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Filière coton en Afrique : En finir avec le dossier

Publié le mardi 20 juin 2006 à 07h51min

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Après Cotonou en mars 2004, c’est au tour de Ouagadougou d’abriter du 19 au 20 juin, un séminaire international sur le développement de la filière coton. Cette réunion doit aboutir à des décisions appropriées pour la survie du coton africain.

Les contonculteurs africains ont, en ce moment, le regard tourné vers Ouagadougou où se tient les 19 et 20 juin 2006, un séminaire international sur le développement de la filière. Cette rencontre qui regroupe les gros producteurs de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (Burkina, Mali, Tchad, Bénin, Cameroun) devra aboutir à d’importantes résolutions engageant l’avenir du coton africain. En effet, les pays africains veulent, au regard de l’enjeu, lever de façon diligente et définitive, tous les obstacles liés à l’épanouissement du secteur.

Le ministre en charge de l’Agriculture du Burkina, Salif Diallo, a souligné que l’heure n’était plus aux tergiversations pendant que les filières cotonnières africaines dépérissent et périclitent. « Il est urgent d’aboutir à des décisions rapides et courageuses pour éviter de tomber dans le paradoxe des débats interminables », a-t-il déclaré.

Car cette année encore, le contexte international est très peu favorable au développement de la filières coton en Afrique de l’Ouest et du Centre. Outre la hausse vertigineuse du prix du pétrole, les négociations de Hong Kong en décembre 2005 n’ont pas connu d’avancées significatives. Pendant ce temps, les subventions américaines et européennes se poursuivent. Certes, il est vrai que les Américains ont décidé de réduire de 80%, leurs subventions aux producteurs, mais cet effort reste tout de même insuffisant, de l’avis des acteurs africains qui attendent leur suppression totale.

Au-delà de ces questions d’ordre commercial, d’autres difficultés, non moins importantes, entravent la compétitivité de la filière coton en Afrique. Entre autres facteurs, la dégradation des sols et de l’environnement, la forte dépendance des prix à l’exportation (la filature locale n’absorbe que 3% des fibres produites) et la stagnation des rendements depuis 1985.

Ce séminaire de Ouagadougou est une continuité de la réunion de Cotonou organisée sur le dossier coton en mars 2004. Il offre l’occasion de faire le point de la mise en œuvre des recommandations de l’atelier de Cotonou et d’examiner les progrès réalisés en matière de réformes des filières cotonnières dans les pays africains. Il permettra également à l’ensemble des pays, de se mettre au parfum des dernières évolutions des négociations à l’OMC.

Fatouma Sophie OUATTARA
Nadoun COULIBALY


Analyse

Les cotonculteurs attendent les retombées

Alors que les cotonculteurs de Tiè dans les Banwa ou de Kankalaba dans la Léraba sont en pleine période des semis, des experts et des délégations d’organisations et de gouvernements réfléchissent à Ouagadougou sur le développement de la filière cotonnière en Afrique de l’Ouest. Certes, l’initiative des quatre pays d’Afrique (Burkina, Mali, Tchad et Bénin) a permis d’enregistrer des progrès en matière de coton avec notamment la levée d’au moins 80% des subventions accordées aux producteurs américains.

Des avancées que le ministre burkinabè en charge de l’Agriculture Salif Diallo a jugé « bons mais pas arrivés à la hauteur des attentes du continent ». Vu surtout que l’Union européenne tarde à suivre le mouvement. Il reste maintenant à répercuter cette nouvelle donne, mince soit-elle dans les campagnes afin que le producteur le plus réculé et le plus pauvre bénéficie des retombées de sa production.

Les Africains doivent, tout en accentuant la pression à l’OMC et sur leurs partenaires du Nord, développer de nouvelles initiatives pour pérenniser et sauvegarder la filière cotonnière. Il faut dans cette perspective diversifier la production en introduisant par exemple le coton transgénique.

L’expérience du coton équitable et du coton biologique pourrait être poursuivie et intensifiée. La lutte est d’autant plus légitime que la survie de 20 millions de producteurs pourrait être en cause si rien n’est fait pour préserver le coton africain. Au lieu de se balader de salon feutré en salon feutré, de séminaire en colloque, les Africains doivent prendre leurs responsabilités. Personne ne viendra secourir la filière cotonnière à leur place.

Pas plus les Américains que l’Union européenne et la Chine dont le coton et la friperie occupent une part croissante du marché mondial. Le problème de la filière réside moins dans la qualité de la fibre que dans la prise et la mise en œuvre de politiques et programmes clairs et fiables. Il faut un environnement politiquement stable et économiquement favorable à une consommation du coton sur place.

L’Afrique doit d’abord transformer son coton pour son marché local. Les experts pensent qu’une industrie textile nationale couvrant les besoins locaux estimés à 10 000 tonnes/an rapporterait un chiffre d’affaires de 20 milliards de F CFA. Ce qui pourrait améliorer la balance commerciale du simple à plus du tiers, soit une plus value d’environ 14 milliards de nos francs. Par exemple, un kilogramme de coton fibre vendu à 825 F CFA, transformé en tissu de 750 grammes, sera vendu à 2000 F CFA.

Il y a donc urgence à adopter des politiques claires et soutenues, de transformation du coton. Celles-ci doivent passer par l’implication de nouveaux acteurs. Combien de gros producteurs ou d’opérateurs économiques sont-ils actionnaires d’une filature ? Les spécialistes estiment qu’une industrie textile bien ficelée, générerait environ 2000 emplois directs et 6000 autres indirects. Il s’agit là d’une aubaine car la lutte contre la pauvreté commence surtout par la création d’emplois.

Nadoun COULIBALY (coulibalynadou2002@yahoo.fr)
Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya

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