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Raphaël Kompaoré, directeur des arts du spectacle : “Nous allons produire cette année, plus de 100 clips”

Publié le mercredi 21 juin 2006 à 08h01min

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Raphaël Kompaoré

Raphaël Kompaoré est le Directeur des arts du spectacle et de la coopération culturelle (DASC). En tant qu’autorité en charge de la culture, il donne son entendement de la fête de la musique. Il apprécie la musique nationale et la politique mise en place pour sa promotion.

S. : Comment appréciez-vous le fait qu’une journée soit dédiée à la musique ?

R.K. : La fête de la musique a été instituée par le ministère en charge de la Culture de la France en 1982. Il a fallu pratiquement dix (10) ans après pour que le Burkina Faso s’approprie cette fête. Depuis 1991, elle est célébrée régulièrement en partenariat avec les centres culturels français et certaines associations.

Les autorités du ministère de la culture accompagnent cette journée parce qu’elles croient que l’Etat doit avoir un regard sur la manière dont les choses sont organisées. La fête de la musique est important à plus d’un titre. Elle permet de marquer un temps d’arrêt pour voir ce qui a pu être fait comme productions aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif. Ensuite, elle permet de valoriser la musique et le musicien. C’est un moment fort qui permet aux musiciens et au public de communier vivement à travers la musique. La fête de la musique fait partie de la vie culturelle nationale car comme l’a dit un auteur, Brunot Frappat, « c’est l’art le plus populaire et le plus gratuit ». Ce qui justifie l’organisation de milliers de concerts gratuits.

S. : Quelle est votre appréciation de la musique burkinabè ?

R.K. : Il faut qu’on arrête de nous autoflageller, d’être modestes de façon béate. Nous devons aujourd’hui nous satisfaire de la qualité de notre musique. Les dix dernières années ont révélé l’ingéniosité de nos musiciens et la qualité de leurs œuvres. Aujourd’hui, nous n’avons plus à nous offusquer devant quelques créations qui, qu’elles soient et d’où qu’elles viennent. Nos artistes ont montré que la musique burkinabè peut avoir à revendre. Des artistes tels le groupe Yeelen, Sami Rama, Smockey, etc. en sont la preuve. Les autorités doivent pouvoir les accompagner dans la mesure du possible.

S. : Existe-t-il vraiment au Burkina Faso une politique de promotion de la musique ?

R.K. : La promotion de la musique burkinabè n’est pas l’apanage de l’Etat. Au niveau institutionnel, il y a des activités qui favorisent cette promotion. Il s’agit de la Semaine nationale de la culture (SNC), les Grands prix nationaux, la Caravane du Sahel. Cette dernière offre par exemple, un plateau tournant qui alterne entre les sorties à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Nous étions au Ghana, l’année passée. Cette année, nous préparons une grande sortie dans l’Est et le Sud-Est du pays après la saison pluvieuse. Par contre, je dis que le privé doit vivement s’impliquer dans cette promotion de la musique. Bien sûr, il y a des jeunes promoteurs très organisés et ambitieux qui nous font plaisir.

Cependant, il n’y a pas encore des promoteurs de très grand gabarit. Nous espérons qu’avec le temps, les uns et les autres vont se bonifier. Pour faire la promotion, il faut d’abord produire. Le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme s’attelle également à le faire. Nous allons produire, cette année, plus de 100 clips pour nos artistes-musiciens. Nous soutiendrons à peu près à cette hauteur, les artistes en matière de production. Nous allons aussi accompagner des artistes dans leurs tournées. Le ministre envisage la relance de certaines activités tels le prix du meilleur spectacle à l’école primaire et le festival des arts et spectacles du supérieur.

Ce sont des activités qui permettent à la base de détecter les jeunes talents et de les promouvoir. Nous sommes également en train de songer à la possibilité de faire adopter une loi sur le mécènes. C’est une loi qui devrait permettre à des sociétés ou entreprises de soutenir une activité culturelle et artistique avec en contrepartie, un certain nombre d’avantages accordés aux sociétés mécénes.

S. : Certaines structures de production privées se plaignent ne pas sentir le soutien du ministère. Qu’en dites-nous ?

R.K. : C’est dans la mesure du possible que nous agissons. Par contre, certaines structures doivent faire un pas extrêmement important. La plupart des structures de promotion et de production travaillent dans l’informel. Depuis 2004, le ministère veut les sortir de là, en organisant le secteur notamment par l’octroi d’une licence d’entrepreneur culturel.

A l’heure actuelle, il n’y a qu’une dizaine de promoteurs culturels qui sont à jour. Le ministère peut-il soutenir des gens qui choisissent d’être en marge de la législation ? Nous invitons les uns et les autres à se mettre en règle vis-à-vis de la règlementation, à s’organiser. C’est ainsi que nous allons les soutenir dans leurs activités. Cette année, la loi sera appliquée dans toute sa vigueur.

Entretien réalisé par Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 21 juin 2006 à 15:47, par FAS En réponse à : > Raphaël Kompaoré, directeur des arts du spectacle : “Nous allons produire cette année, plus de 100 clips”

    Bonjour,
    Il faut reconnaitre que le ministère de la culture a beaucoup fait pour la promotion de la culture burkinabè depuis quelques années et cela est à son honneur. Sur le plan de la musique en particulier, les burkinabè, jeunes et vieux, ont de plus en plus l’occasion de savourer des productions musicales bien de chez nous. La promotion de la musique burkinabé est, donc, devenue une réalité. Pour s’en convaincre, il suffit de se brancher sur les différents médias. Que ce soit sur les ondes de la Radio Burkina ou des différentes stations FM du pays ou que ce soit sur la "Chaine du plaisir partagé", on distille de la musique burkinabè pour tous les gouts (ou presque) meme si la qualité des oeuvres laisse parfois à désirer. Par exemple, certains clips qui passent sur le petit écran sont de piètre qualité et il faut avoir le courage de le dire. Et quand je pense que les émissions de notre chère Télé sont maintenant suivies par des télespectateurs du monde entier, cela me fait un peu honte. Le ministère de la culture devrait etre plus regardante et plus exigeante sur la qualité des oeuvres à produire et à promouvoir car, on ne le dira jamais assez, quelque soit leur patriotisme, les burkinabè se garderont bien de "consommer" des productions dont la qualité ferait rougir le plus inculte en matière de musique.
    A bon entendeur, bonne fete de la musique...
    FAS

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