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Alassane Dermé : « Le jumelage Nord-Sud n’est pas une forme de mendicité »

Publié le lundi 10 juillet 2006 à 08h19min

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Alassane Dermé

Bon nombre de citoyens de la ville de Ouagadougou ignorent le Comité local de jumelage de la ville de Ouagadougou ( CLJO). Logé dans l’enceinte de la maternité Pogbi au secteur n°10 dans un bâtiment de l’état civil de la mairie de Ouagadougou, le CLJO est présidé par Alassane Dermé. Il lève un coin de voile sur les activités du CLJO et l’état de jumelage Ouagadougou-Loudun.

Sidwaya : Qu’est-ce que le Comité local de jumelage de la ville de Ouagadougou ?

Alassane Dermé (AD) Le Comité local de jumelage de la ville de Ouagadougou ( CLJO) est une association à but non lucratif. Il est dirigé par trois organes à savoir l’assemblée générale, le comité directeur et le bureau exécutif. Plus qu’une association ordinaire, le CLJO est un partenaire de la ville de Ouagadougou. Il a vocation d’accompagner l’action du conseil municipal.

S : Combien de villes sont en jumelage ou en partenariat avec la commune de Ouagadougou.

AD : La commune de Ouagadougou est jumelée essentiellement à la ville de Loudun en France. Dans le temps, la ville de Ouagadougou entretenait un jumelage triangulaire entre la ville de Loudun, Leuze ( France) et San-minatos ( Italie). Aujourd’hui, seulement les jumelages de Loudun et de Leuze sont actifs. Nous n’entretenons pas beaucoup de rapport avec la ville italienne.

En outre, la commune de Ouagadougou a des partenariats avec les villes de Lyon, Grenoble et bien d’autres villes du Nord. Dans la coopération Sud-Sud, la ville de Ouagadougou entretient des relations avec celle de Lomé au Togo.

S : Y a-t-il une différence entre partenariat et jumelage ?

AD : On parle de jumelage lorsqu’il s’agit d’un lien de mariage scellé entre deux villes. C’est l’amitié de ville à ville. Alors qu’on parle de partenariat quand il s’agit d’une convention qui lie les deux villes. Alors que le jumelage se fait pour toujours, le partenariat a une durée déterminée.

S : Racontez-nous l’histoire du jumelage Ouagadougou-Loudun don on n’ entend plus trop parler. Que devient-il ?

A.D : La ville de Ouagadougou est jumelée à la ville de Loudun depuis le 1er janvier 1967. Il est le fruit d’une rencontre fortuite entre l’ex -maire de la ville de Ouagadougou, Joseph Issouf Conombo et celui de Loudun René Monory ex - président du sénat français. Par le biais de leur rencontre, des amitiés se sont tissées et ce jusqu’aujourd’hui.

S : Quelles sont les activités réalisées par ce jumelage dans les cinq dernières années ?

AD : La ville de Loudun a fait beaucoup de réalisations au profit de la capitale. Pour ces cinq dernières années, le CLJO par ce truchement de la ville de Loudun a amenagé des espaces de lecture à travers la ville de Ouagadougou afin d’améliorer l’éducation des enfants. Ainsi, un programme est établi et les enseignants encadrent les jeudis et les samedis soirs, les enfants en difficulté pour les accompagner dans leurs études. Dans ce même ordre, une centaine d’enfants défavorisés sont parrainés dans le cadre de ce jumelage. Chaque année ces enfants reçoivent pour leur éducation un trousseau de plus de 40 000F CFA pour le primaire et 90 000F CFA pour le secondaire. Il nous appuie aussi avec des moulins afin de soulager les femmes des villages rattachés à notre commune.

S : Avec la décentralisation, quelles seront vos priorités ?

AD : La décentralisation pour nous est une très bonne chose. Je crois savoir que nous l’appliquons déjà. Car, le CLJO travaille avec les arrondissements et les villages de la commune. Les activités que nous menons sont en adéquation avec les besoins des bénéficiaires, les populations à la base. Nous avons des activités d’alphabétisation. Chaque année 125 femmes sont alphabétisées. Elles sont choisies à raison de 25 femmes par arrondissement. C’est un choix que nous faisons avec les populations. Ainsi, nous pensons que c’est déjà une forme de décentralisation.

S : Dans le cadre du jumelage, on a l’impression que les villes du Sud n’apportent rien à celles du Nord. Votre avis ?

AD : Nous ne voyons pas le jumelage Nord-Sud comme une mendicité. C’est une collaboration entre deux villes qui s’aiment, se comprennent et s’accompagnent dans les actions de développement. Nous élaborons des projets que nous soumettons à nos partenaires du Nord. Ensemble, nous discutons de l’efficacité et de la pertinence des projets avant de les adopter. Donc, ils ne financent pas n’importe quel projet. Aussi, les pays du Sud apportent leur part de contribution aux pays du Nord. Il y a des échanges culturels dont le Nord a beaucoup besoin pour découvrir le Sud. A tout point de vue, je ne conçois pas les relations Nord-Sud en terme de mendicité. En ce qui concerne le jumelage Ouagadougou-Loudun, nous nous rendons visite chaque année de façon alternée. Nos échanges sont fructueux et profitables aux deux villes.

S : Quelles sont les perspectives du CLJO ?

AD : Le CLJO élabore ses projets avec la commune de Ouagadougou, nous accompagnons les actions de celle-ci. Nous saluons le nouveau conseil et nous espérons avoir une bonne collaboration afin que nous puissions développer la ville de Ouagadougou que nous aimons tant.

S : Vos difficultés...

AD : Il y a un vieillissement des membres. Nous n’avons pas de nouveau adhérents. Les gens n’ont pas bien compris l’importance et le bien-fondé du CLJO. Je lance un vibrant appel à la population de la ville de Ouagadougou d’adhérer au CLJO. Ainsi, chacun apportera sa petite pierre pour la construction de cette ville.

S : Comment adhère-t-on au CLJO ?

AD : Très simple ! Avec une somme de deux mille cinq cents ( 2500) F CFA on prend sa carte d’adhésion. Et la cotisation annuelle est de deux mille(2000)F CFA. L’adhérent est informé du statut, du règlement intérieur ainsi que les activités à mener. L’adhésion est libre à toute personne physique de la ville de Ouagadougou.

Le CLJO connaît aussi des difficultés financières. Il vit essentiellement des cotisations de ses membres et de la subvention accordée par la commune de Ouagadougou. Cette subvention est d’un million de F CFA par an .

Le souhait du CLJO est que les autorités communales revoient cela à la hausse, compte tenu de l’accroissement de nos activités. En outre, toutes les subventions qui viennent du Nord sont programmées, de ce fait nous ne pouvons même pas défalquer un centime.

S : Le CLJO recherche-t-il des jumelages ?

AD : Le jumelage se crée par plusieurs biais. Il peut résulter d’une rencontre de maire, d’individu... Une fois établi, le CLJO assure le suivi et le maintien de ce partenariat.

Boureima SANGA (bsanga-2003@yahoo.fr)

Sidwaya

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