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Après l’installation des conseils municipaux : Le plus dur est à venir

Publié le samedi 10 juin 2006 à 08h30min

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La décentralisation intégrale marque une étape décisive dans le processus de démocratisation au Burkina. Désormais les citoyens à la base ont des organes à la fois représentatifs et exécutifs. Chacun des huit mille villages du Burkina a élu au moins deux (02) conseillers.

Chacun des 352 chefs-lieux de préfecture a un conseil municipal et chacune des treize (13) régions aura bientôt une Assemblée régionale. La base de la pyramide démocratique est en voie de consolidation.

Les populations, aujourd’hui plus qu’hier, ont des instruments de décision démocratique qui sont appelés à jouer un rôle décisif dans le développement de leurs régions, villes et villages.

Finis les projets importés de l’extérieur ou qui tombent du sommet de l’Etat et pour lesquels les bénéficiaires n’avaient que le droit d’aider à l’exécution pour le meilleur des cas. Au pire, ils étaient invités à des inaugurations plus ou moins fastes avec coupure symbolique de ruban ou remise de clés en fanfare. Les conseils régionaux et municipaux, à n’en point douter, auront une meilleure visibilité des enjeux selon les zones.

Conséquence logique de cette excellence, ils seront mieux outillés pour l’élaboration et l’exécution de projets plus en phase avec les préoccupations des populations. Ces dernières sont désormais appelées à plus de participation. Exit donc les longues listes de doléances à l’adresse du pouvoir central, des ONG ou des députés sans penser à la manière, notamment financière, de leur mise en œuvre.

Chaque commune urbaine ou rurale a désormais son destin en main, l’Etat jouant le rôle de facilitateur et d’appui-conseil dans la mobilisation des ressources et dans l’exécution des projets. C’est ici qu’intervient à la fois, l’abandon de souveraineté de la part du pouvoir central, mais aussi la poursuite de la déconcentration de l’administration pour que l’Etat continue à réguler la vie économique, administrative et sécuritaire, bref toute chose qui lui confère la souveraineté et autres droits régaliens.

La communalisation intégrale n’est donc pas synonyme "de développement séparé des régions ou des villes". En effet, la région de par la déconcentration de l’Etat est un relais du pouvoir central, administré par un gouverneur selon une dynamique nationale.

De ce fait, décentralisation et déconcentration sont deux sœurs jumelles selon la logique de rapprocher l’administration de l’administré pour lui donner la latitude de rendre plus effective et plus efficace la participation citoyenne au développement. Dans cette perspective, les conseils municipaux de toutes les communes rurales, travailleront à baliser le terrain durant le quinquennat à venir. Ils doivent tout "inventer" ou presque : sièges, équipements, personnels d’appui, sources de taxes et d’impôts, etc. Le plus dur reste donc à faire après l’installation des conseils municipaux et régionaux.

On est alors tenté de dire que les querelles actuelles avec des dérives graves comme celles de Boussouma et de Comin-Yanga dans la région du Centre-Est (Tenkodogo) interpellent toute la nation et d’abord les partis politiques. Nos élus locaux auraient torts de gaspiller leurs énergies dans ces luttes de tendances quand la lourdeur et la noblesse de la tâche qui les attend requièrent un esprit de créativité, de solidarité et de sacrifice. Ils sont les pionniers du pouvoir local qui devraient conférer à l’ensemble de l’édifice démocratique, sa pertinence et sa solidité.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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