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Yily Noma, musicienne : “Je rends hommage à la princesse Yennenga ...”

Publié le vendredi 30 juin 2006 à 08h36min

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Si aujourd’hui Yily Noma est une chanteuse, ce n’est point le fruit du hasard. Elle avoue avoir aimé la musique depuis sa tendre enfance et ne cessait d’animer le petit cercle familial avec ses interprétations plus ou moins réussies des chansons de l’« Impératrice » Aicha KONE et de Nayanka BELL.

Même si on ne la prenait pas au sérieux, Yily Noma croyait en ses capacités et tenait à devenir artiste musicienne. Pour ce faire, elle a tâté de tout dans l’art et la communication, une manière d’aiguiser sa voix et de vaincre le tract. C’est fort de tout cela qu’elle se présente aujourd’hui comme la « Yennenga » de la musique burkinabè ; c’est d’ailleurs le titre de son premier opus qui va sortir probablement le lundi 3 juillet prochain.
Allons à la découverte de l’amazone musicienne Yily Noma de son nom d’Etat civil Azata GANSORE

Peut-on mieux vous redécouvrir après le long temps mis hors de la scène publique ?

Yily Noma (YN) : Oui (rire). J’ai pas disparu, seulement je peaufinais mon art dans l’ombre. Maintenant que Dieu m’a donné les moyens de faire un album, je suis entrée au studio et voilà.

Que gardez-vous de votre expérience d’animatrice télé et de radio ?

(YN) : Ce fut des moments fabuleux ; je ne m’imaginais pas capable de prendre un micro et de m’adresser à un grand public.
Mon expérience dans les médias est un tout qui me permet aujourd’hui d’être devant un public et n’importe lequel pour chanter et danser. La musique pour moi est comme une vocation, toute petite j’en rêvais énormément. Seulement pour faire un album il faut des chansons et beaucoup de chansons. Pendant que je cherchais l’inspiration, je me suis mise à la danse et au théâtre histoire d’être une artiste pleine et entière.

Vous avez donné le titre générique « Yennenga » à votre album, quelles en sont les raisons ?

(YN) : Yennenga est mon ancêtre, quand les parents m’ont expliqué son histoire, je m’y suis tout de suite retrouvée. Elle a été une amazone, une femme courageuse qui ne reculait devant rien. J’ai envie de devenir un exemple comme Yennenga, une femme forte d’esprit, battante. Raisons pour lesquelles je me sens obligée de lui rendre un hommage à la hauteur de l’estime que j’ai pour elle. il s’agit avec ce titre de se ressourcer. Je crois que c’est important pour nous de ne pas perdre nos traditions qui sont très importantes pour l’avenir.

Votre album n’est pas encore sur le marché, mais on vous voit dans plusieurs manifestations pour la promo, qu’est-ce qui bloque la sortie ?

(YN) : L’album sort début juillet. Mais comme il ne faut pas attendre la sortie pour faire la promo, je saisis toutes les occasions pour me montrer et donner de l’appétit au public. Je profite remercier tous les organisateurs de manifestations qui me font confiance en m’offrant une tribune pour annoncer mon entrée dans la grande famille des artistes.

J’ai eu la chance d’être présentée déjà dans les esprits avant la mise de l’album sur le marché, c’est pourquoi avec mon staff nous entendons continuer cette présence en faisant des clips bien à propos.
Nous irons à Gambaga au Ghana où repose Yennenga pour faire un clip, pour montrer aux yeux du monde que Yennega était une grande dame. Seulement, cela nécessite beaucoup de moyens ; j’espère qu’on les aura à temps pour le faire.

Comment comptez-vous y parvenir ?

(YN) : Une des raisons de mes prestations dans les cérémonies est de me faire découvrir ensuite avec cette carte de visite nous irons vers les sponsors et mécènes. Le clip sur Yennenga va coûter environ 2,5 millions. Nous voulons que ce clip reste toujours gravé dans la mémoire de l’histoire. Toute forme d’aide sera la bienvenue. C’est Raymond TIENDRE de la Télévision nationale qui a fait le scénario. Mais nous ne disposons pas d’assez de fonds pour la réalisation.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

(YN) : Je tire profit de tout. J’écoute les gens, je demande, je suis curieuse. L’histoire que raconte un voisin par exemple peut me servir, la vie courante... Les sources sont variées et diverses, l’artistes doit savoir les coordonner.

Comment a été l’accueil dans la grande famille des artistes ?

(YN) : Je peux dire que suis bien acceptée déjà par les grandes sœurs musiciennes. Mes rapports sont au beau fixe avec les devancières dans la musique. Je peux même dire que je bénéficie d’une attention soutenue surtout dans les coulisses lors des shows. Avant de sortir chanter aux prix Galian, la grande sœur SISSAO tout en m’encourageant a passé quelques coups de brosse sur mes cheveux pour les mettre bien en ordre. N’est-ce pas un bon signe de solidarité entre artistes ?

Qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis que l’on vous voit chanteuse ?

(YN) : Les gens ont été surpris de me voir dans la musique contrairement à d’autres qui ont fait leurs armes dans les orchestres en tant que choristes ou chanteuses. J’ai fait l’INAFA où je prenais des cours de techniques vocales, de solfège et de guitare. J’étais dans l’ombre et ma sortie publique a surpris les gens. Au-delà de tout cela, je reste moi-même avec comme credo l’humilité. Je compte avoir mon propre groupe pour les spectacles en live.

Comment se passe la journée d’une artiste comme Yily Noma ?

Y.N : Ça dépend. Je ne me réveille pas à une heure précise. Il arrive que je reste en studio jusqu’à une heure tardive. Et quand je rentre tard, je peux me réveiller entre 8 h et 9 h. Ensuite, je fais un peu de sport à la maison comme la corde qui fait travailler tout le corps en même temps. Je prends aussi des cours de techniques vocales avec un professeur de l’INAFA. J’ai également un petit frère qui me donne des cours de danse. Je sors souvent pour voir des amis (es). Surtout je reste à la maison pour composer.

Comment vos parents ou votre entourage apprécient votre présence sur la scène musicale ?

Y.N : Au début, mon papa ne voulait pas trop que je fasse carrière dans la musique. Il était plutôt que je fasse de longues études alors que moi, je n’aimais pas l’école. J’aimais beaucoup chanter en classe.

Aujourd’hui mes parents m’encouragent. Car ils savent que depuis mon enfance, la musique me démangeait. Tout le temps je demandais à mon papa de m’acheter la cassette de tel ou tel artiste. Ils ont compris et c’est avec leurs bénédictions que j’ai emprunté le chemin de la musique. Ils sont actuellement fiers de mois parce qu’ils sont convaincus que je peux maintenant vivre de la musique. Mon papa s’inquiétait au départ parce qu’il voyait souvent des artistes qui tiraient le diable par la queue. Il me disait que je veux faire un travail qui n’allait pas me permettre de gagner ma vie et il me conseillait de faire les études pour être secrétaire ou autre chose que la musique. Maintenant il a compris qu’il y a des artistes qui vivent réellement de leur art.

Vous entrez dans un monde où le nom des femmes est gâté, comment entendez-vous gérer cela ?

(YN) : C’est parce que les artistes ont une vie publique que les gens disent qu’ils ne sont pas sérieux. Je crois qu’on dit cela aussi des journalistes car leur vie aussi est publique. Sinon une femme artiste est comme toutes les autres femmes. Je ne m’inquiète pas de ce que les gens pensent de mauvais sur les femmes artistes, il faut seulement avoir la tête sur les épaules et rester humble. Je sais toujours écouter les gens, sourire avec eux car c’est d’eux que dépend la vie de l’artiste.

Mais être gentille, disponible à l’écoute avec le sourire ne doit pas être compris comme de la légèreté. Entre le public et l’artiste, il faut de la compréhension et de la complémentarité. Quand on est homme ou femme publique il faut savoir distribuer la joie de vivre.

Quels commentaires faites-vous sur ce printemps de la musique burkinabè ?

(YN) : Je suis très heureuse de voir que la musique burkinabè a de plus en plus le vent en poupe. J’apprécie au plus haut niveau la vague montante d’artistes musiciens burkinabè.
Cela amène à travailler et de se dire que rien n’est acquis. C’est très stimulant. Aujourd’hui, l’artiste sait qu’il est obligé de bosser dur sinon le train part sans lui.

Un petit mot sur l’album qui va sortir ?

(YN) : Le titre générique « Yennenga » est aussi celui d’une chanson qui rend hommage à la princesse Yennenga. Il y aussi « Djahili », les ragots, les racontages. « Enfants soldats » dans lequel je défends les enfants que l’on sacrifie lors des guerres ; il y a aussi « la pauvreté » qui est aujourd’hui la chose la mieux partagée malheureusement.
L’album comporte huit titres, il a été enregistré dans trois studios : Abazon avec SMOCKEY, Seydoni avec Zakaria MANBOE, et Alain NYAME du studio NP Carré. C’est le titre « Djahili » que nous avons clipé en attendant d’avoir les moyens pour le clip de Yennega.

Le plus difficile pour les artistes n’est pas la création mais la mise sur le marché de leur œuvre, comment avez-vous fait ?

(YN) : La production a été financée par mon frère qui m’a toujours soutenue. Il nous reste un coup de main pour réaliser les clips et mettre le produit sur le marché. Toute forme de soutien sera la bienvenue.o
Par Issa SANOGO

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