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Malo Idrissa Traoré dit Saboteur : "Je ne fais pas de règlement de comptes"

Publié le vendredi 14 juillet 2006 à 08h39min

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Malo Idrissa Traoré dit Saboteur

Malo Idrissa Traoré dit Saboteur, entraîneur des Etalons depuis le 29 juin 2006, date à laquelle il a été présenté à la presse n’est plus à présenter. Cette nomination marque le retour de Saboteur à la tête d’une équipe qu’il connaît bien.

A travers cet entretien, nous avons échangé avec lui sur bien des sujets d’importance. Saboteur souhaite surtout avoir le soutien de l’ensemble des Burkinabè, sans rancune.

"Le Pays" : Comment avez-vous vécu ce retour à la tête de l’encadrement technique des Etalons ?

Idrissa Traoré : J’ai vécu cela avec satisfaction et c’est un honneur pour moi de revenir en équipe nationale. Le Burkina regorge de millions d’habitants et si on a estimé qu’à l’heure actuelle, on a besoin de mes services, je pense que c’est un honneur et un devoir pour moi d’accomplir cette mission.

Peut-on savoir comment les contacts ont été noués entre la FBF et vous ?

Je ne vais pas rentrer dans les détails, parce que l’essentiel pour moi, c’est que je suis là pour une mission bien précise avec l’équipe nationale. Il s’agit à court terme, de la qualification pour la CAN 2008.

Les rôles ont-ils été bien définis ? Si oui quels sont concrètement les vôtres ?

L’entraîneur de l’équipe nationale est chargé de la sélection des joueurs, de la préparation technique, psychologique, mentale, tactique, foncière, du choix des joueurs. En plus, il peut être amené à aller superviser des matchs des adversaires que nous devons éventuellement croiser. Cela peut se faire avec d’autres collègues dans l’objectif de préparer notre stratégie. Ma mission est purement technique.

Pouvez-vous nous rassurer que vous avez pris l’équipe nationale dans de bonnes dispositions et que vous serez libre dans la sélection des joueurs et la composition de l’équipe ?

A ce niveau, il n’y a pas de difficulté, puisque la fédération a déterminé mon rôle qui est celui de la sélection des joueurs, la préparation de l’équipe dans tous les aspects que j’ai cités.

L’entraîneur vit dans un environnement où il a ses supérieurs, ses collaborateurs et d’autres paramètres dont il doit tenir compte, notamment ses relations avec la presse, le public. Il doit pouvoir tirer de tout cela, des enseignements positifs dans le cadre de son travail. L’entraîneur doit être comme un filtre autour des joueurs.

A deux mois du début des éliminatoires, sur quelle base allez-vous constituer votre équipe ?

Je vais composer avec tous ceux qui sont footballeurs burkinabè, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur, et nous allons sélectionner les joueurs en forme du moment. Si on veut des résultats, ce sont les plus en forme le jour J qu’il faut aligner dans le onze de départ. Il n’y aura pas de raison que celui qui n’est pas en forme joue. Et c’est pour cela qu’il y a la concurrence qui doit être saine et juste.

Quel sera votre plan de bataille pour conduire les Etalons à la qualification ?

La première condition du plan de bataille, c’est le travail qui doit se faire avec sérieux. Ensuite, il y a la solidarité que nous devons créer au niveau du groupe, pour qu’il y ait une communion entre les joueurs, et qu’on soit comme une famille. Nous devons faire en sorte que les joueurs comprennent que jouer pour l’équipe nationale est une mission sacrée. Si tout cela est réuni et avec les autres aspects technico-tactiques et l’appui de tout le peuple, on peut réussir la mission.

Dans le groupe des Etalons pour les éliminatoires de la CAN 2008, il y a certainement une équipe que vous craignez le plus ?

Je prends toutes les équipes au sérieux, que ce soit le Sénégal, le Mozambique ou la Tanzanie. Il faut respecter toutes les équipes, en ayant à l’esprit qu’elles se préparent sérieusement. Et si nous sommes sérieux dans tous les matchs que nous allons aborder, je pense que nous aurons plus de chances. Sinon, je connais un peu le football tanzanien du fait que j’étais au Burundi dans le cadre d’une mission de la paix des Nations Unies. C’est un pays qui a un football alerte et très rapide.

Saboteur peut-il rassurer les Burkinabè que ce contrat avec la FBF ira jusqu’à son terme, quand on sait que vous avez eu des contrats qui ne l’ont pas été ? Il y a les exemples de la CAN 96 en Afrique du Sud avec les Etalons et récemment avec la Fédération centrafricaine de football.

Je ne travaille pas sur le passé et je ne suis pas rancunier. Je suis venu pour une mission ponctuelle et d’avenir. Je ne fais pas de règlement de compte et ce n’est pas le lieu de parler de tous ces problèmes. Tous les Burkinabè savent comment les choses se sont passées à l’époque, puisque rien ne se cache au Burkina. Mais je peux vous parler du cas de la Centrafrique où j’ai mon argent qui a été détourné.

