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Municipales : Le CDP dirige, l’ADF/RDA s’oppose

Publié le jeudi 22 juin 2006 à 07h36min

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La page des élections municipales est en train d’être tournée à Ouahigouya. Le grand chamboulement annoncé par le parti de Me Gilbert Noël Ouédraogo au cours de la campagne électorale n’a pas eu lieu. En définitive, le parti au pouvoir, le CDP, a confirmé sa suprématie dans l’ensemble de la province du Yatenga.

L’ADF/RDA traditionnelle rivale du méga-parti est sortie presque humiliée après ces élections dans les « cités du pouvoir ». Dans la commune urbaine de Ouahigouya, tout comme dans les 12 autres communes rurales, c’est le CDP qui occupe les têtes des mairies.

Pour ces élections municipales, ils sont nombreux ceux qui avaient cru à une entrée en force de l’ADF/RDA. Le parti de l’éléphant, profitant des problèmes des choix des candidats CDP sur les listes de candidatures dans les différents secteurs de la commune de Ouahigouya, était certain de reconquérir son fief électoral.

Ce fut une simple illusion à l’arrivée. Le soir du 23 avril 2006, les responsables du parti de l’éléphant ont présenté des mines piteuses. Le président national du parti, Me Gilbert Noël Ouédraogo, a eu des sueurs froides. Il craignait pour son élection au secteur 2 de Ouahigouya où il s’était présenté tête de liste de son parti. Pour preuve, la majorité du gotha politique du parti de l’éléphant ont sué à grosses gouttes dans les bureaux de vote pour assister au dépouillement.

Le CDP avait l’ambition d’empêcher l’élection du patron de l’ADF/RDA, mais il a réussi à s’arracher 1 siège, laissant les deux autres sièges au CDP. La proclamation des résultats à la fin des votes pour la commune urbaine de Ouahigouya donnait 80 conseillers au CDP et 32 à l’ADF/RDA. Mais la proclamation des résultats officiels par le conseil constitutionnel a donné 81 conseillers au CDP et 31 à l’ADF/RDA.

Comme à chaque élection, on a assisté à une véritable campagne de fraudes à Ouahigouya et face à l’intransigeance des comités de vigilance de l’ADF/RDA qui avaient réussi à mettre la main sur des voteurs suspects, on avait cru assister à une véritable bataille judiciaire pour l’annulation des résultats.

Effectivement, le parti de l’éléphant s’est transporté devant le tribunal administratif de Ouahigouya. Comme un aveu d’impuissance, Gilbert Noël Ouédraogo s’est éclipsé et a jeté son directeur régional de la compagne, Etienne Ouédraogo, en pâture, pour un dossier mal ficelé. L’ADF/RDA est ressorti de ce procès la queue entre les pattes.

A vrai dire, la moisson de l’ADF/RDA au sortir de ces élections a été decevante. Laminée dans la commune urbaine de Ouahigouya, elle l’a été encore davantage dans les 12 autres communes rurales : Zogoré, Thiou, Tangaye, Namissiguima, Kaïn, Oula, Seguinéga, Ramba, Kossoura, Barga, Koumbri, Kalsaka.

Bilan, le CDP règne en maître sur l’ensemble des bureaux de tous les conseils municipaux de la province. Pas de concession, même pas pour les deux conseillers dans chaque commune pour le conseil régional pour un parti qui a privilégié la collaboration depuis 2000. Cette fois-ci, ses adversaires n’ont pas fait de cadeaux.

Rien que pour la commune de Ouahigouya, l’ADF/RDA a occupé pendant le conseil municipal passé les postes de maire adjoint et la présidence d’une commission. Cette fois-ci, ils ont tous été mis à la porte.

Le CDP n’a pas fait de concession. Etonnant tout de même, car ces deux partis ont tous bataillé pour l’élection du président Blaise Compaoré candidat du CDP. Mais à Ouahigouya, la rivalité a été tenace entre les deux partis au cours de la campagne électorale lors des élections municipales. L’ADF/RDA s’est montrée très menaçante et a adopté un discours très incisif à l’égard du CDP.

Renvoyée à l’école de l’opposition

Après la mission bien remplie pour l’élection de Blaise Compaoré, les responsables du CDP ont senti que l’ADF/RDA a voulu se coucher sur leur natte et les pousser à terre. Gilbert Noël Ouédraogo a voulu disputé le leadership à Salif Diallo dans la région du Nord pour nuire à ses relations avec Blaise Compaoré.

La célèbre phrase, nous voulons être le meilleur fils de Blaise, traduisait toute l’ambition de l’ADF/RDA. Malheureusement, la stratégie adoptée a été désastreuse pour l’héritier de Gérard Kango Ouédraogo. Pour avoir soutenu la candidature de Blaise Compaoré, il est aujourd’hui en déphasage avec une grande partie de ses militants, mais aussi du côté du CDP, il est chassé comme un mal-propre.

