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Corruption électorale au Burkina : Le CDP et l’ADF/RDA en tête

Publié le mercredi 2 août 2006 à 07h44min

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La corruption électorale se porte bien au « pays des hommes intègres ». Certains partis politiques s’en donnent même à cœur joie. Mais le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) vient de débusquer de « gros pratiquants ».

Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et l’Alliance pour la démocratie et la fédération / Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) sont en pôle position. C’est le résultat d’une enquête menée dans les 13 régions du Burkina.

Le dernier rapport du REN-LAC met sur le tapis une triste réalité. 86% des 1700 personnes sondées sont formelles : la corruption électorale existe bel et bien au Burkina Faso. Le CDP, parti au pouvoir, est le plus épinglé dans les treize régions du Burkina. Il est classé premier, suivi de l’ADF/RDA.

Le PAI de Soumane Touré porte la tunique de la corruption dans la Boucle du Mouhoun, les Cascades, le Centre-Est, le Centre-Nord, le Nord, le Sahel, le Sud-Ouest. Il occupe ainsi le 3e rang du classement national. Le PAREN, lui, s’est le plus fait remarquer dans les régions du Centre, des Hauts-Bassins et du Plateau central. Les sondés du Centre-Ouest et du Centre-Sud classent l’UNDD en troisième position.

Le PDP/PS est dans le collimateur des personnes interrogées dans l’Est. L’UNIR/MS est en 4e position dans les Cascades, 5e dans la Boucle du Mouhoun et dans la région de l’Est. En clair, selon le sondage du REN-LAC, les partis les plus en vue dans la corruption électorale sont le CDP, l’ADF/RDA, le PAI, le PDP/PS et le PAREN. Cette enquête, réalisée en septembre 2005, concerne les législatives de 2002. N’empêche, selon de nombreux observateurs, la corruption a pris des galons lors des dernières élections présidentielle et municipales.

Le problème est grave, et même très grave : 80% des personnes sondées estiment que les partis politiques utilisent mal les fonds alloués par l’Etat. 7% soutiennent le contraire. Et ce n’est pas tout : 71% dénoncent l’opacité qui règne autour des financements privés des partis. Là aussi, seulement 7% affirment que ça se passe de façon transparente.

Les partis politiques utilisent-ils les biens de l’Etat à des fins électorales ? 75% des personnes interrogées répondent par l’affirmative. Selon l’enquête du REN-LAC, « les régions du Centre et du Nord viennent en tête dans la fréquence d’utilisation abusive des biens de l’Etat par les partis politiques à des fins électorales ».

Les opérateurs économiques sont également épinglés. « Leur implication dans la politique est très forte dans les régions du Centre, du Nord, du Centre-Est, des Hauts-Bassins et de l’Est. Le Centre-Sud est la région où l’implication est moins élevée », révèle le REN-LAC. Le rapport précise que la corruption électorale prend des galons à cause principalement de la pauvreté et de la misère.

Mais il y a aussi l’ignorance et l’analphabétisme, le chômage, le désir de vaincre, le népotisme et le favoritisme, le manque de civisme, le manque de culture démocratique, la malhonnêteté et bien d’autres maux. Cela entraîne évidemment un lot de conséquences néfastes : inégalités sociales, injustice et impunité, dysfonctionnement des services de l’Etat, chômage, haine et conflit.

Coups de marteau sur les députés

Les pratiques qui favorisent la corruption électorale ? L’absence de certains délégués de partis dans les bureaux de vote est classée en première position. Suivent, par ordre d’importance, « l’intimidation de certains électeurs le jour même du vote, le transfert de populations d’un bureau de vote à un autre, l’absence de surveillants électoraux dans certains bureaux de vote, les inscriptions multiples sur les listes, etc ».

La lutte contre la corruption a du plomb dans l’aile. 57% des enquêtés ne sont pas satisfaits de l’action des services étatiques. 24% se disent partiellement satisfaits, 11% satisfaits et 7% sans avis. « Les proportions les plus importantes d’enquêtés satisfaits de l’action des services étatiques de lutte contre la corruption sont observées dans les régions de l’Est, de la Boucle du Mouhoun, du Centre et du Sahel. »

Les députés s’intéressent-ils à la lutte contre la corruption ? Non, répondent sans ambages 72% des personnes interrogées. Seulement 12% apprécient leur travail en la matière. Trois régions, celles du Nord, de la Boucle du Mouhoun et de l’Est, ont franchi, selon le rapport du REN-LAC, la barre de 80% d’insatisfaits. Plus de la moitié des personnes sondées, 60%, sont formelles : « Le gouvernement ne lutte pas contre la corruption. » 25% affirment le contraire.

Les partis politiques ? Ils s’investissent rarement dans la lutte contre la corruption, selon 80% des sondés. L’action des organisations de la société civile est tout aussi rare.

Comment faut-il alors œuvrer pour réduire la corruption ? Acte 1 : répression, dénonciation. Acte 2 : sensibilisation, éducation. Acte 3 : augmentation des salaires. Acte 4 : intensification des contrôles. Acte 5 : réforme de la Justice. 78% des sondés déclarent être prêts à s’engager dans la lutte contre la corruption, 5% déclarent ne pas être engagés, 13% sont hésitants, 2% sans avis...

Par Hervé D’AFRICK

Le Pays

P.-S.

Lire aussi :
Municipales 2006

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