression culturelle.

L’histoire de la création artistique de ce pays est assez
évocatrice de l’évolution de nos créations. Notre objectif c’est
d’amener nos expressions et nos spectacles à se faire partager
par d’autres publics que leurs publics. C’est une démarche de
pérennisation de nos créations.

Au plan international, le Burkina
en impose aujourd’hui à beaucoup par cette démarche qui
consiste à amener la jeunesse à aimer, à épouser, à en être le
principal vecteur par le créneau d’instruments techniques
nouveaux. A chacune des éditions, il y a de nouvelles créations
et de nouveaux artistes. Les premières éditions de la SNC ont
permis de découvrir le célèbre "Coulé Dafourou" de Bobo, la
Maison des jeunes de Ouagadougou et "l’Ensemble artistique
de Koko" ( Bobo Dioulasso). Plus tard, on a découvert le
"Zemstaaba de Nioniogo" dans le Passoré, le "Liwaga Yatenga"
de Koumassi (Abidjan), etc.

Nous sommes engagés sur une
lancée qui nous permet à chacune des éditions de faire
émerger de nouvelles créations. Nous avons ainsi découvert
des groupes artistiques qui aujourd’hui constituent une superbe
relève pour la création artistique burkinabè. D’édition en édition,
il y a un plus qui vient en terme de qualité et en terme de
performance. Si nous voulons mesurer nos créations à ce que
nous voyons ailleurs, nous pouvons relever le défi sur tous les
plateaux internationaux et nous en avons la preuve. Nous
sommes revenus avec plein de trophées chaque fois que nous
sommes sortis.

Existe-t-il des études sur l’impact de la SNC ?

Le parcours de la SNC est jalonné d’études et de moments de
rencontres pour nous permettre de mieux cerner l’organisation,
les différents contours afin de perfectionner au mieux les
différents aspects de l’organisation de la manifestation. Après
les deux premières éditions, on a tenu le séminaire de
Matroukou en avril 1985. Après l’édition de 1992, nous avons
tenu le séminaire de Ouagadougou en avril 1993. Après cela,
nous avons tenu une série de rencontres dont le forum sur la
SNC qui a permis de dégager de nouvelles pistes. Mais ça ne
suffit évidemment pas.

La culture est un domaine de partage. Il
est normal que d’autres compétences, d’autres regards, soient
jetés sur notre expérience afin de nous permettre de parfaire
notre parcours et de parfaire notre organisation. Si les étudiants
souhaitent travailler sur la Semaine nationale de la culture
(SNC), tout est une question de délai.

Si on s’y prend assez tôt,
on peut trouver des créneaux qui puissent permettre aux
étudiants de nous accompagner et de jeter leur regard sur notre
organisation, étant entendu que nous pouvons bénéficier des
fruits de leurs travaux en terme d’informations et de données
techniques exploitables. A ce jour, des études sont faites sur la
SNC. Il y a par exemple une étude qui a été faite par des
étudiants en gestion sur l’impact économique de la SNC sur
l’économie à Bobo et sur l’économie du Burkina.

Sur ce plan, je
trouve cela très intéressant. Les gens perçoivent notre apport en
terme d’apport superficiel alors qu’en réalité, l’impact est
incroyable. Aujourd’hui, l’essor que connaît l’art culinaire au plan
national est l’émanation de la SNC. C’est elle qui a engagé des
compétitions dès l’édition de 1988 en art culinaire et qui a
permis alors à notre patrimoine gastronomique de se faire
connaître et de connaître une amélioration.

Il en est de même
pour la lutte traditionnelle et l’artisanat. C’est pour vous dire que
l’impact de la SNC n’est pas direct mais est à envisager à long
terme. Mais il s’agit pour les partenaires de comprendre que
nous sommes engagés dans un processus et il y a lieu de s’y
associer pour nous permettre d’avoir une pluralité de regards.

Ainsi, cela peut nous permettre de mieux orienter certaines de
nos actions à court, moyen et long terme.

Qu’avez-vous fait pour intéresser les scolaires aux activités de
formation comme les activités littéraires ?

Pour cette édition, nous avons été particulièrement suivi par
l’autorité qui a accédé à nos préoccupations en acceptant de
consacrer la période de la SNC comme période de congés de
fin du deuxième trimestre. Cela permettra aux scolaires d’être
disponibles et de suivre les activités de la SNC.

Pour ce qui est
du volet littéraire, nous avons entrepris des démarches auprès
des autorités des enseignements primaire, secondaire et
supérieur à Bobo pour d’abord les informer de la somme
d’activités que nous entrevoyons et en priorité les activités
prévues pour le monde scolaire notamment les activités
littéraires en terme de conférences, en terme d’exposition
livresque, en terme d’activités d’éveil. Ces partenaires se sont
associés pour cette édition à notre démarche.

Ils ont pour
mission de mobiliser les scolaires à travers les créneaux bien
précis dont ils disposent dans les différentes structures
d’enseignement. Je pense qu’avec l’information, les élèves et
étudiants participeront suffisamment à ces activités.

Quel commentaire faites-vous sur le thème de cette édition ?

Le thème d’une édition est forcément un appel à la réflexion. Le
thème de cette édition est : "Terroir, patrimoine et marché des
arts.". Nous entrevoyons un rapport très subtil entre les trois
composantes du thème.

Le terroir est une espèce de réceptacle
d’une somme de valeurs, de savoir et savoir-faire propres à une
communauté qui se reconnaît à travers le partage d’une somme
de comportements de visions, de façons de penser et de
percevoir du monde mythique, mystique, métaphysique ou
culturel. La démarche consiste à susciter la réflexion sur ce que
notre terroir constitue pour nous comme richesse. C’est la
première des richesses, le fondement de nos valeurs.
Le comprendre, c’est justement se positionner comme un des
agents de préservation et de valorisation de ces composantes
que constituent les éléments du patrimoine.

Aujourd’hui, ce
patrimoine n’est pas figé. Il faut le percevoir dans une
dynamique de diachronie, c’est-à-dire dans une dynamique très
évolutive. Il s’agit pour nous d’amener les acteurs du secteur de
la culture, les dépositaires de notre patrimoine à comprendre
leur responsabilité vis-à-vis de nos espaces culturelles, des
éléments de notre patrimoine, la possibilité d’en faire des
ressources qui peuvent en même temps être reinjectées dans
la valorisation et la préservation du patrimoine. C’est à la
perception de cette démarche que nous appelons les différents
acteurs du secteur de la culture.

C’est une démarche de
valorisation, d’enracinement dans nos valeurs et d’ouverture sur
le monde afin de permettre à nos propres valeurs d’entretenir
une démarche de pérennité et de survie.

Propos recueillis par Mamadou OUATTARA

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique