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Commerce équitable : Des producteurs américains contre les subventions

Publié le mardi 25 juillet 2006 à 07h38min

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Aussi paradoxal que cela puisse paraître, tous les cotonculteurs du Nord, notamment ceux d’Amérique, ne cautionnent pas les subventions que leur accordent leurs gouvernements. Le président des cotonculteurs burkinabè et d’Afrique de l’Ouest, François Traoré, s’en est rendu compte après avoir côtoyé recemment au Sénégal et au Mali des producteurs américains. Il fait savoir cette vérité pas très connue de tous.

A l’initiative d’Oxfam International, cinq (5) producteurs américains ont séjourné au Sénégal et au Mali. Cette visite entrait dans le cadre de la campagne pour le commerce équitable.

Dans ces deux pays, ils ont eu des échanges avec les producteurs du Sénégal et les

producteurs de coton du Mali.

En tant que leader des producteurs de coton africains, il me fallait être à Bamako pour

rencontrer ces agriculteurs venus de l’Amérique.

Ces producteurs ont jugé leur séjour fructueux car ils ont découvert le niveau de vie, les

conditions de travail de leurs pairs de l’Afrique.

La joie de vivre des producteurs africains malgré leur pauvreté, leur grande gentillesse les ont convaincus que nous sommes attachés à notre terre et ne cherchons qu’à améliorer nos conditions d’existence.

Ils ont été étonnés des tailles minuscules (2 à 3 ha en moyenne) des superficies qu’exploitent les grandes familles africaines alors qu’eux, qui sont considérés dans leurs pays comme de petits exploitants, possèdent de vastes étendues de 100 à 200 ha ! Autre exemple, le « petit » éleveur dans ce groupe possède plus de 500 têtes de moutons et de chèvres !

Cette rencontre est de celle que l’on n’oublie pas. Car pour la première fois, des producteurs américains ont reconnu l’existence des subventions et dénoncé ses effets négatifs tant au niveau local que sur la vie des producteurs africains.

Ils ont avoué qu’en Amérique, ces subventions n’étaient pas distribuées de manière équitable à tous les producteurs. Les grands exploitants en profitent plus, au détriment des petits producteurs.

L’un des producteurs a reconnu qu’il ne pourra pas survivre sans les subventions. Mais il

remet en cause le type d’aide qu’il reçoit. Il voudrait que son gouvernement lui vienne en

appui sans pour autant piétiner les producteurs des pays pauvres. Il est favorable aux aides pour préserver l’environnement au lieu de celles qui conduisent à la surproduction.

Surproduction qui provoque l’effondrement du cours du coton

Les petits producteurs des Etats-Unis ont reconnu que leurs conditions de vie sont bien meilleures à celles de la majorité des producteurs africains, même ceux aisés.

Ils doivent ce privilège à l’évolution technologique et à la place de leurs pays. Ainsi, les Etats-Unis constituent actuellement le centre de l’économie mondiale. Ce pays occupe cette position grâce à son désenclavement. L’énergie, les moyens de communication, son réseau routier développé, les moyens de production (comme le matériel agricole) sont accessibles à leurs paysans. Les producteurs, qui pourtant sont minoritaires, bénéficient d’un fort appui de leur Etat.

Si ce groupe de producteurs repart plein d’enseignements sur l’Afrique et ses producteurs, nous, nous avons pu tisser un lien de plus avec nos pairs de l’Amérique. A l’issue de la rencontre d’échanges, nous avons décidé d’un commun accord de maintenir ce lien tout nouveau et de mener ensemble la sensibilisation pour une plus large prise de conscience des effets nocifs des subventions.

Cela pour la cause de ceux qui subissent injustement les effets nocifs des stratégies purement économiques. Stratégies qui sont préjudiciables à l’homme et son environnement.

Bobo le, 17 juillet 2006

François TRAORE

Docteur Honoris causa Président de l’AProCA

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