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Equipe gouvernementale : Le développement solidaire à l’épreuve

Publié le jeudi 1er juin 2006 à 08h44min

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P. Ernest Yonli

A l’heure où le mercure social est en ébullition, il n’est pas superflu de revenir sur les axes prioritaires dégagés par le gouvernement Yonli III dans le cadre de son action. Un exercice qui pourrait apaiser quelques appréhensions et rappeler à tous que le développement est un objectif qui ne saurait être atteint dans l’impatience et l’intolérance.

« La lutte contre la pauvreté et la lutte pour le bien-être des Burkinabè est au cœur de l’action de ce gouvernement », avait indiqué le Premier ministre Paramanga Ernest Yonli, le 13 janvier 2006, lors de sa première conférence de presse après la formation de son gouvernement. Un vœu pieux ou de la rhétorique politicienne, avait rétorqué certaines personnes lassées par ce développement ou à tout le moins « cette croissance qui ne se ressentait pas au niveau du panier de la ménagère ».

C’est dire si Yonli prêchait dans le désert, pour bon nombre de ses compatriotes, alors que dans les faits, il ne prononçait pas des paroles en l’air. Car, faut-il le rappeler avec le Premier ministre, « parlant du principe de la redistribution des fruits de la croissance, il ne s’agira pas de faire une répartition mathématique et dire aux Burkinabè voilà ce dont chacun a droit ».

En effet, « les sociétés modernes sont organisées sur la base de la production des biens et des services » et c’est à travers les activités de l’ensemble des citoyens d’une société, l’ampleur de leur travail, les secteurs de production et à travers les mécanismes marchands que l’on dégage des revenus. Déjà lors de sa première nomination le 12 novembre 2000, Paramanga Ernest Yonli s’était attelé à travailler à la consolidation des réformes économiques, à la lutte contre la pauvreté et à la création de conditions tendant à perfectionner les règles du jeu démocratique. Il s’agissait au plan du développement économique et social de travailler à l’accélération de la croissance afin d’atteindre des résultats tangibles et concrets dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. L’actuel gouvernement s’inscrit dans cette continuité en se voulant « l’instrument de la mise en œuvre des engagements pris par le président Compaoré » dans son programme « le Progrès continu pour une société d’espérance ».

Un programme porteur d’espoir mais pétri d’exigences, notamment d’efficacité.

A cet effet, « il est essentiel que la mission assignée au gouvernement, inscrite dans la durée soit progressive et maîtrisée, parce qu’elle conditionne l’efficacité de son action ».

Quid de la demande sociale ?

Un niveau d’exigence qui se heurte donc à cette forte demande sociale qui s’impatiente de plus en plus face à l’attitude des « nouveaux riches » et au comportement du gouvernement à leur endroit lors des négociations sociales. Déjà, le landerneau politico-syndical bruit de rumeurs indiquant la nécessité « d’élargir la base sociale du mouvement » pour contraindre par le « harcèlement », le gouvernement à lâcher du lest. Sans dénier ce droit républicain (dans l’usage modéré et légal faut-il le rappeler ?) aux travailleurs, force est de dire qu’elle bat en brèches l’exigence de compréhension que s’est assigné le gouvernement. Une exigence qui fait que « la démarche dans la conduite des affaires reste et restera celle du dialogue continu, de l’attention scrupuleuse, de la disponibilité constante ».

Dans l’actuelle fronde sociale et nonobstant le fait que « viima ya kanga » pour les salariés du public comme du privé, il apparaît que les syndicats n’ont pas respecté l’échéancier librement consenti par les deux parties. C’est vrai qu’il y a eu le « fait perturbateur » de l’augmentation du prix de l’essence à la pompe, mais, en dehors du fait que le gouvernement n’y pouvait rien, la conduite des négociations à terme aurait pu en atténuer les effets. La diminution des taxes sur les hydrocarbures était en débat, et, même si lesdites taxes servent à résorber la pauvreté dans d’autres milieux, notamment le rural, le gouvernement aurait pu lâcher du lest.

Cet or noir qui assombrit l’avenir

L’or noir a donc plombé les ailes du dialogue social alors qu’une analyse froide commandait de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Qui ne sait pas en effet que l’objectif final des boursicoteurs des places londonienne, new-yorkaise et de Francfort est d’atteindre un baril à 100 dollars US ? Un objectif qu’ils réaliseront, aidés par la forte demande émanant de la Chine et de l’Inde, les deux « usines » du monde dont la boulimie affole les marchés. La raréfaction de l’or noir s’explique aussi par la volatilité de la situation politique au Proche et Moyen-Orient, première région productrice de pétrole et par les « caprices » du vénézuélien Hugo Chavez qui met les nerfs de l’Amérique à fleur de peau et la contraint à se rédeployer ailleurs. Une conjonction de facteurs qui fait dire que l’augmentation du prix du baril va s’installer dans la durée. Une facette de la mondialisation ultra-libérale face à laquelle le gouvernement burkinabè est impuissant. Bien sûr, il s’est trouvé des personnes pour comparer le prix de l’essence burkinabè avec celui de certains pays de l’hinterland.

Sans citer de noms, disons que la proximité géographique avec le producteur africain numéro un , joue en faveur de l’un, cependant que la « pagaille » du marché pétrolier et toutes ses conséquences désastreuses joue pour l’autre. Bien souvent, les consommateurs se plaignent de l’essence « frelatée » qui « joue des tours » à leurs moteurs. Malgré l’impopularité du combat contre ce « jus pourri et dangereux », le gouvernement béninois vient de l’entreprendre, ce qui donne une idée du sens de la responsabilité qui l’anime. Pour tout dire, notre essence est cher mais fiable, et, certains pourraient regretter l’époque « bénie » de la SONABHY.

Acteur de développement, la société civile doit donc œuvrer avec le gouvernement à travailler à une meilleure organisation de notre économie, à mieux la structurer tout en veillant à ce que les différents mécanismes fonctionnent bien à la satisfaction des travailleurs et de l’ensemble des Burkinabè. Aussi, elle ne devra point manquer à son rôle de veille et d’aiguillon, chaque fois que de besoin. Il sera peut-être opportun de renouer le fil du dialogue, plutôt que de verser dans la surenchère au risque de tomber de Charybde en Scylla.

Boubacar SY

Sidwaya

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