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Sami Rama : "J’ai goupillé des projets intéressants en Italie"

Publié le samedi 24 juin 2006 à 09h38min

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Elle a sillonné plusieurs villes italiennes du 27 mai au 10 juin 2006, en compagnie de sa compatriote Amety Méria, pour promouvoir la culture burkinabè. En dépit du froid, la gazelle du Boulgou, Sami Rama, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a donné 11 spectacles devant des Italiens toujours enthousiastes et assoiffés de rencontrer des cultures africaines, notamment celle du Burkina.

Toute l’histoire de cette grande tournée, en exclusivité, avec Sami Rama qui, à l’occasion, a pu décrocher des projets intéressants pour sa carrière.

Tu reviens d’une tournée en Italie, comment te sens-tu ?

• Je me sens bien. Je suis très heureuse d’avoir eu l’occasion de faire un tour encore une fois dans ce pays.

Comment es-tu parvenue à décrocher cette sortie en Europe ?

• Il y a deux ou trois mois déjà qu’Améty Meria m’a fait part d’un projet de tournée en Italie, et par rapport aux propositions faites, j’avais été désignée. Elle a trouvé que c’était une bonne idée parce qu’on devait faire 90% voire 100 % de musique traditionnelle. Amety Meria, estimant que je fais de la musique de fusion, d’inspiration traditionnelle, a trouvé en moi la personne idéale pour adapter ce que je fais avec le balafon, le doundoumba, la kora, le djembé, le kundé, la calebasse, la guitare basse et la guitare électrique. Nous étions accompagnées de deux danseurs. Lorsque le voyage sur l’Italie a été programmé, nous avons commencé les démarches pour rendre les choses possibles avec les musiciens.

Et combien de personnes étaient en tout du voyage ?

• Nous étions au total dix, soit 8 musiciens et deux chanteuses, à savoir Amety Méria et moi.

Comment s’est déroulée la tournée ?

• Avant de répondre à votre question, j’aimerais indiquer que nous avons été invités par un groupe de missionnaires appelés "Les Amis du Burkina", qui apportent leur contribution sur le plan social au Burkina Faso depuis des années. Nous sommes partis dans le cadre du 20e anniversaire de cette association et ce n’est pas une première pour des artistes burkinabè d’être invités.

En effet, Georges Ouédraogo a déjà fait un tour là-bas ; Amety Meria également en 2004. Cette fois-ci, à la faveur de leur 20e anniversaire, "Les Amis du Burkina" voulaient deux artistes. Nous étions basés dans le Nord de l’Italie, à Bressanone. Les lieux de spectacles se trouvaient généralement à une ou deux heures de cette localité.

Les concerts étaient gratuits, selon la volonté de l’association. Il faisait énormément froid et les prestations étaient données sous un chapiteau, dans de grandes salles à plusieurs niveaux à l’image d’une salle de théâtre comme on en voit souvent dans les films. En plus, le public était fabuleux et ne se posait pas beaucoup de questions pour s’amuser, vibrer avec nous. Toujours à l’issue de nos prestations, nous présentions les instruments traditionnels de musique.

Ce qui m’amusait, c’est lorsqu’Amety présentait le doundoumba puisqu’il s’agit d’un gros tam-tam et d’un petit. Elle disait toujours : "Ça, c’est le douboumba, c’est-à-dire la maman doundoun et ça, c’est le doudouni, le bébé doundoun". Ça amusait tout le monde. Nous avons également donné des prestations dans des établissements primaires, secondaires et universitaires et le public était ravi. J’avais apporté avec moi les bracelets bissa, les credo. Il y en avait qui voulaient toucher ou porter pour danser avec. Finalement, j’ai tout laissé là-bas. L’ambiance était vraiment folle et sympa.

Dans combien de localités vous-êtes vous produits ?

• Nous avons donné 11 spectacles, soit un dans chaque localité. Donc c’est au total 11 localités qui ont vu se produire notre groupe.

Il semble que vous avez reporté un de vos spectacle dans une localité à cause du froid...

