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Développement local : Les dynamiques citoyennes comme alternative

Publié le mercredi 18 février 2004 à 06h04min

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En avril 2003, une vingtaine de chercheurs, d’enseignants d’universités et de praticiens du développement local, du Nord comme du Sud, ont décidé de se mettre ensemble pour construire de nouvelles façons d’agir sur la cité, à partir de façons fondamentalement nouvelles de voir, de penser. Ainsi est née l’Association construisons ensemble, laboratoire de recherche sur les citoyennetés en transformation (ACE/RECIT).

Du 16 au 18 février prochains, l’ACE/RECIT tiendra son assemblée générale, tribune par excellence pour ses membres de faire le point des acquis, de relever les limites et d’y proposer des solutions et enfin d’adopter les programmes de recherche et d’action et de se donner les moyens de les réaliser.

Penser et accompagner autrement les citoyennetés en transformation, tel est le credo de l’ACE/RECIT. Elle a été créée autour de l’idée de construire un espace où pourraient cheminer ensemble la recherche et l’action afin de produire de nouvelles façons de voir les problèmes qui se posent à la société burkinabè en particulier et à celle ouest-africaine en général. Tirant leçons des échecs en matière de politiques et projets de développement menés jusque-là, l’ACE/RECIT fait des dynamiques locales son cheval de bataille.

Aussi l’une de ses préoccupations centrales est-elle la citoyenneté locale, dans le contexte de la décentralisation. Les pôles recherche et action se retrouvent dans un collège, conçu comme espace de mutualisation. C’est là l’un des principes qui fonde son originalité. Le postulat ici est celui de la refondation de l’Etat qui est différente d’une addition de réformes qui ne peut et ne saurait résoudre les problèmes essentiels qui se posent à la cité.

Dans la conception de l’ACE/RECIT, les réformes sont indispensable pour répondre aux défis d’une société en pleine mutation, mais elles doivent être ordonnées selon une façon fondamentalement nouvelle de voir, de penser et d’agir permettant une refondation de l’action politique, économique et sociale. Bien entendu, l’ACE/RECIT ne prétend pas apporter la réponse, mais plutôt définir un cadre pertinent et utile pour la construire.

C’est là que se justifie le triptyque de son montage : recherche, action et mutualisation. La vision stratégique, l’utilité sociale de l’association, est ainsi définie depuis l’assemblée générale d’avril 2003. Dix mois après, du chemin a déjà été parcouru. Outre sa reconnaissance officielle, l’association a pignon sur rue et est déjà interpellée par différents acteurs de la cité à travers des sollicitations émanant de personnes physiques et morales et a réalisé des actions concrètes.

Des débuts rassurants

Contribuer à l’expression d’une citoyenneté véritablement nouvelle au niveau local et national est assurément un pari et un défi difficiles à relever. Mais Antoine Raogo Sawadogo, le président de l’ACE/RECIT, et ses "coreligionnaires", sont résolument engagés vers l’objet qui les a réunis : contribuer à la construction de cité apaisée où s’exprime une citoyenneté assumée.

Ainsi, les différentes instances ont été créées et l’association a pris corps sur le terrain. De même un programme de lancement a été adopté. Ce programme concerne aussi bien le pôle action que celui de la recherche et l’axe de mutualisation. Au niveau de la recherche, l’ambition est d’apporter au nécessaire débat de fond auquel ACE/RECIF entend contribuer de façon significative et utile, des éléments, des angles de vue réellement nouveaux, fondés sur des observations empiriques garantissant leur enracinement dans les réalités.

A ce jour, deux actions de recherche ont été lancées. La première concerne une étude sur la fiscalité en milieu urbain dans l’optique de mieux cerner les obligations auxquelles sont astreintes les populations et les droits qui leur sont reconnus en contrepartie de l’accomplissement de leur devoir devant l’impôt. Des enquêtes complémentaires sont en perspective sur les modes de prélèvement propres au milieu rural, l’objectif étant de faire l’état de la question du rôle des contributions dans la constitution et la gestion du bien public.

La deuxième action de recherche est une étude sur les opérations de restructuration en milieu urbain. L’objectif ici de reconstruire le système d’action locale qui caractérise les opérations de restructuration foncière et d’analyser les logiques de structuration de l’espace urbain. Pour ce qui est du pôle action à travers lequel l’ACE/RECIT entend affirmer son engagement social, l’utilité de l’association s’apprécie à trois niveaux : l’identification d’actions tests sur la base des sollicitations reçues et/ou perçues par l’ACE/RECIT ; la production de "nouvelles façons d’agir" à partir de "nouvelles façons de voir et de penser" ; une pratique réflexive (introduire de la réflexivité autour du capital d’expériences pratiques accumulées à travers des actions conduites sur les scènes concrètes de "cités" africaines.

Le programme du pôle action repose sur 3 thématiques principales : la circulation, l’appui conseil et le développement des capacités nationales et sous-régionales. Pour y parvenir, quatre fonctions sont développées : l’observation permanente et/ou la connaissance de la cité, les actions test, le développement de l’expertise, et la fonction traitement. Partant de ces fonctions, des actions tests ont été initiées sur la base des demandes adressées à l’ACE/RECIT et de l’observation.

Ce sont : un programme d’émissions radiophoniques dans les communes de Fada, Koudougou et Ouahigouya ; un autre d’animation à la citoyenneté à travers des conférences-débats, des projections cinématographiques, des ateliers ou séminaires ; "la nouvelle école secondaire", qui est sollicitation de l’Association ECLA de Ouahigouya, enfin un concours vidéo assisté qui intéressera les jeunes. S’agissant enfin de l’axe mutualisation, le dialogue entre la recherche et l’action est déjà avancé et la réflexion se poursuit. Du reste, l’assemblée générale approfondira la question.

Les enjeux de l’AG

Comme toute assemblée générale, celle de l’ACE/RECIT comporte de nombreux enjeux. L’on retiendra la difficile équation d’harmoniser les visions de tous (chercheurs et praticiens) relativement aux orientations stratégiques de l’association, à son utilité sociale. L’assemblée générale se penchera donc sur les orientations stratégiques d’ACE/RECIT et leurs avancées depuis l’assemblée générale de 2003, l’état des questions en chantier dans le champ de la recherche et de l’action ; les orientations méthodologiques du trityque (recherche, action et mutualisation) ; l’utilité sociale d’ACE/RECIT. Ces différents thèmes feront l’objet d’analyses critiques, de réflexions poussées à travers des fora internes.

Au sortir de cette assemblée générale, l’ACE/RECIT devrait avoir épluché les questions essentielles liées à sa raison d’être et adopté une démarche globale qui lui permettra de se positionner comme un creuset où s’expérimentent de nouvelles façons de voir, de penser et d’agir sur la cité.

L’Observateur

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