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Mondial 2006 : Un Ghana en grand !

Publié le lundi 19 juin 2006 à 06h32min

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Alors que le mondial allemand avait commencé sous des auspices clairs-obscurs pour l’Afrique avec les errements des Togolais, la défaite des Eléphants face à l’Argentine et des Angolais devant le Portugal, la Tunisie est venue sonner le réveil contre l’Arabie Saoudite, avant que le récital des Ghanéens face aux Tchèques ne nous convainc définitivement qu’il y a de la « matière » en Afrique.

La performance des « Black Stars » du Ghana, samedi dernier, face à la République tchèque est à inscrire dans la lignée des grands matchs livrés par les équipes africaines en coupe du monde de football. De ceux-là, on peut citer la victoire mémorable de l’Algérie devant les « ogres » allemands (2 buts à un) lors du mondial espagnol de 1982 ainsi que celle historique du Cameroun en ouverture du « mondiale » italien en 1990 devant les champions du monde en titre, les Argentins et leur « dieu » vivant , Diego Armando Maradona. Une victoire qui préfigurait la chevauchée fantastique des Lions Indomptables lors de cette compétition, eux, qui ne seront éliminés qu’en quart de finale par les Anglais, grâce à un arbitrage complaisant.

On ne sait pas si le Ghana rééditera l’exploit des Camerounais, mais, en une soirée, les « Brésiliens d’Afrique » ont réconcilié tous les amoureux du foot, avec le sport-roi. Victimes d’une attaque « mollassone » et d’une défense hésitante face à l’Italie, avec Samuel Kuffuor qui avait perdu tous ses fondamentaux (placement hasardeux, manque d’anticipation et de lucidité), le Ghana a su rectifier le tir lors de sa seconde sortie.

Avec le colosse John Mensah, véritable chef de la défense qui a profité de l’intelligence d’Habib Mohamed à gauche, de la classe du gardien Richard Kingson et de l’activité inlassable de John Paintsil dans le couloir droit, le Ghana a fermé à double tour le « coffre-fort ». Dès lors, les métronomes du milieu, Stephen Appiah et Michael Essien, libérés des tâches défensives, pouvaient laisser éclater leur talent.

En coupant la transmission entre le trident tchèque Podorsky-Nedved-Plasil qui ne pouvait plus ravitailler Rusecki en ballons « consommables », Essien a prouvé qu’il est de la race des géants milieux récupérateurs et stratèges. De la trempe de Didier Deschamps dont la France est toujours orpheline, de l’Allemand Rainer Bonhof et Johan Neeskens, le Hollandais aux « trois » poumons et aux tirs foudroyants. Il y a aussi du Uli Hoeness (le patron du milieu allemand en 74) et du Bernd Schuster dans ce Essien, lorsqu’il passe la « surmultipliée » laissant adversaires et partenaires sur place.

Dès lors, le capitaine Stephen Appiah pouvait mettre ses attaquants sur orbite, ce qu’il fit dès la 1ère minute en propulsant Asamoah Gyan au but. Souley Muntani, autre homme de couloir si précieux, parachèvera la mainmise ghanéenne à la 65e minute par un tir canon qui ira se loger dans la lucarne gauche de l’irréprochable Petr Cech. Une mainmise qui est aussi le reflet de la haute culture tactique de l’entraîneur ghanéen Dujkovic et qui interpelle nos dirigeants à plus de rigueur dans le choix des coachs.

Cette inorganisation tant décriée

Seuls manques de ce Ghana de gala, l’absence de vrais « percuteurs » de la race des Eto’ Fils et Kaboré Joseph « Sap » et la faiblesse du banc. On a ainsi noté l’énorme gâchis dont a été coupable le premier buteur Asamoah Gyan, incapable de transformer en buts, des occasions en or, cependant que son compère Amoach n’était pas mieux loti. Une absence qui pourrait être rédhibitoire sur la durée, d’autant que et c’est le deuxième manque, les remplacements effectués, ont révélé la faiblesse du banc ghanéen. Longtemps considéré comme le patron dans les petites catégories, Derek Boateng n’a pas confirmé tout le bien que l’on disait de lui.

Quant à Razak Frimpong, il demeure l’attaquant brouillon qu’il a été dans ces mêmes catégories. Sa passe à un partenaire hors-jeu alors qu’il pouvait marquer le troisième but est une faute à ce niveau de la compétition. On se prend à regretter l’absence d’Ismaël Addo, buteur racé et fin qui n’a cependant pas connu la trajectoire qui devrait être la sienne. Pour autant, le Ghana nous a fait rêver, révélant les énormes potentialités d’un continent qui ne doit ses médiocres prestations qu’à l’organisation de son football.

Après le Cameroun plombé par des problèmes de primes en 2002 et le Sénégal où ces mêmes primes font toujours l’objet de débats, le Togo a approfondi le sillon de l’improvisation en 2006. Querelles sur le montant des primes, va-et-vient de l’entraîneur, déclarations intempestives des joueurs, le Togo n’était pas dans le mondial, au moment où ses adversaires étaient hyperconcentrés. Qu’il ait été battu par la Corée du Sud après avoir mené au score, rentre, de ce fait, dans l’ordre normal des choses. On ne demandera guère de miracles aux Eperviers dans un groupe où ils pouvaient bien figurer avec une France en proie au doute et une Suisse essentiellement physique et manquant de génie.

Il faudra donc « un peu plus de sérieux » pour que les prémices entrevues dans le jeu des solides Angolais face au Mexique donnent des fruits. Pour l’heure, d’Abidjan à Yaoundé, de Ouagadougou à Lomé, Luanda, Dakar.... les footballeurs sont souvent la proie de dirigeants peu scrupuleux et sans inspiration. Un gâchis tout simplement.

Boubacar SY

Sidwaya

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