• C’est juste, il faisait énormément froid. Et pour la petite histoire, il s’est trouvé que c’était dans la ville où nous habitions. On devait prester sur une place publique, les gens attendaient, mais en définitive on a dû reporter au dernier jour de la tournée. Nous avons renoncé à la visite des montagnes pour faire plaisir à la population de Bressanone.

Quel est ton meilleur souvenir de cette sortie ?

• (Rires). Il y a eu tellement de belles choses comme la bonne ambiance avec les organisateurs très attentionnés, la communion avec le public, surtout avec les enfants du primaire. Au début, ils étaient timides, mais à la fin on ne pouvait plus arrêter (rires). Plus tard on est parti manger dans un restaurant où on a rencontré deux des enfants qui aidaient leurs parents dans le service, ils ne cessaient de nous poser des questions sur le Burkina Faso.

Avec le mélange de la musique bissa avec la kora qu’on utilise beaucoup pour le mandingue, ç’a donné une fusion atypique et j’étais surprise quand une consœur d’Italie, lors d’une interview, m’a fait remarquer que ma musique est certes traditionnelle, mais qu’elle a un fond de jazz. Ça m’a fait plaisir et après tout ce n’est pas pour rien que mon grand-père Biri joue à Jazz à Ouaga (rires).

Justement, parlons des Bissa avec leur forte colonie en Italie ; As-tu rencontré tes parents lors des spectacles ?

• Nous étions basés au Nord comme je vous le disais tantôt où les Africains sont rares. Nous avons rencontré lors de nos spectacles deux Africains et c’était des Sénégalais. Une seule fois, j’ai rencontré un Bissa et il était quasiment le seul à vivre dans notre zone.

Vous avez aussi presté à Naples ; comment cela a pu se faire ?

• Bien avant que ce projet sur l’Italie ne soit confirmé, Alif Naaba m’a sollicité un des titres de "Y croire" pour une compilation. Il m’a dit qu’il avait des projets avec un ami en Italie qui s’appelle Monné Moussa alias Mauzes pour promouvoir les artistes burkinabè dans ce pays. Quand j’avais été pour la première fois en Italie, j’avais rencontré un frère, mais dommage, il n’a pas suivi mes conseils et il a voulu brûler les étapes. Je lui ai fait savoir que je ne pouvais pas travailler de cette façon. Avec Alif, je n’ai pas hésité à lui donner le support qu’il a envoyé avec ceux de Bil Aka Kora, Sissao, Yeleen et bien d’autres. Lorsque Mauzes de Sahel Production a appris que j’étais en tournée en Italie, il a profité pour organiser un concert avec moi.

En plus, à cette occasion, il m’a fait savoir qu’on avait passé le BEPC ensemble. C’était des retrouvailles. Nous avons arrêté le 10 juin pour le concert et je lui ai signifié que j’étais avec Amety Meria. Il était partant pour un spectacle à deux, Amety et moi. Nous avons voulu toutes les deux encourager cette structure en n’exigeant pas un cachet au-dessus de leurs moyens.

C’est ainsi qu’après Bressanone, Amety devait partir aux Etats-Unis tandis qu’à mon niveau je devais partir à Paris pour deux ou trois jours avant de revenir au Burkina. Les choses se sont passées de telle sorte que nous honorions toutes nos programmations. A Naples, dans le Sud de l’Italie, on a rencontré un public formidable et des Burkinabè. Même hier (NDLR : l’entretien a eu lieu le mardi 20 juin) les organisateurs m’ont appelée pour me féliciter et m’avouer que ce fut l’un de leurs plus grands concerts à Naples.

En retour, nous avons été bien accueillies par ceux-ci et je profite de l’occasion pour remercier Thierno, un Sénégalais, Mauzes notre compatriote, Stéphane et tous les autres. Du côté de l’association "Les Amis du Burkina", ma gratitude à Lia Cervato, un des premiers responsables, au traducteur Alexandro ainsi qu’à Jérôme, Zoromé, à Amety, aux musiciens, Emmanuel Kuela de Reemdoogo, côté Burkina.

