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Mme Joséphine Ouédraogo, secrétaire exécutive adjointe de la CEA : « Il faut ajuster leurs politiques en fonction de l’état des écarts homme/femme »

Publié le vendredi 19 mai 2006 à 07h58min

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Joséphine Ouédraogo, secrétaire exécutif adjoint de la CEA

De nationalité burkinabé, Mme Joséphine Ouédraogo est fonctionnaire à Addis- Abeba (Ethiopie), siège de l’Union africaine et de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).

Présente à Ouagadougou dans le cadre des assemblées annuelles des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD), elle parle, dans cet entretien du fonctionnement de la CEA, des enjeux de la rencontre sur l’emploi et leur importance sur le développement du continent.

Sidwaya (S) : Pouvez-vous nous expliquer l’implication de la CEA dans la rencontre sur l’emploi coorganisé avec la BAD et pourquoi avoir choisi Ouagadougou ?

Joséphine Ouédraogo (J.O.) : La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) est une institution des Nations unies. Il existe en tout cinq commissions aux Nations unies, qui s’occupent des questions économiques à travers le monde entier. Celle qui intéresse l’Afrique est basée à Addis Abeba. Elle est présidée par les ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique.

C’est parce que le Burkina Faso s’est proposé d’abriter cette réunion annuelle, que nous l’avons choisi. En fait, depuis quatre ans, la Banque africaine de développement (BAD) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) ont décidé de faire leurs réunions conjointement au même endroit, parce qu’en réalité, ce sont les mêmes ministres des Finances qui sont, et gouverneurs de la BAD et, membres de la CEA.

Au lieu de leur faire faire un double déplacement dans l’année pour délibérer sur la CEA et la BAD, nous préférons organiser conjointement nos deux réunions.

Et lorsqu’un pays abrite nos assises, ce pays devient automatiquement le président de la Commission. À partir de maintenant, le Burkina est le président du Bureau de la Commission économique pour l’Afrique. Mais le bureau, élu pour une année, est constitué de plusieurs autres pays.

S : Pouvez-vous nous situer sur la portée et le sens de la rencontre de Ouagadougou ?

J.O. : La conférence que nous avons tenue à Ouagadougou, est celle de la Commission.Ce sont les ministres chargés des Finances, de la Planification et du Développement économique qui se sont réunis à Ouagadougou pour délibérer sur la CEA d’abord, et ensuite pour échanger sur certaines questions liées au développementdu continent.En fait, c’est comme notre conseil des ministres.

S : Donnez-nous à voir un peu plus sur votre propre implication dans l’exécution du mandat de la CEA ?

J.O. : La Commission économique pour l’Afrique est un organisme et non un bailleur de fonds. Il faut que je précise cela, parce que généralement les agences des Nations unies sont connues comme des bailleurs de fonds essentiellement.

La Commission économique pour l’Afrique ne donne pas de fonds à qui que ce soit, elle accorde plutôt une assistance technique. Nous avons pour mandat principalement de faire en sorte que l’ensemble des Etats à l’échelle du continent puisse réfléchir ensemble, se donner des priorités, et faire en sorte que lorsqu’un pays veut définir son propre programme de développement, son propre programme sectoriel, il puisse se référer au cadre continental ; parce qu’un pays ne peut pas agir seul.

La première mission de la CEA, c’est offrir une plate- forme de réflexion au niveau continental sur des questions qui concernent l’Afrique, ou qui sont liées à l’économie ou à d’autres secteurs.

Par exemple, le VIH/Sida, les questions foncières, de gouvernance, d’égalité entre hommes et femmes, préoccupent au premier plan la Commission. Le deuxième aspect de notre mandat, c’est élaborer en collaboration avec les Etats, des stratégies qui peuvent les aider à mettre en œuvre leur propre politique. Par exemple, le thème que nous avons choisi cette année pour notre conférece, est l’emploi.

Il y a eu un sommet ici même à Ouagadougou en septembre 2004 sur l’emploi et un autre sur le même thème, organisé par l’OIT et le BIT, s’est tenu toujours dans la capitale burkinabé. Depuis ce Sommet à ce jour, il était nécessaire de faire un peu le point.

Et nous voulions impliquer les ministres des Finances, des la Planification et du Développement économique dans cette réflexion sur l’Emploi, pour voir ce qui ne va pas au niveau de chaque pays, et quelles sont les contraintes rencontrées.

De même, nous voulons échanger sur les expériences parce que certains pays ont pu engager des plans d’action après le Sommet de Ouagadougou.

C’était important d’échanger sur ces questions et voir un peu qu’est-ce qu’on attend des gouvernements, des partenaires, et des autres aux niveaux sectoriels. Parce que la question de l’emploi touche différents aspects. C’est pour vous dire que la CEA intervient dans plusieurs domaines.

Un autre domaine, c’est la question des femmes dont je me suis occupée pendant sept ans à la CEA. Nous avons fait par exemple un travail récemment au niveau de 12 pays y compris le Burkina Faso. C’était la confection d’un indice sur les inégalités entre les hommes et les femmes.

Cet indice a été conçu par la CEA avec la participation d’autres institutions. Il devrait nous permettre de mesurer dans tous les secteurs d’activités, l’écart entre les hommes et les femmes ou entre les filles et les garçons, afin de donner la possibilité aux gouvernements d’ajuster leurs politiques en fonction de l’état des écarts dans certains domaines.

Nous avons testé cet indice dans 12 pays dont le Burkina Faso et le rapport sera publié cette année. Ce rapport pourra être utilisé par les ONG, par les parlements de chaque pays et par le gouvernement, pour essayer d’inspirer les politiques liées à la promotion de la femme.

S : Quelle sera la particularité de votre mission à Addis Abéba suite à l’élection du Burkina comme président du Comité des experts ?

J.O. : Moi, je suis secrétaire exécutive adjointe par intérim pour le moment. Mon rôle, c’est d’assister le secrétaire exécutif lui-même dans la gestion de la CEA, dans la mise en œuvre des programmes de l’institution. C’est ma fonction principale. Suite à cette élection, le Burkina devient non seulement président du Comité des Experts et président de la CEA pendant un an. C’est comme si on élisait un chef d’Etat, président de l’Union africaine pendant un an. Dans notre cas, c’est le Burkina qui est le président pour un an.

Propos recueillis par Adama Ben Traoré

Sidwaya

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