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Sécurité alimentaire : L’Union européenne soutient la Croix-Rouge dans son combat

Publié le samedi 10 juin 2006 à 07h58min

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L’élevage de case

Aux actions de secours d’urgence de la Croix-Rouge, il faut ajouter désormais des activités de développement, afin de participer aussi à la prévention des crises et pas seulement leur gestion.

En cela la Croix-Rouge burkinabè (CRBF) est aidée par la Croix-Rouge espagnole (CRE) qui est une société nationale amie qui l’appuie depuis une vingtaine d’années et bien d’autres qui l’accompagnent. Pour la sécurité alimentaire, la CRE a sollicité la contribution de l’Union européenne pour aider la CRBF à concrétiser un projet sur le terrain.

Le 4 mai 2006, une équipe de reporters est partie à la découverte du projet de sécurité alimentaire cofinancé par l’Union européenne et la Croix-Rouge espagnole, au profit de la Croix-Rouge Burkinabè. Sur le terrain, l’équipe a été guidée par la coordinatrice du ’ Projet sécurité alimentaire de la Croix-Rouge Burkinabè », Hortense SOMBIE et le délégué de la Croix-Rouge espagnole (CRE) au Burkina Faso, Ivan Gonzalez Saladin. Cette visite nous a amenés à la rencontre des femmes de Kongoussi, Tangaye et Sargho dans le Bam, qui est une des provinces où s’exécute le projet en plus de celles du Passoré et du Soum également zones d’intervention du projet.

Les groupements villageois féminins constituent le groupe cible du projet. A ce titre, ils bénéficient de soutiens multiformes, grâce à une contribution financière chiffrée à plus de 588 millions de francs CFA assumée à 70% par l’Union européenne et les 30% par la CRE. Le projet est Intitulé : « Réduction de la pauvreté dans les provinces du Soum, Bam et Passoré, à travers la sécurité alimentaire, par la mise en œuvre d’un programme intégral pour le renforcement et la diversification des activités rurales ».

L’objectif général de ce projet est de « contribuer à la lutte contre la pauvreté dans les provinces bénéficiaires, par la promotion des activités agropastorales à travers les associations de femmes ». Ce faisant, la Croix-Rouge a choisi un groupe- cible (les groupements villageois féminins) peu structuré et surtout très vulnérable, pour améliorer le renforcement de ses capacités d’organisation, de gestion et de production.

La stratégie adoptée, c’est de prioriser et mettre un accent sur la formation, qui se traduit par l’alphabétisation, les formations spécifiques : gestion, élevage, maraîchage et hygiène avant tout autre appui. Selon les responsables, cette stratégie a été formulée à partir du constat que ces groupements souffrent dans leur grande majorité d’analphabétisme, de manque de formation, de manque de moyens..., même si les femmes contribuent grandement comme main d’œuvre souvent gratuite, à la production agricole.

C’est pour cela que les bénéficiaires sont alphabétisées dans un premier temps, puis bénéficient de formations spécifiques avant de recevoir sous forme de crédits, des intrants et semences pour celles qui ont choisi le maraîchage et des animaux pour celles qui font l’élevage. Les remboursements permettront d’étendre l’action à d’autres bénéficiaires.

La CRBF dans son approche, met l’accent sur les remboursements, l’ouverture de comptes, la solidarité des membres des groupements pour faire face de façon concertée aux difficultés. L’esprit de ces actions, comme l’explique la coordinatrice, « c’est d’accroître la capacité des bénéficiaires à prendre des engagements et à y faire face en toute responsabilité « . Ce projet à terme, nourrit l’ambition de familiariser les bénéficiaires avec les outils modernes d’épargne et de crédit pour mieux rentabiliser leurs activités.

En se rendant à Kongoussi avec l’équipe de reporters, les deux responsables des Croix-Rouges burkinabè et espagnole entendaient faire voir un échantillon de ce qui est fait sur le terrain par les femmes, dans le cadre dudit projet.

C’est à Sargho, localité située à 3 km de la ville de Kongoussi que nous avons commencé la visite des activités du projet. Là se trouve, en effet, un centre d’alphabétisation qui accueille une trentaine de femmes, d’abord pour l’alphabétisation initiale (AI), et ensuite pour une formation complémentaire de base (FCB).

Une perche tendue

Grâce à l’alphabétisation dont elles bénéficient au centre par les bons soins de B. Dieudonné Yaméogo, animateur, les 32 femmes de Sargho aujourd’hui savent lire, écrire et compter -dans leur langue : le mooré. Ce qui leur est d’un secours très précieux dans leur vie de tous les jours. C’est du reste ce que reconnaît Anne Mandé, qui avoue avoir appris beaucoup.

Mme Mandé salue l’action de la Croix-Rouge burkinabè et celle de son partenaire espagnol, qui ont choisi de les accompagner sur le chemin de l’auto-promotion. Elle souhaite que les deux ONG les soutiennent davantage, en les aidant à surmonter les différents problèmes de parcours, par la dotation en matériels de travail comme les séchoirs par exemple. Mme Sawadogo Aminata est tout aussi enchantée par ce que la Croix-Rouge fait pour les femmes à Sargho. Aujourd’hui, elle est enthousiaste de pouvoir lire, écrire et compter. Selon elle, des contraintes et des difficultés, existent, mais la détermination des unes et des autres sera sans doute à la hauteur des défis.

Aider à se passer de l’aide

Tangaye, village à une dizaine de kilomètres sur l’axe Kongoussi-Djibo, c’est près de 100 femmes regroupées au sein de l’association Nongtaaba, qui ont bénéficié de l’appui de la Croix-Rouge, notamment en motopompes et autres matériels divers pour le maraîchage, sur une superficie estimée à 5 ha. Un crédit d’environ 4 millions de FCFA leur a été octroyé en nature sous forme de semences, de motopompes... pour mener des activités de maraîchage et génératrices de revenus. Les retombées de ces actions devront leur permettre plus tard de recommencer et poursuivre ces activités par elles mêmes pour mieux se prendre en charge. La saison passée, elles ont produit une centaine de sacs d’oignons qui sont en train d’être écoulés, et se préparent à mieux faire les prochaines années. A Tangaye aussi tout comme à Sargho, de petits problèmes existent mais les femmes font montre d’une grande détermination pour y trouver des solutions. Elles ont signalé que c’était la toute première fois qu’elles avaient la charge de gérer entièrement des périmètres qui leur appartiennent. D’où des difficultés d’organisation rencontrées au démarrage du projet .

Dans la ville de Kongoussi, la Croix-Rouge soutient également des femmes pour l’élevage de bovins, d’ovins et de porcins. Mme Djénéba Diallo, une de ces femmes, exerce plaisamment cette activité dans sa cour où sa vache laitière a déjà mis bas et est encore en gestation. Perpétue Sawadogo, elle, est fière de ses deux porcs de 8 et 9 mois et bénit au passage ses bienfaiteurs.

De toute évidence, l’intervention de la Croix-Rouge et ce, grâce à l’aide financière et technique de l’Union européenne et de la Croix-Rouge espagnole, valorise grandement l’action des femmes qui constituent un maillon essentiel de la communauté et sans la participation desquelles il serait difficile de relever les défis de la pauvreté et ses corollaires.

Sita Tarbagdo
avec la collaboration de Evariste Ouédraogo

Sidwaya

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