LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Transformation du neem par le groupement Wendpanga : Une plante, des vertus, un savoir-faire

Publié le vendredi 23 juin 2006 à 08h11min

PARTAGER :                          

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le groupement féminin Wendpenga de Kaya a réussi la prouesse de valoriser les vertus du neem, une plante de la famille des Acajous. Voyage à la découverte d’un savoir-faire local qui se met au service de la transformation alimentaire et médicinale.

A Kaya dans le Sanmatenga, les femmes du groupement « Wendpanga » qui signifie en langue mooré « la force de Dieu » valorisent les merveilles « cachées » du neem. Grâce à des techniques manuelles, elles fabriquent trois produits à base des graines de neem. L’huile, le savon et les résidus qui servent à lutter contre les attaques des termites. D’abord l’huile de neem est destinée à la consommation. Mais attention, elle est très aigre. De plus, selon les femmes du groupement cette huile aurait des vertus thérapeutiques.

Ainsi, elle aiderait à soulager les personnes souffrant de sinusites de leur mal. Cette huile aurait également, en attendant la confirmation des spécialistes, des effets positifs sur les ulcères d’estomac, la tension artérielle et la toux. Ces résultats s’obtiennent, d’après les femmes du groupement, par la prise régulière de cette huile pendant au moins un mois. Embouteillée, l’huile du neem se vend entre 250 et 500 F CFA. Elle sert enfin de crème qui éloigne les moustiques.

Ensuite, il y a le savon. Ce produit se prépare durant deux jours. Selon la secrétaire générale adjointe du groupement, Alimata Ouédraogo, la fabrication du savon obéit à plusieurs étapes. La première consiste à écraser les graines de neem pour obtenir de la farine. Celle-ci est, par la suite, malaxée à froid de façon à en extraire l’huile. « Ce procédé se fait sans aucun mélange de produit externe », a expliqué Mme Ouédraogo.

L’huile ainsi obtenue va servir d’une part à la consommation et à la fabrication du savon d’autre part, a indiqué Mme Mariam Sawadogo, membre du groupement. En effet, à la quantité qui est destinée à la fabrication du savon, les femmes associent d’autres produits comme le silicate, le parfum, la poudre cosmétique ou le miel. « C’est ce mélange qui permet d’obtenir le savon de neem », a précisé Mme Sawadogo. Un savon qui, à en croire les étiquettes, combattrait la gale, les tartres, la teigne, la blancheur des cheveux, les courbatures et la fatigue.

Et ce n’est pas tout, ce savon préviendrait le paludisme tout en rafraîchissant et en adoucissant la peau. En attendant que ces merveilles soient plus vulgarisées, les femmes du groupement Wendpanga caressent le secret espoir de voir leurs outils de travail s’améliorer de façon à donner un cachet plus moderne à leurs produits. Pour cela, le groupement attend d’être financé par les structures compétentes, car jusqu’ici, les femmes du groupement travaillent manuellement et n’ont pas encore bénéficié de financement en dehors de celui de l’ANAS (Association Nakoglebzanga des artisans du Sanmatenga).

Créé il y a une dizaine d’années, le groupement Wendpanga compte environ 20 membres. Il transforme également d’autres produits alimentaires comme les mangues, les oignons ou les tomates séchées et fabrique du soumbala. Tout ce savoir-faire mérite d’être soutenu, vu que le groupement a une capacité journalière de fabrication de savon estimée à 300 boules en 10 jours.

Si la base du savoir existe, il reste maintenant à l’approfondir, à l’améliorer, afin que les produits du groupement puissent être compétitifs. « Les gens achètent bien notre savon vu qu’il soigne certaines maladies », s’est réjouie Mme Ouédraogo. Une joie d’autant plus légitime que les femmes du groupement doivent persévérer si elles ne veulent pas voir leur « bébé » mort-né.

La survie du savon de neem dépendra de leur capacité à convaincre par la qualité le consommateur local, puis régional voire national. Le marché de la capitale, constitue de plus d’un million de consommateurs potentiels reste à conquérir rapidement.

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)