LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Mondial 2006 : Le Ghana entretient le rêve

Publié le vendredi 23 juin 2006 à 07h25min

PARTAGER :                          

Après le réveil tardif quoique séduisant des Ivoiriens face à la Serbie Monténégro, les Ghanéens ont confirmé l’immense espoir placé en eux, en battant les USA (2 buts à 1) après un match d’un haute intensité tactique. En huitième de finale, quel que soit le résultat, les Black Stars auront mérité du continent.

Le Ghana avait ouvert les portes de l’espérance et du rachat, après leur match épique contre la République tchèque, deuxième puissance footbalistique mondiale à l’indice de la FIFA. Habitués à l’inconstance et au « hourra-football » qui caractérisent bien des nations africaines, les analystes avaient épilogué sur cette absence de « réflexion » pour dire leur scepticisme quant à une suite de la même veine. C’est vrai que l’absence de culture tactique et la spontanéité sont les « vertus » les mieux partagées sur le continent, mais, les Black Stars du mondial 2006 ont définitivement prouvé qu’ils avaient surmonté cette tare.

Le Ghana allie en effet les dimensions spirituelle et matérielle du football avec un bloc-équipe compact qui laisse peu de place aux balles « perdues », une animation défensive au point donc, qui permet de ressortir de ballons « propres » sur les ailes où les hommes couloir (Haminu Draman et Derek Boateng pour ce match) les remontent promptement vers les attaquants. Une attaque qui reste le point faible de l’équipe, ce que Mathieu Amoah et Pimpong commis à la tâche de « buter » ont encore prouvé. Autrement et dans la gestion « séquentielle » d’un match, autre point faible de nos équipes (rappelez-vous le match de classement de la CAN 98) le Ghana a montré que là aussi, il était à la hauteur.

On a ainsi vu les Black Stars jouer sur un faux rythme après avoir ouvert le score, pour aussitôt accélérer quand les Américains sont revenus à la marque et prendre de l’avance sur le penalty de Stéphen Appiah à la 45e minute. Ce Ghana a eu plus la « chance » d’avoir un coach qui a une connaissance pointue du football qu’un tremblement de terre même ne saurait altérer.

Le gâchis ivoirien

Quand Eric Addo le sociétaire du PSV/Eindhoven est entré à la place de Mathieu Amoah (un milieu récupérateur, pour un attaquant), c’est tout le schéma tactique de l’équipe qui a été revu. Au plus fort de la domination américaine, il fallait densifier le milieu de terrain et casser encore plus le rythme, exercice dans lequel, Essien « The big man » est un maître.

A force du buter sur le mur rouge dressé sur leur chemin, les « Yankees » ont fini par s’étioler et par perdre leurs dernières illusions. Surtout que la tour de contrôle, John Mensah, toujours « impec, » ressortait les ballons que les milieux n’avaient pu ratisser. Enthousiasme et réflexion dans ce qui demande confirmation surtout face au prochain adversaire qui n’est autre que le tenant du titre : le BrésilUn Brésil qui n’a pas encore montré tout son potentiel, notamment en attaque où la paire Adriano/Ronaldo ne se retrouve pas pour le moment. Un Ronaldo qui se traîne jusque là, mais dont le talent commande le respect et la prudence.

Autre marque des champions du monde en titre des milieux récupérateurs un peu lents (notamment Emerson) qui tardent à mettre Ronaldinho sur orbitre. La Star du Barça n’a jusque-là pas montré le football dont il nous a habitué. Au point que Zé Roberto et Kaka sont les seuls inspirateurs de ce Brésil auquel on promettait la lune. Mais, le Brésil reste le Brésil, capable d’éclairs de génie et sûr de sa force.

Il faudra un « great » Ghana pour donner la réplique et l’on salive déjà devant cette confrontation que tout un continent attend quoiqu’il advienne, les Ghanéens devant œuvrer à ne pas être ridicules, les Ivoiriens et dans une moindre mesure les Angolais leur ayant montré la voie de l’honneur. Les Ivoiriens qui ont été battus par les Argentins et les Hollandais à cause d’erreurs de débutants (mauvais placement de Tizié sur le coup franc de Van Persie, défense en ligne mal appliquée sur les buts argentins) se sont rachetés en battant la Serbie/Monténégro, un grand d’Europe qui a terminé première dans sa poule sans avoir encaissé le moindre but.

Du coup, on a envie de crier au gâchis, le coach français Henri Michel n’ayant pas su exploiter l’immense potentiel dont il disposait. En choisissant de jouer avec une ligne d’attaque Dindané/ Arouna Koné avec Kader Keïta feu-follet qui ratissait tout le front de l’attaque, la Côte d’Ivoire a épuisé l’arrière-garde serbe qui a fini par concéder deux penalties. Mieux, le coaching de Michel s’est révélé payant, lorsqu’il a choisi de faire jouer les vingt dernières minutes à Bonaventure Kalou.

Un kalou qui a amené le troisième but, preuve qu’il était plus utile dans le rôle de joker que celui de titulaire comme il l’a été lors du premier match. « Henri Michel n’est qu’un mâcheur de chewing-gum » ont clamé, dépités les supporters Ivoiriens qui ont quasiment raison. Il vous souviendra que l’enfant terrible du football français, Eric Cantona, l’avait traité de « sac à m... » en 1988, lui promettant un destin peu glorieux.

Rétrospectivement, les faits lui donneront raison. Pour en revenir au Ghana, disons que la suite de la compétition n’est que du bonus et les Black Stars devront le comprendre en se faisant et en nous faisant plaisir. « Black Stars avec really staves » !

Boubakar SY

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina/Reprise de la Ligue1 : Quatre chocs à l’affiche