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Burkina : Non à la "ghettoïsation" de notre sport !

Publié le lundi 5 juin 2006 à 07h17min

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Au Burkina, en matière de sport en général et de football en particulier, comment faire pour que ces milieux ne se transforment en une sorte d’armée mexicaine, irrespectueuse de la discipline, ou d’abbaye de Télem où chacun n’obéit qu’à ses propres désirs ?

De même que le ministère en charge du sport a contraint les supporters de l’équipe nationale de football, regroupés en plusieurs chapelles qui parfois se combattent, à jouer la carte de la transparence, de même, il s’apprête à nettoyer les écuries au sein de ceux qui organisent de façon désordonnée, voire anarchique, les différentes coupes à travers le pays. Si l’initiative du ministère se concrétisait, cela signifierait que pour organiser une coupe, il faudrait s’adresser à une structure officiellement qualifiée (Ligues, Fédérations) pour encadrer la compétition.

L’objectif visé est de détecter des talents, de les encadrer afin de fournir des éléments techniquement et tactiquement aptes à évoluer dans l’équipe nationale. En effet, depuis que l’imagination débridée de certains s’est lancée dans l’organisation de coupes à travers le pays, on chercherait en vain l’impact de cette fébrilité sur le développement du football. Curieusement, ce sont les villes où ces coupes prolifèrent qui brillent le plus souvent par l’absence d’équipes dignes de ce nom.

Finalement, l’on peut se demander si derrière ces gestes de bons samaritains du sport, ne se cachent pas des arrière-pensées politiques.

Il y a des symboles qui ne trompent pas. En effet, c’est parfois à l’approche des échéances électorales que de telles grand-messes se produisent. S’il est vrai que le sport a toujours été un enjeu politique dont les Etats se servent pour galvaniser les citoyens, il n’en demeure pas moins que cette personnalisation à outrance des coupes porte des germes de frustration, de division, d’inéquité, et d’un sentiment d’abandon au niveau d’une contrée où les populations ont la malchance de n’avoir pas un des leurs à des fonctions à même de lui procurer les moyens de financer une coupe.

Plus grave, il n’est pas évident que de telles coupes trop personnalisées puissent survivre à leurs promoteurs une fois qu’ils auront quitté leurs fonctions. On peut également s’interroger sur l’origine des moyens utilisés pour organiser ces manifestations. Ces moyens proviennent- ils de l’organisateur lui-même ou utilise-t-il son poids et sa situation privilégiée dans l’échelle sociale et la réputation de la structure qu’il dirige pour obtenir des sponsors ?

En tous les cas, ne serait-ce qu’en raison de cette absence de visibilité dans ce genre de manifestations, le ministère en charge du sport a pleinement raison d’avoir un oeil dans cette foire et dans ce panier à crabes.

En édictant des règles pour mettre fin à cette anarchie, le ministère en charge du sport fait oeuvre de salubrité publique car il n’est un secret pour personne que les coupes, telles que conçues actuellement, sont de simples tribunes de propagande et de récupérations politiques pour leurs initiateurs. Lorsque par exemple un ministre, un député, ou un directeur de société organise une coupe, a-t-il le recul nécessaire et souhaité pour ne pas en attribuer le mérite à son parti ? N’utilisent-ils pas leur influence pour obliger des sponsors à délier les cordons de la bourse en promettant de les récompenser au centuple de leurs bienfaits ?

Pour éviter cet émiettement, pourquoi ne pas envisager par exemple une coupe intergouvernorat dont la finale opposera les deux Régions sorties vainqueurs d’un tournoi qui aura opposé les équipes de toutes les Régions, ou une coupe du Parlement, etc ? Des structures permanentes et représentatives de tous les citoyens en lieu et place de ces saupoudrages individuels condamnés à la disparition, une fois que leurs promoteurs auront perdu leur casquette. Dans le contexte actuel, le sport, ciment de la cohésion et de l’unité nationales, perd ses vertus et ne suscite pas l’adhésion de ceux qui se sentent exclus.

Pour mettre fin à ces errements, pourquoi ne pas instituer la coupe d’une structure parce que, non seulement la structure a l’avantage d’être plus crédible aux yeux de l’opinion, mais également, elle est pérenne, alors que les individus passent. S’il y a un domaine qui ne se prête pas à cette forme de "ghettoïsation", c’est bel et bien le sport.

"Le Pays"

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