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Manifestations dans l’ordre et la discipline : Emergence d’un nouvel esprit citoyen ?

Publié le samedi 8 juillet 2006 à 10h11min

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Par deux fois en l’espace de deux mois (juin-juillet) les syndicats burkinabè ont marché contre "la vie chère au Burkina". Avant cela, la traditionnelle manifestation du 1er mai s’est faite dans le calme et la sérénité. Au demeurant, toutes les manifestations syndicales (grèves, marches, meetings) depuis la fin 2004 se déroulent dans un climat de paix, dans la discipline et dans l’ordre.

(Journal du jeudi)

Doit-on en déduire que l’on s’éloigne de plus en plus d’un certain esprit contestataire suivant lequel la moindre activité de revendication syndicale était accompagnée de troubles délibérés à l’ordre public, particulièrement de la part des associations estudiantines et scolaires ?

On a encore en mémoire les destructions systématiques des biens publics et privés, le saccage des feux de signalisation et les injures grossières et inutiles dans un pur style de provocation de l’autorité. On en était arrivé à désespérer de voir le culte du manichéisme prendre racine aussi bien dans l’opposition politique que dans les milieux syndicaux.

On y confondait allègrement, revendications syndicales et contestations politiques au goût de révolte contre l’ordre établi. Le pire, c’est cet amalgame dangereux érigé en règle générale, tendant à faire croire que pour se faire entendre des autorités, il faut pousser le mercure social à ébullition. Conséquence de cette méprise gravissime, les syndicats depuis un certain 3 janvier 1966 (chute de la 1re République) ont toujours été la tête de Turc des partis d’opposition pour déstabiliser les institutions républicaines. Jusqu’à une date récente - 1999- 2002 - les Burkinabè ne savaient plus qui des radicaux de l’opposition et des leaders des centrales syndicales poussaient à installer la chienlit sociale.

Or, instruit par l’histoire et par l’actualité, on peut dire sans risque de se tromper que personne - syndicats, partis politiques, citoyens et gouvernants - n’a jamais eu intérêt dans ces crises surdimensionnées.

Aussi devons-nous faire remarquer et apprécier à leur juste valeur les revendications syndicales, les campagnes politiques et autres manifestations de la société civile qui se déroulent dans une sérénité respectueuse de l’ordre. Chapeau donc aux centrales syndicales et à leurs leaders.

Encouragements sincères aux partis politiques dans la culture d’un nouvel esprit citoyen, respectueux de la différence, des institutions républicaines et des autorités. En cela, les dernières élections présidentielle et municipales sont de bons exemples à retenir.

Espérons que ce cap sera maintenu et pour longtemps. Qu’il soit le résultat d’une prise de conscience citoyenne et de responsabilité partagée. Si oui, c’est la démocratie qui progresse en vertu mettant à la touche, les scories qui en polluent les principes sacrés.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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