Gilbert Noël Ouédraogo a voulu "souffler et mordre le CDP". En tout cas, du côté de Ouahigouya, on lui a enlevé toutes ses dents tout en lui inculquant une véritable leçon : l’opposition s’oppose, la majorité gouverne. Dans la cité de Naba Kango, la méfiance entre le CDP et l’ADF/RDA est vraiment prononcée. La déclaration du SG du CDP du Yatenga, Abdoulaye Sougouri, paru dans le quotidien le Pays du mardi 30 mai 2006 traduit tout.

Morceaux choisis. « En effet, après les élections démocratiques, transparentes et équitables du 23 avril 2006, notre parti aura la noble et lourde responsabilité de présider aux destinées des 12 communes rurales et celles de la commune urbaine de Ouahigouya. Chers militants et militantes, rappelez-vous qu’avant ces élections, certains « prestidigitateurs politiques » ne donnaient pas chère la peau du CDP, d’autres dans leurs élucubrations, avaient poussé l’outrecuidance jusqu’à programmer « la belle mort » de notre parti au profit d’un certain parti.

Mais que de désillusions, de fantasmes brisés pour ces adeptes de rêves cauchemardesques
... C’est l’occasion pour moi et tous les camarades de la direction provinciale de vous réitérer nos salutations militantes pour cette prouesse réalisée qui vient démentir sur toute la ligne un certain courant de pensée, galvaudé et suranné, faisant du Yatenga la chasse gardée ou le fief d’un certain parti politique de l’opposition ».

Une déclaration tout de même teintée d’excès et de suffisance. Le SG du CDP devait avoir au moins une certaine humilité car incontestablement la fraude a été généralisée et banalisée à Ouahigouya et les observateurs l’ont d’ailleurs soulignée.

En dehors de Salif Diallo qui a confirmé sa suprématie sur son "jeune frère" Gilbert Noël Ouédraogo et sur certains de ses camarades de parti qui attendaient sa perte au sortir de ces élections, le grand gagnant de ces élections n’est autre que le signataire de cette déclaration.

Militant anonyme du CDP, il a profité d’un désaveau de Boureima Ouédraogo Matourkou, SG provincial en 2004, pour se voir parachuter à la tête du parti. Comme l’a si bien dit un militant du CDP, l’étoile de Abdoulaye Sougouri brille actuellement. Docile, Salif Diallo semble trouver en lui le profil du militant qu’il veut.

C’est peut-être pour cette raison qu’il a été parachuté maire de la commune urbaine de Ouahigouya. En vérité, le nouveau maire de Ouahigouya est tout le contraire de ses prédécesseurs qui sont des personnalités pleines, jalouses de leurs indépendances, ayant fini par avoir de sérieux problèmes avec leur maître (Bernard Lédéa Ouédraogo et Issa Joseph Diallo).

Mais de tous les maires récents, le plus à plaindre est certainement Simplice Ouédraogo qu’on a utilisé en 2004 pour démonter Issa Joseph Diallo pour après le jeter comme un Kleenex. On a coupé toutes les ambitions du maire sortant en l’écartant des listes de candidatures.
Tous les trois derniers maires ont quitté la tête du conseil municipal les cœurs presque meurtris. Abdoulaye Sougouri pourrait-il faire exception à la règle ? Son ascension fulgurante peut faire des jaloux dans sa propre maison. Dans le CDP Yatenga, ce ne sont pas les spécialistes des intrigues et des peaux de bananes qui manquent.

Se basant sur sa gestion de SG provincial du CDP, certains lui reprochent de ne pas avoir la main large. Si on sait que la majorité de ceux qui pullulent derrière le CDP sont venus pour leur « tube digestif », ils n’hésiteront pas à rappeler au nouveau patron du conseil municipal son passé. On se rappelle qu’en 1997, lors d’une élection des structures de base du parti, on avait rappelé à un des militants, aujourd’hui élu pour le conseil régional, l’histoire d’achat de piment à 200 000 F, un bœuf à 1 million.

Ce conseil municipal note également le retour en force de certains militants tombés en disgrâce. C’est l’exemple de Issaka Ouédraogo, ancien directeur de cabinet, chassé par Issa Joseph Diallo de la mairie, élu tout dernièrement président des affaires économiques et étrangères.

Au-déla de la suprématie du CDP, l’ADF/RDA demeure toujours la deuxième force politique dans le Yatenga. Au sein de ce conseil municipal, le parti de l’éléphant possède des nouveaux élus comme le député Sidiki Belem, Ismaël Nandian Ouédraogo et du président du parti Gilbert lui-même qui auront à batailler dur, ne serait ce que pour se faire entendre.

Jules Zongo

Bendré

P.-S.

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