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Participation et représentation en politique : « Au moins 30% d’hommes ou de femmes dans les sphères de décision »

Publié le samedi 10 juin 2006 à 08h26min

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Après deux jours d’échange, le forum sur la participation et la représentation des femmes en politique (dans les sphère de décision) a clos ses portes dans la soirée du 7 juin 2006. Les participants ont suggéré l’élaboration d’une proposition de loi sur le quota d’au moins 30% l’un ou de l’autre sexe aux postes électifs et nominatifs.

Le forum organisé par l’Assemblée nationale les 6 et 7 juin derniers, a constaté la sous-représentation des femmes dans les instances de décision au Burkina Faso. Pour corriger cette « injustice sociale », il a recommandé au cancus genre de ladite Assemblée, « l’élaboration d’une proposition de loi instituant un quota d’au moins 30% au profit de l’un ou l’autre sexe pour les postes nominatifs et les fonctions électives avec un positionnement alterné sur les listes de plus d’un candidat ».

Des mesures d’accompagnement, notamment le financement des candidatures féminines et des partis politiques qui respecteraient les quotas requis, ont aussi été suggérées. Le cancus genre a également été chargé d’identifier tous les textes juridiques qui nécessiteraient une révision en vue d’une meilleure participation et représentation de la femme en politique. Et pour y arriver, les participants ont souhaité une implication du président du Faso lui-même. Toutefois, ils ont reconnu à l’unanimité, que la loi seule ne suffira pas.

D’ores et déjà, il a été demandé aux partis politiques, à la société civile, particulièrement à la chefferie traditionnelle et aux communautés religieuses de mener des actions de lobbying et de plaidoyer en vue de lever les barrières socioculturelles qui entravent la pleine participation de la femme à la politique. Avant de formuler leurs recommandations, les participants au forum de Ouagadougou se sont inspirés de l’exemple nigérien.

En effet, le Niger, selon un expert des Nations unies, a adopté depuis 1999, une loi instituant des quotas. L’aboutissement d’un long processus, a-t-il indiqué. Il a en outre révélé aux Burkinabè, la portée et les limites de la loi nigérienne. Avant de conclure que le quota est une mesure louable pour corriger la faible représentation des femmes dans les sphères de décision, mais pas une panacée. Un autre conférencier sur le même exemple, a précisé que la loi du Niger ne précise pas s’il s’agit d’un quota en faveur des femmes.

Selon le témoignage de celui-ci, les problèmes d’application de la loi ne se posent pas pour les postes électifs. « La Commission électorale et la cour Constitutionnelle veillent au grin », a-t-il confié. Par exemple tout parti politique qui ne respecterait pas les quotas, verrait sa liste invalidée par ces institutions, a expliqué le conférencier. Il a avoué cependant que le contrôle du quota reste difficile pour les postes de nomination.

Les « hics » à l’épanouissement de la femme en politique

D’autres communications ont éclairé les participants au forum dans leurs propositions. D’abord la secrétaire générale du ministère de la Promotion de la femme, Mme Jocelyne Vokouma a fait l’état des lieux et posé la problématique ainsi que les enjeux de la représentation et la participation des femmes en politique au Burkina Faso. Sa conclusion se passe de commentaires : « Bien que les femmes représentent plus de la moitié de l’électorat, qu’elles aient le droit de vote et qu’elles soient éligibles, elles sont toujours gravement sous-représentées parmi les candidats aux postes politiques ».

La deuxième communication a été assurée par un sociologue, M. Idrissa Ouédraogo, sur les « contraintes sociologiques et culturelles », à la représentation et la participation des femmes en politique. Il est remonté au processus de socialisation pour expliquer ces contraintes. « La socialisation conduit les individus à percevoir les inégalités comme étant naturelles... », a relevé M. Ouédraogo.

Le secrétaire général du ministère de la Promotion des droits humains, Vincent Zakané, quant à lui, s’est appesanti sur les aspects juridiques. Il a égrené un chapelet de textes nationaux et internationaux favorables à l’accès des femmes aux sphères de décision. Mais il n’a pas manqué de notifier les limites objectives de ces dispositions légales. « ...Aucun texte législatif spécifique n’a, jusqu’à présent, été adopté en vue de la mise en œuvre de la convention sur toutes les discriminations à l’égard des femmes », a affirmé M. Zakané. La législation nationale n’organise pas non plus de discrimination positive au profit des femmes, a-t-il ajouté.

De façon générale, les conférenciers ont tous jugé de la nécessité de repenser la formation politique, civique et syndicale des femmes. Ce qui a amené le forum à formuler une recommandation sur l’éducation des filles et l’alphabétisation des femmes, facteurs-clés de l’exercice d’une meilleure citoyenneté de leur participation au développement.

Koumia Alassane KARAMA (karamalas@yahoo.fr)

Sidwaya

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