LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo : "Le juge d’instruction n’avait pas d’autre choix"

Publié le vendredi 28 juillet 2006 à 08h03min

PARTAGER :                          

La décision du juge d’instruction de prononcer un non-lieu au profit de l’adjudant Marcel Kafando ne finit pas d’alimenter le débat. Dans les écrits suivants, le Cercle d’éveil et le député Mahama Sawadogo y vont chacun de son commentaire.

La première conséquence du non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo, c’est de montrer l’inutilité de la Commission d’Enquête Indépendante (C.E.I.), qui a plus servi à jeter de la poudre aux yeux qu’à faire avancer la manifestation judiciaire de la vérité. En effet, la C.E.I., parce qu’elle ne disposait pas de moyens d’investigation à l’instar d’un juge d’instruction, s’est contentée de définir des suspects, qualifiés de « sérieux », sans jamais mettre en évidence des charges, qui sont au fond le seul langage valable pour l’institution judiciaire.

Ce qui est d’une naïveté confondante. Et ce n’est pas un hasard si le pouvoir s’est accroché à cette entité sans justification constitutionnelle puisqu’elle lui donnait le temps de préparer l’enterrement judiciaire de ce dossier, c’est-à-dire avec les moyens propres au parquet et à l’instruction, qui sont les seuls compétents pour rendre la justice. C’est donc une leçon à retenir pour tous les démocrates : aucun forum de discussion ou de bavardage, fût-il institué par décret présidentiel, ne vaut les moyens que donne la Constitution à chacun de nos concitoyens pour faire triompher la vérité ou le droit.

Ce non-lieu est aussi l’occasion d’une sorte de lynchage, si ce n’est le lâchage du juge chargé du dossier depuis cinq (5) ans. Il est vrai qu’au regard des moyens financiers et logistiques dont il disposait, les résultats de son travail paraissent bien maigres. Pour faire vite, la seule chose qui reste, du moins du point de vue judiciaire, c’est l’existence d’un crime crapuleux et impuni.

Il faut toutefois savoir mesure garder et ne pas jeter le discrédit sur une fonction et une personne qui avait en face d’elle un appareil d’Etat d’autant plus pernicieux qu’agissant dans l’ombre, en dehors de toute procédure légale. La traduction visible de cet appareil d’Etat, c’est évidemment le parquet, dont on oublie trop vite que c’est lui qui a adressé une réquisition de non-lieu au juge d’instruction, qui n’avait d’autre moyen, eu égard à la rétractation du principal témoin à charge, que de rendre une ordonnance de non-lieu.

Qu’on le veuille ou non, le juge d’instruction ne peut réaliser son travail qu’avec les voies et moyens de la procédure, et en tout cas instruire à charge ou à décharge pour autant qu’on lui laisse des éléments assez tangibles pour qu’il le fasse. En l’occurrence, on avait un juge, une procédure, un crime avéré, des suspects sérieux même, mais plus de charge. Elémentaire, cynique, mais hélas sans appel.

Toute cette affaire montre donc à quel point notre démocratie, et avec elle notre justice, reste purement formelle. Pour lui donner un contenu effectif, il faut que le peuple, qui en est le dépositaire et au nom duquel la justice est toujours rendue en dernier ressort, se mobilise et reprenne à zéro le dossier Norbert Zongo en se battant là où les véritables décisions se prennent.

Dans ce combat, toutes les forces vives de la nation doivent contribuer à éclairer le peuple en l’aidant à donner un contenu quotidien à ce qui est aujourd’hui la référence suprême, notre Constitution, et nos institutions républicaines. Qu’il s’agisse du dossier Norbert Zongo ou de tout autre, le pire ennemi de la démocratie, c’est le découragement.

Certes c’est un soulagement que de crier au scandale ou de s’indigner à tout-va, mais, à nos yeux, la véritable attitude consiste à se remettre au travail pour contraindre, avec ses voies et ses moyens, l’institution judiciaire à faire son travail ; ce qui est possible, étant entendu que le dossier d’assassinat reste ouvert.

Le Président Evariste Faustin Konsimbo

Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique