Le ministre des Ressources Animales Tiémoko Konaté, président du Comité technique national de gestion de la grippe aviaire, a confirmé ces foyers dans une déclaration publique. Ces nouveaux cas portent à quatre, le nombre de foyers de la maladie attestés au Burkina depuis le premier cas déclaré le 3 avril 2006.

Les résultats des analyses effectuées par le laboratoire anglais Weybridge, une référence de l’Observatoire international des épizooties (OIE), ont attesté la présence du virus H5N1 au secteur n°2 de Ouagadougou, au secteur n°20 de Bobo-Dioulasso et dans la ville de Sabou. Selon les explications du ministre Konaté, les résultats sont arrivés dans la soirée du vendredi 19 mai même du Royaume Uni et proviennent d’un échantillon de 157 cadavres de poules d’élevage traditionnel.

M. Konaté a annoncé que les mesures immédiates de l’OMS pour la maîtrise de l’épizootie ont été prises. Il s’agit de l’information du public, l’isolement des foyers, l’abattage et la destruction de la volaille des zones de séquestration. C’est pourquoi il a invité les populations à garder le calme et à signaler tous les cas suspects de maladies chez la volaille et chez les oiseaux.

Le gouvernement s’est félicité d’avoir détecté ces foyers à temps. « La confirmation de ces trois foyers témoigne de notre capacité de réaction rapide et de la totale adhésion des populations à l’application des mesures de prévention et de riposte contre le virus H5N1 », s’est exprimé le ministre Konaté.

Le premier cas avait été découvert à Gampèla, un campement situé à une dizaine de kilomètres, à la sortie Est de Ouagadougou. Les autorités avaient jugé la situation « maîtrisée » et le foyer « éteint ».

« Nous nous apprêtions à lever toutes les mesures sanitaires pour ce foyer », a affirmé avec regret le président du Comité national de gestion de l’épizootie.

Dans une récente publication, la FAO a prévenu que la crise de la grippe aviaire n’est pas seulement un problème immédiat et à court terme, il est probable qu’elle durera plusieurs années. La perspective d’une pandémie humaine mise à part, les dommages de la maladie sur les populations d’oiseaux et les élevages de volailles en particulier, sont énormes, prévient-il. Pour faire face à la maladie, la FAO dit avoir besoin actuellement de 308 millions de dollars pour financer ses activités dans le cadre du programme mondial pour le contrôle graduel de l’influenza aviaire au cours des trois prochaines années.

Alors qu’à ce jour, elle n’a reçu que 71 millions de dollars. Dans cette optique, la FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) organisent une conférence scientifique internationale sur la grippe aviaire et les oiseaux sauvages les 30 et 31 mai 2006 au siège de la FAO, à Rome, pour tenter de mieux comprendre le rôle des oiseaux sauvages dans la transmission du virus de la grippe aviaire.

En sa qualité d’agence des Nations unies, chef de file de la lutte contre l’influenza aviaire chez les animaux, la FAO participera à une conférence de haut niveau sur la grippe aviaire qui aura lieu les 6 et 7 juin 2006 à Vienne. Le but de la conférence de Vienne est d’assurer le suivi en ce qui concerne les promesses et les engagements des bailleurs de fonds lors de la conférence de Beijing en janvier dernier.

Aimé Muor KAMBIRE
-------
Bobo-Dioulasso : Le ministre des Ressources animales prend des mesures urgentes

D’abord sous forme de rumeur, puis de façon officielle, la présence de la grippe aviaire a été déclarée à Bobo-Dioulasso vendredi 19 mai dernier par les autorités du ministère des Ressources animales. C’est le secteur n°20 (Lafiabougou) de cette ville qui a été touché par ce terrible virus. Le foyer a été détecté le 4 avril 2006 suite à une alerte dans une cour.

Les locataires ont en effet constaté que leurs volailles (poules et pintades) mouraient par vagues. Ils ont vite fait de saisir les services de l’élevage. Des prélèvements ont par la suite été effectués sur trois de ces poules et l’analyse au laboratoire de l’Observatoire international de l’épizootie (OIE) de Weybride au Royaume Uni a confirmé la présence de la grippe aviaire sur l’échantillon.

C’est désormais connu, l’épizootie H1N5 a fait son entrée à Bobo-Dioulasso. Du coup, une véritable psychose s’est emparée de la ville de Sya. Depuis vendredi donc, le ministère en charge de cette question a dû prendre les mesures idoines pour circonscrire le fléau. Au nombre de celles-ci, l’interdiction d’écouler la volaille à partir de ce secteur et l’abattage systématique des oiseaux qui doit débuter ce 22 mai dans la zone concernée.

Dans la même lancée, un comité d’urgence chargé de veiller à l’application stricte des mesures a vu le jour, appuyé dans sa tâche par une mission technique du ministère des Ressources animales conduite par la directrice de la santé animale, Dr Estelle Kanyala. Cette mission multiplie depuis, les rencontres d’information et de sensibilisation avec les populations. Elles sont relayées par une campagne sur les radios locales afin de les rassurer et indiquer la conduite à tenir.

Même si la majorité de la population semble adhérer à l’opération d’abattage, il y a des personnes qui font de la résistance et exigent d’être dédommagées avant de céder leurs volailles. Dans ce secteur désormais déclaré « zone séquestrée » par les autorités, la police a surpris et empêché des récalcitrants qui cherchaient à faire sortir leurs volailles en cachette. Il est bien dommage qu’en pareille situation, de tels individus mus par leur instinct sordide, cherchent à se soustraire des mesures sécuritaires en faisant courir le risque d’une propagation généralisée de la grippe aviaire.

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya