LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Luc Adolphe Tiao, président du CSC : "Tant que les journalistes n’auront pas le minimum vital..."

Publié le lundi 7 août 2006 à 07h45min

PARTAGER :                          

Luc Adolphe Tiao

Les conditions de délivrance des autorisations d’exploitation des fréquences (Télé et radio), les moyens de pression du CSC, la carte de presse, la Convention collective, la dépénalisation du délit de presse... ont été, entre autres, les sujets abordés par Luc Adolphe Tiao lors de la 2e émission Tapis d’honneur de la Radio nationale.

Deux heures 15 minutes (au lieu de 2 heures), ont permis à Boureima Djiga et à Zango Issoufou Ouattara, les deux animateurs de l’émission de faire un tour d’horizon de certaines questions avec le président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Luc Adolphe Tiao (LAT).

Ainsi en ce qui concerne les conditions de délivrance des autorisations pour émettre, LAT dira que "la gestion des ondes doit être rigoureuse, car les ondes sont codifiées au plan international... C’est une denrée rare qu’on ne peut pas distribuer comme cela". Pour l’invité du Tapis d’honneur, il y a toujours en l’espèce un appel à candidatures et ceux qui remplissent les conditions sont sélectionnés de façon transparente et impartiale par une commission. Par exemple pour la télé, il devait avoir six chaînes au Burkina, au lieu de quatre, mais certains postulants ne remplissent pas les conditions.

Il n’est pas question de délivrer une fréquence FM à quelqu’un qui la retrocède plus ou moins à une radio étrangère pour passer à longueur de journée des émissions. Concernant le cas TVZ de Moustapha Thiombiano, il a affirmé que de nos jours, les bandes UHF sont prisées par rapport à celles VFH. Il a par ailleurs invité ce dernier à postuler encore pour l’obtention de la fréquence. Il en est de même pour la chaîne Africable, qui souhaiterait émettre à partir de Ouaga. De même, ceux à qui on a attribué une fréquence télé, notamment Global communication, doivent œuvrer pour être à jour, selon le calendrier figurant dans le cahier des charges lors de l’octroi de la fréquence.

Du reste, le CSC dispose de moyens de pression qui vont de la mise en demeure, au retrait de l’autorisation en passant par l’avertissement et la suspension. Car pour lui, la régulation consiste à agir après diffusion d’un élément, pas avant. Les exemples des scrutins passés (présidentielle, municipales) ont été l’occasion pour le CSC d’appliquer la loi relative à cette régulation. De même, il y a eu des mises en demeure à Sidwaya concernant des images choquantes.

Que pense LAT de la carte de presse ? "Elle est essentielle... elle permet certes par exemple de bénéficier de certains avantages (entrée au stade réduction de tarif de transports,...), mais surtout elle permet de mettre de l’ordre dans une profession où des prédateurs s’y amènent", a affirmé en substance le président de l’instance de régulation de la communication.

Et la Convention collective dans tout cela ? Pour LAT les conditions de vie du journaliste sont déterminantes dans la qualité de son travail. "Si le matin un journaliste n’a pas de carburant pour aller au boulot, s’il a des problèmes pour payer son loyer... il est clair qu’il ne peut pas bien travailler... C’est souvent observable lorsqu’on regarde la présentation des journaux parlés... Vous donnez 10 000 Fcfa à un journaliste, vous avez un article... la corruption est une réalité dans la presse, le RENLAC l’a affirmé dans un de ses rapports", a-t-il martelé en guise de réponse sur ce sujet.

Bref, pour LAT, tant que des journalistes auront la misère pour viatique, tant qu’ils n’auront pas le minimum vital, la médiocrité dans la profession aura encore de beaux jours devant elle, de même que la corruption. En ce qui concerne la dépénalisation du délit de presse, sujet évoqué (lors du micro-trottoir des patrons de presse) par Edouard Ouédraogo, LAT dit qu’elle est un "indice de bonne gouvernance", mais "n’est pas une prime à l’impunité, car un journaliste pyromane n’a pas sa place dans la société, il doit être mis en lieu sûr".

D’autres sujets tels l’indépendance du CSC, la récente suppression de la pub sur les produits dépigmentants, sans oublier le non-lieu pour Marcel Kafando dans l’affaire Norbert Zongo ont été aussi évoqués. Sur ce dernier sujet, LAT dira : "C’est une décision de justice et nous n’avons pas à la commenter... il y a ce qu’on peut penser, mais la loi est là... Je souhaite que tôt ou tard, cette histoire sur l’assassinat de Norbert Zongo soit élucidée, que la vérité éclate au grand jour...". Ce fut un grand oral où le président du CSC a maîtrisé son sujet, et a surtout apporté des infos sur ce qu’est le CSC, et ce qu’elle n’est pas.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique