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La coopération décentralisée, l’autre voie du développement

Publié le samedi 27 mai 2006 à 09h04min

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En 2003, on évaluait le bilan de la coopération décentralisée à plus de 8,5 milliards de F.CFA

Les assises de la coopération décentralisée entre la France et le Burkina prévues fin mai 2006 à Belfort, dans la région Franche-Compté montrent que le Burkina accorde une grande importance à cette forme de partenariat en vue d’impulser un développement dont les premières acteurs et bénéficiaires sont les collectivités locales.

La création d’un ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation chargé de la mise en œuvre et du suivi de la politique en matière de décentralisation répond à cette philosophie qui vise à rapprocher l’administration du citoyen. « La décentralisation est l’axe essentiel d’impulsion du développement à la base », a déclaré le 10 octobre 2002 le premier ministre burkinabè Ernest Paramanga Yonli, ajoutant « qu’elle est un choix politique auquel le gouvernement s’attache résolument, avec la ferme conviction qu’elle constitue une alternative salutaire pour le renforcement de la démocratie, et un instrument d’amplification de la lutte contre la pauvreté ».

Afin de doter le ministère d’instruments appropriés lui permettant de réussir sa mission, il a été créé une Direction générale du développement des collectivités locales (DGD/CL) en remplacement de la Direction générale de la décentralisation (DGD) et dotée d’un service des finances locales. Et lors du dernier remaniement gouvernemental le 6 janvier dernier, un ministre délégué chargé des Collectivités locales a été nommé en la personne de M. Soungalo Ouattara.

Tout en assumant ses fonctions régaliennes, l’Etat entend par la décentralisation impliquer les collectivités locales, la société civile et les partenaires étrangers dans la réussite de sa décentralisation.

Plus que d’autres pays africains, le Burkina est certainement celui qui accueille sur son sol le plus d’Organisations non gouvernementales (ONG) en même temps que se multiplient les jumelages entre des villes burkinabè et françaises. Depuis le premier jumelage en 1967 entre Loudun, dans le Poitou et Ouagadougou, la capitale du Burkina, à l’initiative de l’ancien président du Sénat René Monory, on ne compte plus le nombre de villes et villages français qui entretienent ce type de relations avec des villes et villages burkinabè.

La création en 1968 d’un Comité national de jumelage a donc était a posteriori une nécessité politique. Sans intervenir dans les relations entre villes jumelées, le Comité coordonne leurs activités en collaboration avec les autorités politiques et avec l’Association des maires du Burkina. Agissant selon les besoins exprimés par les populations, l’action de jumelage se concentre essentiellement sur des secteurs sociaux comme la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable et le financement de groupements villageois.

Selon Mme Hien qui a rédigé en 1998 un mémoire de fin d’études sur la coopération décentralisée, la contribution financière des ONG aurait atteint 34 milliards de F CFA entre 1986 et 1990 avant de connaître une forte hausse, culminant à 70,8 milliards cinq ans plus tard.

La France qui est le premier partenaire économique du Burkina, l’est également dans le domaine de la coopération décentralisée, la plupart des ONG travaillant au « Pays des hommes intègres » étant d’origine française. Présentes dès le début des années soixante, des ONG telles que le Secours catholique français et américain étaient surtout d’inspiration chrétienne et étaient animées par des bénévoles religieux. Au fil du temps, leur nombre a augmenté passant de 233 en 1998 à 260 en 2000. Dans l’étude de Mme Hien , on apprend que 146 des 260 ONG présentes au Burkina en 1998 étaient étrangères, dont d’origine 47 française, 15 américaine, 8 belge, tandis que l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Allemagne en totalisaient 7 chacun et l’Espagne 4.

Cette forte implantation d’ONG traduit de façon constante la place primordiale que leur accorde les gouvernements successifs dans la politique de développement du Burkina. Sous la révolution, les ONG furent sollicitées dans les campagnes de vaccinations, d’alphabétisation et de lutte contre la désertification. « Du point de vue politique « ces organisations ont pallié le manque de politique susceptibles d’améliorer les conditions de vue des populations rurales », écrit Frédéric Lejeal. « Sans le vouloir, relève t-il cependant en guise de critique, elles ont sans doute leur part de responsabilité dans les faibles budgets consacrés par les pouvoirs publics à ces domaines (environnement, santé, irrigation), l’Etat voyant en elles comme un instrument facile de substitution ».

Bénéficiant d’une totale liberté dès le départ, les ONG ont été par la suite encadrées par les pouvoirs publics qui ont créé en 1984 deux structures, le Bureau de suivi des ONG (BSONG) et le Secrétariat permanent des ONG (SPONG), chargées de coordonner leurs activités sur l’ensemble du territoire.

Le BSONG a pour missions d’intégrer et d’orienter l’action des ONG en parfaite cohérence avec les priorités nationales, de faciliter les échanges entre elles, de les orienter dans l’optique d’une politique d’aménagement du territoire divisé en 45 provinces depuis 1996, de soutenir et d’améliorer l’efficacité de leur travail. Quant aux SPONG, qui est structure propre aux ONG, il a pour missions d’être le porte-parole des ONG auprès des pouvoirs publics et des bailleurs internationaux. Le SONG veillent également au respect des cahiers de charges signés par les ONG les engageant à « mobiliser les ressources humaines, financières et techniques nécessaires à l’appui des projets et programmes de développement, en travaillant directement avec les populations bénéficiaires, invitées elles-aussi à s’investir dans les tâches de développement ».

Dans l’esprit des gouvernements burkinabè, il s’agit de créer les conditions d’un vrai partenariat entre les ONG et les démembrements de l’Etat aussi bien au plan national qu’à l’extérieur. La « diplomatie du développement » lancée à cet effet vise à associer les représentations diplomatiques, invitées à promouvoir cette forme de développement à la base. C’est ainsi que « Les journées de coopération décentralisée » ont été instituées en 1998 par l’ambassade du Burkina à Paris avec pour but de faire connaître le pays à l’étranger, de convaincre des partenaires que cette forme de coopération, qui ne remplace pas les relations bilatérales, représente une nouvelle voie de lutte contre la pauvreté et de rapprochement entre les peuples.

De la sécheresse durant les années soixante dix jusqu’aux récentes et récurrentes épidémies de méningite depuis le début de la décennie en cours, l’apport des ONG a toujours été d’une efficacité appréciable aux côtés des pouvoirs publics. Leurs contributions financières se chiffres en milliards, avec à la clé, la création de milliers d’emplois occupés par des nationaux.

Reste que la coopération décentralisée, en raison de la modestie de ses moyens humains et financiers ne saurait se substituer à la politique de développement économique qui incombe en premier lieu les autorités nationales et sous-régionales.

Wahab Sidibé

Lefaso.net

Lire aussi :
France-Burkina : des relations mouvementées

P.-S.

Répertoire des jumelages officiels France-Burkina.
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Vos commentaires

  • Le 7 août 2006 à 14:47, par Lejeal Frédéric En réponse à : > La coopération décentralisée, l’autre voie du développement

    Dans l’article sur la coopération déce,tralisée vous notez une citation tiré de mon livre le Burkina Faso. Il s’agit des conditions de "vie" des populations rurales et non pas de" vue" comme écrit sur le site fasonet.
    JE vous remercie par avance de bien vouloir corriger cette coquille. Avec mes meilleurs sentiments.
    F.LEjeal

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