L’équipe nationale de la Centrafrique devait se rendre en 2003 au Congo Brazzaville pour un match des éliminatoires de la CAN 2004 et un dirigeant a détourné mes frais de mission en signant à ma place. Dès que j’ai su cela, j’ai réclamé mes frais de mission tout en faisant savoir aux dirigeants que si ce n’est pas fait, j’arrête. Il s’agit pour moi d’un principe, puisque je n’accepte pas un détournement.

La Fédération a demandé au dirigeant en question de rembourser cet argent. Il y avait un autre match en vue mais j’avais dit que je n’y participerais pas tant que je ne serais pas remboursé. Cela n’a pas été fait et c’est dans ces conditions que j’ai quitté la Centrafrique. Mais je tiens à souligner que le président de la Fédération centrafricaine de football a respecté ses engagements vis-à-vis de ma personne. (NDLR il nous présente le journal centrafricain qui a revélé cette affaire au grand jour).

En 1997 lors du match Burkina#Kenya à Bobo Dioulasso, vous seriez de ceux-là qui ont fait partir le président de la FBF, Boureima Badini. Vous avez, dit-on, monté des gens à travers des émissions radio, quelques heures avant la rencontre.

Est-ce que j’ai cette force et cette capacité de faire démissionner quelqu’un ? Ce sont des gens qui racontent n’importe quoi. Ce n’est pas moi qui élis le président. Ce que les gens ne savent pas, le ministre Boureima Badini est un ami de très longue date. C’est un grand sportif qui a toujours contribué au développement de notre football. Mon objectif, c’est de faire en sorte que nous puissions réussir la mission qui nous a été confiée présentement. Il faut laisser les gens raconter ce qu’ils veulent, parce que si on voulait écouter tout ce monde, on n’allait pas progresser dans ce pays. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de travailler dans l’intérêt du pays et l’unité nationale.

Quel regard portez-vous sur les structures des supporters des Etalons et la volonté du ministre des Sports et des Loisirs de mettre en place une union des supporters ?

J’ai dit lors de ma prise de fonction qu’il y a trois grandes dimensions concernant l’équipe nationale. Il faut d’abord considérer que l’équipe nationale constitue la vitrine d’une Nation. La deuxième dimension, c’est qu’elle est un facteur d’identification et enfin l’équipe nationale doit être un facteur d’unité nationale. Si on se base sur ce troisième facteur, il faut que nous parlions tous le même langage et que nous soyons unis. La tendance doit être au regroupement, au resserrement autour de l’équipe nationale. Si on veut disperser nos forces, en mettant plusieurs structures en place, nous serons affaiblis et cela va amener trop de contradictions qui peuvent avoir des répercussions négatives sur les acteurs que sont les joueurs.

Le ministre des Sports et des Loisirs répond dans ce qu’il fait, aux voeux de la nation et il applique ce que la constitution dit. Notre Constitution ne veut pas de la division mais prône l’unité du peuple.

Comment appréciez-vous la création des écoles de football au Burkina et quel est votre regard sur la situation de Planète champion qui est en difficulté ?

D’une manière générale, c’est une bonne chose que des personnes apportent leur contribution au développement de notre football. Il arrive que les gens aient la bonne volonté mais il leur manque souvent des infrastructures, du personnel qualifié pour encadrer ces jeunes, non seulement au niveau technique mais également pédagogique, psychologique, sociologique et médical. L’enfant va passer la majeure partie de son temps dans cette école où il acquiert son éducation de base. De plus en plus, il faut que les autorités aient un droit de regard sur ces centres pour voir s’ils répondent au cahier de charges. Si les enfants ont une mauvaise éducation de base, ils seront irrécupérables demain or nous avons le devoir moral de les suivre.

Au sujet de Planète Champion, ceux qui l’ont créé avaient les capacités financières et les moyens de leur politique sinon ils n’allaient pas le faire. Il faut d’abord en vouloir à ceux qui ont créé le centre, parce que si vous avez la capacité, vous devez assurer sa pérennité. Dans cette affaire, le Burkina n’a pas de responsabilité parce qu’il s’agit de personnes physiques qui sont venues mettre en place ce centre. Mais sur le plan moral, si le centre doit disparaître, c’est en défaveur de notre jeunesse. On peut donc parer au plus pressé en faisant en sorte que les jeunes qui y sont ne se retrouvent pas à la rue.

Quel est votre commentaire sur la 18e coupe du monde qui vient de s’achever en Allemagne ?

D’une manière générale, on a vu les équipes évoluer en 3-5-2, 4-4-2, 5-3-2, 4-5-1 et c’était la tendance des différentes organisations de jeu. Au niveau des individualités, Zinedine Zidane a crevé l’écran, parce que pour certaines personnes il était fini mais il a prouvé qu’il est le plus fort. Cependant, je regrette l’acte qu’il a posé à l’endroit du joueur italien, Materazzi, surtout qu’il était au terme de sa carrière. Le jeune français Franck Ribéry a été pour moi, la révélation. Dans l’ensemble, on a assisté à un bon comportement des joueurs sur l’aire de jeu mais l’arbitrage a été beaucoup décrié. Cependant, certains arbitres ont prouvé leurs grandes qualités de directeurs de jeu.

