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Energies renouvelables : Enjeux de l’utilisation des équipements solaires

Publié le vendredi 23 juin 2006 à 08h09min

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La consommation d’électricité est devenue incontournable dans le monde. Les sources traditionnelles de cette énergie (pétrole, gaz, charbon) ne sont pourtant pas inépuisables.

La production d’énergies renouvelables telle le solaire, la biomasse et la géothermie est donc une nécessité, surtout pour les pays qui en sont favorisés par la nature comme le Burkina Faso. La fabrication d’équipements solaires y est une réalité et ses enjeux méritent que l’on s’intéresse à ce secteur.

A Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, il est possible de trouver dans certains magasins, des équipements fonctionnant à base d’énergie solaire. Les plus courants sont les séchoirs, les pompes à eau, les chauffe-eau et les lampes. Cela montre que le rayonnement solaire peut être converti en chaleur (solaire thermique) ou en électricité (solaire photo- voltaïque) au bénéficie des populations. Le Centre écologique Albert Scheitzer (CEAS) créé en 1982 à Ouagadougou par la Fondation CEAS basée en Suisse a décidé d’exploiter cette richesse naturelle.

Grâce à son département de technologies appropriées, il forme les artisants locaux à la fabrication de matériels solaires, monte les plaques ou panneaux solaires et procède à leur installation. Charles Didace Konseibo, responsable du département, affirme que le CEAS, convaincu de l’avenir prometteur du photovoltaïque, s’est lancé dans le secteur en 2004.

Selon lui, les personnes qui s’intéressent aux équipements solaires sont issues de plusieurs catégories socio-professionnelles : fonctionnaires, entrepreneurs, artisans, organisations non gouvernementales (ONG)... Toutefois poursuit-il, les prestations du Centre s’adressent essentiellement aux artisants (soudeurs, menuisiers, mécaniciens, etc.) qui ont un minimum de connaissances dans leurs domaines d’activité et qui possèdent leurs ateliers.

Le responsable de l’atelier d’innovation technique ligne, fabrication, construction (INTELFAC), un bénéficiaire des prestations du CEAS, Sib Prospère Barry a confié que la plupart de ses clients sont des ruraux, des ONG et des associations. En effet, le besoin d’électrification se fait plus sentir dans les campagnes. Cependant, la hausse du prix des hydrocarbures amène de plus en plus de citadins à acheter des équipements solaires dont les coûts d’installation sont généralement élevés.

Le prix minimum d’un frigo solaire est de trois millions de F CFA. Celui d’une lampe solaire est compris entre 7 500 et 30 000 F CFA. Le consommateur doit débourser au moins 300 000 F CFA pour acquérir un séchoir solaire d’une capacité de 20 kg. Quant aux chauffe-eau utilisant la même énergie, leur installation nécessite au moins 500 000 F CFA.

Le soleil, une alternative au déficit énergétique

Même si les équipements ont une durée de vie assez longue (10 à 20 ans), on ne peut pas dire que leur prix sont à la portée du citoyen moyen burkinabè, ce qui expliquerait le fait que leur achat se fait généralement de manière groupée ou avec l’appui de bailleurs de fonds (ONG, Etat). Selon M. Konseibo, l’importation des constituants élémentaires des équipements solaires justifie ces coûts élevés. La fabrication des cellules de panneaux solaires, dit-il, relève de la haute technologie, toute chose dont le Burkina ne dispose pas.

Le pays sera dépendant des producteurs de cellules constitutifs des panneaux solaires s’il décide de développer le secteur photovoltaïque. Et même si la fabrication des cellules est maîtrisée, il se poserait, de l’avis de l’ingénieur, un problème d’énergie. En effet, la désintégration du silicium qui donne les cellules en question nécessite une quantité importante d’énergie tirée à partir des sources traditionnelles de production d’énergie dont le Burkina ne dispose pas. Par ailleurs, les générateurs ne sont compétitifs par rapport aux générateurs diesel que pour de faibles demandes d’énergie en région isolée.