Parlons maintenant d’argent ; est-ce que cette tournée t’a permis de renflouer ton compte ?

• (Rires). Je m’attendais à cette question de vous. "Les Amis du Burkina" nous ont payé un forfait que nous avons accepté parce que c’était notre manière de contribuer aux festivités de cette association. Amety et moi n’avons pas eu les porte-monnaie remplis mais je suis satisfaite d’avoir participé au 20e anniversaire de ce groupe de missionnaires qui font beaucoup de choses pour nos compatriotes. Ils ont de nombreuses réalisations à Kaya, à Rollo, à Koudougou, même chez moi à Tenkodogo.

Ces gens ont scolarisé des enfants, créé des emplois, permis à des femmes d’avoir des crédits pour fructifier leurs activités lucratives, réalisé des forages ; donc il ne nous revient pas à nous artistes de leur rendre la vie difficile. En plus, c’est des personnes hyper-cool à telle enseigne que même s’ils nous demandaient de jouer gratuitement, on n’allait pas se lamenter pour ça.

A peine arrivée, ta fille est tombée malade, tes économies ont dû en souffrir ...

• (Rires). La santé n’a pas de prix. La seule chose qui peut me déstabiliser c’est de ne pas avoir quelque chose sous la main quand un proche est malade. Je remercie Dieu, j’ai toujours pu m’en sortir et tendre la main à d’autres. Ça m’a aidée à réaliser un certain nombre de choses.

Ils sont nombreux tes parents à s’embarquer pour l’Italie ; n’as-tu pas eu un certain moment l’envie de disparaître à travers les champs de tomates ?

• (Rires). J’ai eu plusieurs fois l’occasion de partir en Europe. En plus, avec mon métier, ça me permet d’aller et de venir. Je n’ai jamais rêvé de disparaître quelque part. J’aime mon pays et n’allez pas comprendre que ceux qui sont partis n’adorent pas leur pays. Pas du tout ! Au contraire mes parents qui sont en Italie depuis des années ont une bonne image. En effet, on apprécie ce qu’ils font et j’ai eu l’occasion de le constater. C’est pour ça qu’il me plaît de savoir que c’est des Bissa qui nous honorent. Je n’ai donc pas eu l’occasion de disparaître dans un champ de tomates, lequel champ était éloigné de notre base (rires). Mais je dois avouer que j’ai mangé beaucoup de tomates parce que, là-bas, 1, 2, 3 et on consomme du tomadoro, 1 , 2, 3, tomates (rires).

Quelle suite donnes-tu à ta carrière ?

• En ce moment, je travaille pour la sortie d’un album. "Y croire", c’était tout juste un thème qui me tenait à cœur, un thème également qui me permet d’aller de l’avant, d’avoir du courage par rapport à tout ce que j’ai traversé. Je veux faire allusion à mon problème vocal qui a énormément affecté mon moral.

Quelque part, je n’y croyais plus et il fallait tout simplement croire en étant forte dans la tête. J’y ai cru. Aujourd’hui, même si je ne suis pas à 100% de mes capacités, je suis contente de savoir que les choses évoluent. Je prends donc mon temps pour préparer mon prochain album qui sera de 10 titres. Il y a des surprises dans l’air. Avec la sortie en Italie, j’ai beaucoup échangé avec Sahel Production et nous avons des projets très très intéressants.

Par ailleurs, comme on ne finit jamais d’apprendre, je continue à travailler davantage côté vocal, scénique afin de donner une couleur agréable à ma prochaine œuvre. Ce qui me préoccupe le plus, c’est de pouvoir la placer sur le plan international. Donc ça prendra le temps qu’il faudra et je ne voudrais pas qu’on me bouscule. Je respecte mon public et il me le retourne aussi. Il ne doit pas être déçu par mon album.

Cyr Payim Ouédraogo cyrpayim@hotmail.com

Observateur Paalga

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