N’oublions pas que l’arbitre est comme un magistrat et qu’il doit appliquer la loi dans une fraction de seconde. Ce qui n’est pas toujours facile. Les mesures de sécurité ont été renforcées, permettant un bon déroulement des rencontres. En ce qui concerne les matchs de 15h, le climat ne permettait pas aux joueurs de s’adapter et de supporter la charge surtout pour les Occidentaux. On a aussi constaté un bon comportement du public, et sur le plan géographique, il y a l’émergence des équipes européennes et la régression du football des pays de l’Amérique latine. il faut insister sur le fait qu’il y a une implication de l’économie dans le football et à ce mondial, il y a eu beaucoup de monde si bien que le commerce a été florissant, le transport, l’hôtellerie, la communication ont bien fonctionné au bénéfice de l’Allemagne. Nous devons également nous inspirer d’un certain esprit d’unité nationale que nous avons observé avec certains pays.

Il faut avouer que si on fait une comparaison avec les précédentes coupes du monde, l’Afrique a régressé. Nous n’avons certes pas été ridicules mais cela se situe au niveau des performances. Il y a aussi le fait que certaines personnes ne comprennent pas qu’on retrouve beaucoup de Noirs dans l’équipe de France. C’est un pays qui a toujours utilisé des Africains dans son équipe même avant les indépendances. Il y a des exemples comme le Marocain Just Fontaine, le Sénégalais Raoul Diagne, l’Ivoirien Jean Tokpa qui ont joué avec l’équipe de France et il est bon de le rappeler pour l’histoire.

Un mot sur la finale de la coupe du monde entre l’Italie et la France

On a vu une finale avec un volume de jeu très intense. L’Italie a dominé la première mi-temps et la France a pris la relève en deuxième période de jeu jusqu’aux prolongations. L’Italie n’a pas produit le même football que face à l’Allemagne (demi-finale). Par contre la France m’a beaucoup émerveillé et a confirmé son émergence au niveau international. Et comme il fallait un gagnant, l’Italie qui avait des joueurs plus équilibrés l’a remporté aux tirs au but.

L’Allemagne a montré qu’elle est une grande nation de football, parce que même dans la défaite, on n’a pas senti l’hostilité des supporters vis-à-vis de leur équipe et des autres pays. C’est une leçon à retenirs.

Qu’attendez-vous des Burkinabè pour réussir votre mission ?

Ce sont les Burkinabè dans toutes leurs composantes qui ont souhaité mon retour, parce que la FBF n’a pas fait ce choix sans tenir compte de l’environnement. C’est certainement après avoir consulté les uns et les autres. J’attends beaucoup des Burkinabè. L’équipe nationale a besoin de tous les fils du pays. Cela suppose que les gens doivent remplir les stades pas seulement pour l’équipe nationale mais aussi pour les matchs de la coupe du Faso qui se jouent présentement, afin d’encourager les joueurs. Je demande à tous les Burkinabè, croyants ou non croyants, chefs coutumiers, de tous les bords politiques, les simples citoyens et à chacun dans sa région, de se mobiliser, parce que l’équipe nationale est l’affaire de tous.

Si le peuple est mobilisé derrière son équipe nationale, Dieu va nous aider pour qu’on puisse se qualifier. Cela va constituer un facteur de motivation supplémentaire pour les joueurs, l’encadrement technique, la Fédération. Mais j’aimerais souligner que cette mobilisation ne doit pas concerner uniquement le football mais tout ce qui concerne le développement de notre pays.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 14 juillet 2006 à 10:54, par le patriote En réponse à : > Malo Idrissa Traoré dit Saboteur : "Je ne fais pas de règlement de comptes"

    Je suis vraiment content que saboteur soit à la tête de la sélection.
    Je crois que notre pays a les monyens de tenir tête aux autres selections.
    Comme l’a soulligné saboteur il faut que le peuple Burkinabé croit et supporte son équipe.
    Car quand on perd cela concerne tout le monde au Faso comme à l’extérieur.
    Arrétons les polémiques et essayons d’être solidaire comme les Allemands l’on montré.

    • Le 16 juillet 2006 à 21:35, par burkindi En réponse à : > Malo Idrissa Traoré dit Saboteur : "Je ne fais pas de règlement de comptes"

      Moi je suis content aussi qu’enfin un Burkinabè soit à la tete des Etalons après plusieurs années de mercenariat avec des individus qui sont là que pour remplir leurs poches.

      Avec saboteur je suis sûr on peut se qualifier pour la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud car ce mec là c’est un mec bien.

      Enfin j’espère qu’on le laissera les mains libres pour travailler car on sait comment ça se passe au pays.

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