De plus, la fiabilité et les performances du système photovoltaïque restent équivalentes pour autant que la batterie et les composantes soient judicieusement choisies. M. Barry et M. Konseibo avancent toutefois que les technologies solaires présentent de nombreux avantages pour le pays. « Le solaire thermique a un coût quasiment nul par rapport au bénéfice qu’en tirent les utilisateurs », clament-ils.

Une fois l’équipement acquis et installé chez le demandeur, poursuivent-ils, l’usage est gratuite et s’étale sur une longue période. L’entretien également est relativement peu coûteux. Le recours au photovoltaïque se justifie aisément d’après eux dans les situations où il est irrationnel d’installer un réseau de transfert d’électricité conventionnel, comme dans les zones isolées.

En outre, le caractère modulaire des plaques permet un montage simple et adapté à des besoins énergétiques divers. Du reste, les technologies solaires sont non polluantes, silencieuses et n’entraînent aucune perturbation du milieu si ce n’est l’occupation de l’espace par les installations de grande dimension. Plusieurs fournisseurs d’équipements solaires ou photovoltaïques affirment n’entretenir aucune relation avec la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL). « La SONABEL n’est jamais intervenue dans nos activités hormis le fait qu’elle nous approvisionne en électricité », a laissé entendre M. Konseibo.

« Le soleil, ajoute-t-il, bien qu’étant la plus grande richesse du Burkina, ne peut remplacer totalement les sources d’énergie traditionnelle ». « Ces dernières années, les taxes sur les équipements solaires ont baissé », a confié M. Konseibo. Pour lui, cela traduit la volonté de l’Etat de favoriser leur expansion.

En 1996, le gouvernement avait initié des études sur un projet de développement de l’électricité. Une politique d’électrification rurale décentralisée a été mise en place depuis lors. D’ailleurs, un cadre stratégique sur les énergies renouvelables a été élaboré par le pouvoir de la IVe République.

Mme Nabantougou/Nanéma Louise, propriétaire du magasin « Energie Plus » tout comme M. Barry soutiennent que le secteur du solaire a de beaux jours devant lui, surtout le solaire thermique. « L’Etat doit, soit effectuer des baisses supplémentaires et conséquentes sur les taxes des équipements solaires soit subventionner ceux-ci s’il souhaite les vulgariser », a suggéré Mme Nabantougou.

Et M. Konseibo de renchérir : « C’est par ce système que les pays développés comme le Japon et l’Allemagne ont pu amener leur population à adopter les équipements solaires ». Tout compte fait, étudier et repenser les besoins des Burkinabè et y adjoindre l’usage des énergies renouvelables ne serait-il pas une façon de prémunir efficacement le pays face à d’éventuelles crises énergétiques ?

Séraphine SOME (serasome@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 27 juin 2006 à 19:12 En réponse à : > Energies renouvelables : Enjeux de l’utilisation des équipements solaires

    c’est tellement une evidente que cela me surprend de voir que l’on fait semblant de le decouvrir. quelle aberration (a part la paresse intellectuelle, l’acculturation ou les interets egoistes) que d’importer du petrole qui coute tres tres cher a nos pays qui n’ont pas les moyens quand on a un soleil qui nous cuit tous les jours !!!! quelle honte

  • Le 15 février 2007 à 12:37 En réponse à : > Energies renouvelables : Enjeux de l’utilisation des équipements solaires

    Le prix des installatoins solaires est effectivement un frein pour les particuliers, mais peut interesser différents types de regroupements (famille, quartier, chantiers divers), avec l’appui éventuel d’ONG. L’important est de faire connaitre les possibilités existantes sur le marché local. A partir d’une batterie 12V, on peut aussi monter des systèmes de purification de l’eau...
    Où peut on rencontrer les artisans formés à ces techniques sur ouaga ?
    Yann

  • Le 3 octobre 2007 à 16:04, par Doctorant à l’université d’Abobo-Adjamé (ABIDJAN) En réponse à : > Energies renouvelables : Enjeux de l’utilisation des équipements solaires

    J’aimerai entrer en contact avec Le Centre écologique Albert Scheitzer (CEAS) à Ouagadougou. Je suis intéressé par les séchoirs solaire.

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