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Banque de l’habitat : Une épine de moins pour les sans-logis ?

Publié le jeudi 27 juillet 2006 à 08h52min

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Après l’amère expérience de la Banque nationale de développement (BND), le pays des hommes intègres se dote d’une nouvelle institution bancaire dans le domaine de l’habitat : la Banque de l’habitat du Burkina Faso (BHBF). Son ouverture officielle a eu lieu le 28 juillet dernier à Ouagadougou.

La BHBF offre , entre autres, à ses clients, des prêts immobiliers ordinaires (acquisition, auto construction, aménagement, extension...), des prêts immobiliers logement social (acquisition directe de terrain viabilisé ou de logement neuf), des comptes d’épargne logement, et des crédits aux promoteurs immobiliers.

La création de cette structure, d’un capital de deux milliards de francs CFA, est une bonne initiative d’autant qu’elle touche à un secteur hautement social, le logement, dont les conditions d’accès ont jusque - là été difficiles. En effet, disposer d’une habitation décente constitue un véritable casse-tête, voire un rêve quasi irréalisable pour la majorité des salariés aux faibles revenus.

Comment en est-on arrivé-là ? C’est parti de l’abandon par l’Etat, de ce secteur entre les mains d’opérateurs privés qui se sont comportés en véritables spéculateurs et marchands de sommeil, et ont plutôt privilégié la défense de leurs intérêts égoïstes. Si bien qu’avoir aujourd’hui un chez-soi digne de ce nom au Burkina est un véritable parcours du combattant. Seuls les riches peuvent se le permettre aujourd’hui. Confrontés aux difficiles problèmes d’accès aux parcelles, aux coûts élevés des matériaux de construction ou des loyers, de nombreux citadins ont été obligés de se construire des maisons qui n’étaient pas toujours à leur goût ou des habitations de fortune dans des espaces non aménagés communément appelés "zones non loties".

En fait, de véritables ghettos et bantoustans où règnent l’insécurité et les pires conditions d’hygiène. Cette situation laisse évidemment songeurs tous ceux qui ont connu l’époque où il était aisé de s’offrir une habitation "respectable" dans nos centres urbains. L’on pense notamment à la période révolutionnaire pendant laquelle des cités, sous la houlette de l’Etat, ont poussé comme des champignons, permettant ainsi à de milliers de citadins, de devenir, en quelques années, des propriétaires de logement.

La mise en place de la BHBF vient bien à propos, à un moment où le logement est devenu une question cruciale dans notre pays, et mérite d’être saluée. Certes, elle ne vient pas occuper un terrain totalement vierge, en ce sens que des banques commerciales accordent déjà des prêts immobiliers à leurs clients. Mais n’ayant pas pour principale vocation la promotion de l’accès du plus grand nombre de Burkinabè au logement, il n’est pas évident que ces structures bancaires offrent les mêmes possibilités et avantages que la nouvelle banque de l’habitat. Le taux d’intérêt à la BHBF est de 10% avec un délai de remboursement allant jusqu’à quinze ans. Cela constitue incontestablement une avancée notable et donne sans doute là de l’espoir à de nombreux citoyens sans habitation.

Toutefois, l’on pourrait aller au-delà de la création de la BHBF qui est, elle-même, loin d’être une panacée. Il faut en effet une politique d’accompagnement volontariste de la part de l’Etat pour favoriser pleinement la réalisation des objectifs de la BHBF. D’abord, les autorités pourraient faire en sorte que le maximum de citoyens résidant dans nos cités urbaines ou rurales accèdent à une parcelle à usage d’habitation, car c’est l’une des conditions préalables pour bénéficier des prestations d’une banque.

Dans cette perspective, la possibilité de construire en hauteur pourrait, par exemple, être explorée, étant donné qu’on ne pourra pas continuer à étendre démesurément les limites de nos villes alors que l’on peine visiblement, dans certaines communes, à viabiliser des espaces déjà occupés. A ce propos, l’on se demande où est passée ou ce qu’est devenue la ceinture de la ville de Ouagadougou qui devait limiter le périmètre urbain.

Ensuite, l’Etat devrait oeuvrer à la réduction des coûts élevés des matériaux de construction. Les prêts de la BHBF ne suffiront pas toujours à ériger des bâtiments viables. Certains ont, après avoir contracté des prêts bancaires, comme cela a souvent été le cas, abandonné des chantiers inachevés, faute d’argent et à bout de souffle. Bref, ce sont là autant de mesures indispensables pour "démocratiser" l’accès au logement. En tout état de cause, la lutte pour la réduction de la pauvreté qui semble être la première préoccupation du gouvernement, passe nécessairement par la résolution de l’épineuse question du logement.

Le Pays

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