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Musique : "Les évadés" d’Abidjan, la belle

Publié le mercredi 17 mars 2004 à 07h23min

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Le Groupe Vitalo a pris forme à la fin des années 1990, inspiré par la prison et le ghetto. Dally Joseph (Tchouk Kuti) et Yoada Ismaël (l’ancien) sont des amis de longue date qui, pourrait-on dire ont tout fait ensemble. Si leur premier album a conseillé et fait danser, le deuxième prisonnier innocent qui vient de tomber dans les bacs, confirmera, s’il en était besoin, le talent de deux jeunes (un Ivoirien Tchouk Kuti et un Burkinabè, l’ancien) musiciens qui se veulent l’exemple de l’intégration africaine. Causerie- show avec les adeptes du "Mandingo Styling".

Le Groupe Vitalo a pris naissance en prison, plus précisément à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Déjà enfants, nos deux artistes "cafouillaient" ensemble à San Pédro et par la suite, à Adjamé (Abidjan) d’autocar. Devenu grand, ancien était convoyeur et à la suite d’un accident qui a coûté la vie à 14 personnes, s’est retrouvé en correctionnelle pour 4 ans et 6 mois de prison ferme.

Tchouk Kuti (l’Ivoirien), l’alter ego de l’ancien travaillait lui, dans une boîte d’intervention privée et sur une sortie d’intervention avec son unité, la police mit la main sur lui au motif qu’il est intervenu avec une arme sans autorisation administrative. Les responsables de la société se désengagent de l’affaire et Tchouk Kuti se retrouve condamné par le tribunal à 36 mois de prison ferme pour détention illégale d’arme. "J’ai été enterré au profit d’une société", dira-t-il. Nos deux "larrons" séjournent donc en prison et pour chasser l’ennui, fredonnent à longueur de journée des chansons qui aujourd’hui font le bonheur des mélomanes. Les Vitalo étaient nés, Tchouk est libéré le 19 août 1999 après l’ancien qui était déjà libéré le 6 janvier 1998.

Quand la taule raffermit une passion

La prison (sans être cynique) a quelque peu ajouté un plus à l’inspiration de nos artistes. A leur libération, les chansons fredonnées entre les murs sinistres de la MACA seront retravaillées en studio par nos artistes qui, à la force du poignet mettent sur le marché en 2000, leur premier album. "Gbomgbo Man" (ou le braqueur), tel est le titre de cet album en Côte d’Ivoire qui, au Burkina s’appelle "Kelguignan" dont le titre-phare fait encore danser les mélomanes burkinabè. Ce titre-phare fait les louanges de la femme, porteuse de vie et d’espoir. Selon les statistiques de leur maison de production, les deux artistes affirment que l’album s’est bien comporté sur le marché. Encouragés par ce succès, les Vitalo viennent de lancer il y a 2 mois, leur deuxième Album. Ce deuxième opus tient la route et la tête des hit parades dans notre pays depuis sa sortie.

Les concerts depuis leur arrivée au Burkina s’enchaînent et en dehors de Pô, Réo, Nouna et Garango, les artistes avouent avoir fredonné "leurs airs" sur les aires de danse des villes du pays. Le Togo les a reçus à l’occasion de la foire de la CEDEAO et pour cette année, ils seront probablement là pour la cérémonie de clôture de la Semaine nationale de la culture (SNC) 2004. Le nouvel album "Prisonnier innocent" a été produit par un label européen Ver Miel Production du studio la Ruche et est distribué par Seydoni-Production que les artistes n’ont pas manqué de saluer.

Source d’inspiration

Les Vitalo et la drogue ? "Nous les Vitalo, nous ne sommes pas dans le joint, notre source d’inspiration c’est la basse classe de la société", répond tout de suite, Tchouk Kuti. Les deux artistes se proclament citoyens ambassadeurs africains devant apprendre aux enfants du ghetto à ne pas s’embourber dans le piège sans fin de la drogue. "Nous sommes un exemple à suivre pour nos différents présidents", nous diront-ils face à certaines personnes qui restent admiratives devant une telle amitié entre un Burkinabè et un Ivoirien. "Pour moi", dira Tchouk Kuti "qui dit Burkina dit Côte d’Ivoire, même si la colonisation a eu son impact. En Côte d’Ivoire, il y a des Lobi, Sénoufo, etc. et au Burkina, même chose. L’impact nocif de Babylone a tout gâté et des assoiffés de bien-être veulent nous diviser aujourd’hui. Il faut des foyers de tensions en Afrique pour que les centres nucléaires de Babylone fonctionnent. A cette allure, nous ne finirons jamais de payer nos dettes".

Tout est dit par ces musiciens des ghettos de San Pédro, Adjamé, de la MACA qui ont bravé la misère pour nous donner à écouter et à danser des airs de raggae "Mandingo Styling" à travers leur deuxième opus plein de rythmes et de sonorités qui quelquefois rappellent un de leurs aînés du ghetto sud-africain Lucky Dube. "La musique est faite de 7 notes et tous les musiciens s’inspirent de ces 7 notes", nous dira l’ancien, quand on rapproche leur musique de celle de Lucky Dube. L’Afrique et le monde nous attendent, nous diront-ils, en guise d’au revoir. Salut les artistes.

Fernando GUETABAMBA
Sidwaya

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