Après avoir résisté à toute inculpation des suspects sérieux identifiés par la Commission d’enquête indépendante dans l’affaire Zongo, sauf Marcel Kafando, la justice burkinabè aux ordres vient d’ordonner un non-lieu pour ce dernier. Huit ans d’instruction pour en arriver à une telle décision dans une affaire aussi grave, aussi traumatisante pour la nation, c’est tout simplement révoltant.

Juste après le Mémorandum méprisant du gouvernement dans l’affaire Thomas Sankara, cette décision insultante pour le sacrifice de Norbert Zongo, la douleur des Burkinabè tombe. La mémoire collective ne doit pas rester sans réaction. Tous ceux qui se sont sentis concernés par ces crimes barbares de Sapouy, et qui s’en sont démarqués, doivent ici encore exprimer leur réprobation et leur détermination à rester fidèles à leur engagement à faire en sorte qu’il y ait la vérité et la justice dans cette affaire. Déjà l’émotion est grande à l’extérieur, comme le montrent ces réactions immédiates de RSF à Paris, du Comité de protection des journalistes à New York (CPJ). Les nôtres ne doivent pas être en deçà, encore moins celles de Koudougou, la ville de Norbert Zongo.

Le pouvoir, après les élections pirates du 13 novembre 2005 et du 23 avril 2006, pense avoir bouclé la boucle, et il nous lance un ultime défi. Cette bravade, qui est un terrorisme d’Etat, si elle n’est pas relevée dans la dignité et le courage, lui donnera raison, sur toute la ligne, d’avoir instauré un pouvoir sans partage, et pour longtemps.

En attendant les mots d’ordre à venir de nos instances respectives au plan national, que nous voulons forts, la population résistante de Koudougou doit se mobiliser pour refuser que soit blanchi l’homme de main Marcel Kafando, les complices, les commanditaires. Nous avons refusé hier l’impunité ; pour cela, nous avons marché, certains d’entre nous ont connu des privations, la prison.

Nous ne pouvons pas la tolérer aujourd’hui.

Norbert Zongo s’est sacrifié pour nous ; acceptons aussi en retour de souffrir pour lui.

Robert Ménard de RSF vient de dire que "Blaise Compaoré a obtenu ce qu’il avait toujours souhaité : l’injustice". Mais nous, nous devons prouver qu’il pensait l’avoir obtenue, mais qu’il a eu tort !

Soyons confiants, préparons-nous à la lutte en interpellant les partenaires techniques et financiers, tous ceux qui sont pétris de valeurs démocratiques, et qui, devant les crimes barbares de Sapouy, n’ont pas manqué d’exprimer leur réprobation allant parfois jusqu’à réduire, voire rompre leur coopération avec le Burkina Faso !

"Le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens biens."

Debout, les camarades !

Koudougou, le 20 juillet 2006

On signé :

UNDD

MDR

UFR

PNR/JV

FPC

CERCLE D’EVEIL

LIATD

CHERYAM