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Dossier Norbert Zongo : le non-lieu du juge Wenceslas IIboudo est nul et non avenu pour le Collectif

Publié le mercredi 2 août 2006 à 07h41min

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Le non-lieu prononcé dans le cadre de l’instruction du dossier Norbert Zongo, a donné lieu à un florilège de déclarations. Nous vous donnons à lire celle du Cercle d’Eveil et du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis polititques.

Déclaration du Collectif des Organisations démocratiques de masse et de partis politiques

Le mercredi 19 juillet 2006, les militants du Collectif contre l’impunité, les démocrates de notre pays, l’opinion publique tant nationale qu’internationale, ont suivi, médusés, la farce juridique orchestrée par la justice burkinabè. En effet ce jour là, les sieurs Abdoulaye Barry et Adama Sagnon respectivement Procureur général et Procureur du Faso, annonçaient au cours d’une conférence de presse que le juge Wenceslas Ilboudo venait de prononcer un non-lieu pour Marcel Kafando, unique inculpé dans l’assassinat du journaliste émérite Norbert Zongo. En clair, le dossier Norbert Zongo retourne au point zéro.

Rappelons les faits : Norbert Zongo, directeur de publication de L’lndépendant, a été assassiné le 13 décembre alors qu’il enquêtait sur la mort, par suite de tortures de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, le petit frère du Président Blaise Compaoré.

Au lendemain de l’assassinat de Norbert Zongo, la mobilisation sans précédent des masses dans la rue sous la conduite du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP), l’indignation généralisée et la désapprobation active de l’opinion publique internationale avaient d’abord contraint le pouvoir de la lVe République à abandonner sa commission de service pour installer une Commission d’enquête indépendante (CEI) puis obligé BIaise Compaoré lui-même, à prendre des mesures spéciales pour l’aboutissement du dossier Norbert Zongo. Ainsi, il annonçait publiquement le 21 mai 1999 qu’il avait commis le juge Wenceslas Ilboudo pour instruire le dossier. Afin de lui faciliter la tâche, il avait été dessaisi de tout autre dossier, doté d’importants moyens dont un ordinateur et une somme de 26 millions de francs CFA.

Ainsi donc après sept(7) années d’instruction, le juge Wenceslas a rendu sa décision le l8 juillet 2006. Pour le juge, Yaméogo Jean Racine, principal témoin à charge dans l’affaire ayant déclaré le 3l mai 2006 « qu’il préférait ne pas persister dans ses déclarations antérieures et accuser à tort un compagnon d’armes” et “le doute bénéficiant à l’accusé”, l’adjudant-chef Marcel Kafando, unique inculpé dans le dossier, bénéficie d’une ordonnance de non-lieu. Voilà le fallacieux prétexte trouvé par Monsieur Wenceslas Ilboudo.

Que peut-on retenir de tout cela :

1- après 7 années d’enquête et malgré l’important travail préalablement abattu par la CEI, le juge Wenceslas Ilboudo n’a trouvé en tout et pour tout qu’un seul inculpé, l’adjudant-chef Marcel Kafando et un seul témoin à charge, le sergent-chef Jean Racine Yaméogo ;

2- bien que Marcel Kafando ait été inculpé depuis le 2 février 2001, le juge Wenceslas a attendu pendant cinq (5) longues années, guettant la moindre occasion, et a saisi comme une bouée de sauvetage la déclaration (enfin !) de Racine Yaméogo suivant laquelle il préférait ne pas “accuser à tort” un compagnon d’arme.

Après cinq. (5) ans, un doute serait subitement apparu dans son esprit.

3 - contrairement aux propos des procureurs, le sieur Yaméogo Jean Racine n’est aucunement revenu sur ses propos. Il a simplement déclaré ne pas vouloir nuire à son frère d’arme. Et à considérer même qu’il ait contredit ses premiers propos, laquelle des deux dépositions méritent plus de considération ?

4- le fameux argument de droit ici invoqué comme argument massue, à savoir “le doute profite à I’accusé” ne tient pas. En effet, aucun doute ne saurait profiter à un inculpé en phase d’instruction, quand un faisceau d’indices concordants et graves relevés, établis par le rapport de la CEI, l’accable.

Comme on peut le constater, aucune volonté de faire la justice n’a jamais transparu dans les actes de notre justice dans l’affaire Norbert Zongo. Le jugement ainsi rendu est un vrai déni de justice.

Il traduit la volonté du pouvoir de la IVe République de se débarrasser, à moindre frais, d’un dossier fort encombrant. Dans un contexte de processus démocratique vicié, le pouvoir croit enfin venu le moment d’enterrer le dossier Norbert Zongo.

Le pouvoir se berce d’illusions ! En effet :

- la sortie ainsi opérée par notre justice traduit ce fait précis que le pouvoir, notamment le capitaine Blaise Compaoré qui veut absolument s’aménager un règne à vie, est conscient que le dossier Norbert Zongo est un véritable brûlot pour lui, même huit (8) années après l’assassinat du journaliste. Cela est avant tout un acquis de la lutte du Collectif et de notre peuple contre l’impunité.

- La maladresse avec laquelle la justice effectue ses sorties, son entêtement à fermer les yeux même sur l’évidence, sa volonté d’enterrer le dossier coûte que coûte, montrent bien que ce dossier est très gênant pour le pouvoir de Blaise Compaoré. En effet, le dossier sera déposé au greffe du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou pour être repris en cas de faits nouveaux. Comment un dossier déposé sans aucune enquête, sans aucune instruction, peut-il révéler des faits lorsqu’un juge doté de tous les moyens financiers, matériels et humains, pendant sept ans d’instruction n’ a pu rien faire ?

- Le vœu secret du pouvoir est de classer le dossier Norbert Zongo sans suite, en témoignent les propos du Premier ministre, Ernest Paramanga Yonli et du ministre de la justice Boureima Badini selon lesquels le dossier n’a que trop duré. Mais cela est d’office un échec.

Le mouvement du Collectif contre l’impunité depuis fort longtemps est devenu un mouvement conscient du peuple burkinabé, établi dans la durée pour éradiquer un problème de fond : l’impunité.

En effet. la justice burkinabè est bien une justice aux ordres, pourrie et Blaise Compaoré, lui-même ne peut dire le contraire,. lui qui n’en finit pas d’installer des commissions parallèlement aux institutions républicaines : Commission nationale d’éthique, Haute autorité de la lutte contre la corruption, etc. Ces structures n’ont de raison d’être que par la faillite de notre justice, incapable de moraliser l’administration publique et de lutter contre la corruption. Notre justice a vraiment mal et notre peuple saura lui trouver un remède.

C’est pourquoi sans fébrilité mais avec constance, lucidité et détermination, avec le peuple burkinabè, le collectif travaillera à relever le défi que notre justice vient de lui lancer ; le dossier Norbert Zongo ne sera pas classé sans suite.

Dans les jours à venir donc, des directives précises parviendront aux structures du Collectif à travers l’ensemble du territoire national et à l’étranger en vue de la poursuite de la lutte pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune et pour toutes les autres victimes de crimes impunis.

Le non-lieu du juge Wenceslas Ilboudo est bel et bien nul et non avenu !

Honte à la justice burkinabè, une justice aux ordres !

Vive le peuple burkinabè !

Vive le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques !

Vive la lutte contre l’impunité

N’an laara an saara !

Pour la Coordination nationale, le bureau

Sidwaya

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