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Transformation du coton : Mieux appréhender les enjeux de la filière

Publié le mardi 13 juin 2006 à 08h16min

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En marge du Salon des fibres et matières d’Afrique (SAFIMA) pour une mode équitable, une table ronde sur les enjeux du développement de la filière coton et textile a réuni vendredi 09 juin 2006 à Ouagadougou les acteurs du domaine. Ils ont passé au peigne fin les problèmes liés à la filière.

Les acteurs du coton et du textile africains veulent mieux percevoir les enjeux de cette filière. Des enjeux qui, mieux ficélés, devront permettre de développer la filière coton/textile en Afrique. Pour ce faire, les débats ont porté d’abord sur la transformation du coton et de la filière textile.

Pour les acteurs, la structuration de la filière textile en Afrique est une nécessité. Allant de la production du coton aux créateurs, c’est-à-dire à la transformation (designers, stylistes), celle-ci doit intégrer une démarche de développement durable qui porte sur certains produits finis et semi-finis textile de la mode et de la décoration. Il faut, de l’avis des acteurs concernés, intensifier la mise sur pied d’une industrie de transformation du coton en Afrique.

En effet, sur une production estimée à 2 millions de coton graine seulement 5 % sont transformées. De plus, la promotion et la commercialisation du textile et de l’artisanat africains doit passer par la sauvegarde des identités culturelles, des savoir-faire et de l’authenticité des produits dérivés.

Une telle disposition doit rimer avec protection intellectuelle et artistique des dessins et motifs africains, ont-ils préconisé. Toutefois, les animateurs de la table ronde ont souligné que le problème des matières premières d’Afrique a trait aux prix de vente qui défavorisent les producteurs africains.

Reconnaissant que le coton burkinabé a par exemple enregistré des bonds en termes de qualité, les animateurs pensent qu’il faut consolider les débouchés du coton, utiliser les canaux de distribution existants. De même, estiment certains observateurs, l’expérience du coton bio ou du coton équitable, doit être poursuivie et renforcée sur le continent.

Coton bio-coton équitable, panacée ou alternative ?

Pour ces tenants, le coton biologique ou le coton équitable peuvent être une alternative pour l’Afrique. Car poursuivent-ils, le coton biologique ou le coton équitable peuvent être une source de diversification des productions. Ils espèrent à travers l’introduction du coton bio et/ou du coton équitable redonner au coton africain un avantage comparatif, pour faire face aux cotons brésiliens ou chinois dans la perspective d’un développement durable. L’Afrique de l’Ouest est le 6e producteur mondial de coton et se positionne au 2e rang d’exportateur avec 85 %. Au Burkina Faso, le coton rapporte 60 % des recettes d’exportation.

Environ 3 millions de Burkinabè vivent des revenus du coton, selon des chiffres officiels. Soit un Burkinabè sur quatre. Et le président de l’Association des producteurs de coton africain (APROCA), François Traoré d’attirer l’attention sur les conséquences possibles d’une disparition éventuelle du coton dans les champs. Il faut, selon lui, que le producteur de Bèna dans les Banwa ou de Founza dans le Tuy puisse vivre convenablement et équitablement des revenus de sa production.

C’est là tout le sens et l’engagement de l’APROCA, de l’Union nationale des producteurs du coton (UNPC), des gouvernements d’Afrique de l’Ouest et des organisations professionnelles de producteurs. Car "sans coton ce serait la catastrophe en Afrique", martèle François Traoré, celui qu’on pourrait surnommé de José Bové du coton africain.

De plus, poursuit-il, la culture du coton au delà de son importance économique permet de retenir les jeunes dans leur terroir. "Au Burkina Faso, les producteurs de coton construisent des écoles, des dispensaires...", a-t-il souligné. Si les cotonculteurs s’organisent de plus en plus (APROFA, UNPC, CPF, etc.) pour défendre la filière coton, ils restent cependant confrontés à la baisse des cours mondiaux du coton, aux subventions accordées aux producteurs du Nord.

Certes, les Occidentaux avec à leur tête les Etats-Unis ont consenti depuis 2005 des efforts pour "régler" ces subventions, mais les experts dénoncent le fait que l’Afrique ne soit pas maîtresse du jeu dans le commerce du coton. "Le coton africain se trouve dans un système d’économie extravertie, il est transformé à seulement 5 %, le reste de la production, soit 2 millions de tonnes, est destiné à l’exportation", a expliqué un ingénieur et expert national du textile, Désiré Maurice Ouédraogo.

Et M. Ouédraogo de se demander comment faire, face à cette situation, pour que le cotonculteur le plus démuni, profite des revenus de sa production. Il se convainc alors de la nécessité de développer et de mettre en place des structures de transformation de la matière première sur le continent. Il propose que cette industrialisation soit bâtie d’abord sur la confection d’uniformes dans certaines administrations, la tenue militaire, des vêtements de travail. Celle-ci doit enfin s’accompagner d’une implication de nouveaux maillons (marqueteurs, économistes, etc.) qui vont permettre à l’artisan de créer, de produire et de vendre.

S. Nadoun COULIBALY (coulibalynadoun2002@yahoo.fr)

Sidwaya

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