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Eid Mohamed Al Thakafi, ambassadeur du Royaume d’Arabie Saoudite : “Mon pays a investi près de 60 milliards de F CFA au Burkina Faso”

Publié le mercredi 17 mai 2006 à 07h36min

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En fin de mission au Burkina Faso, l’ambassadeur du Royaume d’Arabie Saoudite s’apprête à rejoindre son pays. Dans cet entretien qu’il a accordé à Sidwaya, il évoque entre autres, l’état de la coopération entre les deux pays, les perspectives et les souvenirs qu’il garde du pays des Hommes intègres.

Sidwaya (S). : Au moment où vous quittez le Burkina Faso, quelles impressions gardez-vous du pays ?

Son Excellence M. Eid Mohamed Al Thakafi (E.M.A.) : Tout d’abord, au nom de Dieu le Tout Puissant, le Clément, le Miséricordieux, je tiens à exprimer toute ma gratitude à l’endroit des autorités du Burkina Faso en l’occurrence le chef de l’Etat, le gouvernement ainsi que les différentes associations islamiques qui ont fait part de leur tristesse au moment où je quitte le Burkina Faso. C’est un pays dont les hommes s’illustrent par leur amour et leur ardeur au travail, leur dévouement à la cause nationale. Je quitte ce pays avec un pincement au cœur dans la mesure où j’ai pu constater que le Royaume d’Arabie Saoudite jouit d’une bonne image au Burkina Faso.

S. : Quel bilan faites-vous de la coopération entre le Burkina Faso et le Royaume d’Arabie Saoudite ?

E.M.A. : La coopération entre les deux pays est exemplaire dans la mesure où bon nombre de réalisations ont pu être effectuées grâce notamment à l’ouverture de l’ambassade saoudienne au Burkina Faso. L’ouverture de cette ambassade a beaucoup contribué au renforcement et à la dynamisation des relations entre Ryad et Ouagadougou. Durant mon mandat, beaucoup de projets ont pu voir le jour grâce à la volonté commune des autorités des deux pays. Je vais citer principalement deux projets qui sont cofinancés par le Royaume d’Arabie Saoudite à savoir, la construction du barrage de Samandéni et le bitumage de la route Yégueresso-Diébougou.

Il convient de citer également le projet de construction d’une unité de néphrologie et d’hémodialyse à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo.

C’est un volet qui va s’ajouter aux autres aspects qu’englobe la coopération avec le Burkina Faso qui est une coopération centrée sur le volet culturel et économique.

Avec la construction de cette unité de néphrologie et d’hémodialyse, c’est un autre volet qui s’ouvre. Nous osons croire que durant les prochains jours, tout sera mis en œuvre pour que ce projet puisse aboutir.

S. : A combien peut-on estimer le coût des investissements de l’Arabie Saoudite au profit des populations burkinabè ?

E.M.A. : Hormis les nouveaux projets que nous venons de citer, nous pouvons estimer le coût des investissements saoudiens au Burkina Faso à 110 millions de dollars US (près de 60 milliards de F CFA).

La particularité du Royaume est telle qu’il contribue à financer différents projets au profit des pays en voie de développement, notamment le Burkina Faso à travers des fonds comme la Banque islamique de développement (BID) dont le Royaume détient 18% des actions. L’Arabie Saoudite est l’un des grands actionnaires du fonds de l’OPEP et de la BADEA qui sont deux institutions finançant le développement du Burkina. Cela, sans compter les différentes aides et les différents investissements que le Royaume injecte au profit des pays en voie de développement. Le Royaume détient également des actions considérables au sein de la Banque africaine de développement (BAD) dont le sommet se tient actuellement au Burkina Faso.

Le Royaume a pris l’engagement d’apporter son soutien permanent aux pays en voie de développement que ce soit en Afrique ou en Asie. C’est un principe immuable. De plus, nos deux pays sont membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et cela implique qu’il y ait une coordination permanente entre les deux Etats. Les différents sommets, les différentes rencontres qui se tiennent sur le territoire burkinabè sont un signe qui montre que le dynamisme diplomatique du Burkina n’est plus à démontrer. Cela implique également que le Royaume d’Arabie Saoudite puisse avoir une représentation diplomatique dans ce pays qui se caractérise par son dynamisme diplomatique hors pair.

S. : Comment voyez-vous l’avenir de la coopération entre le Royaume d’Arabie Saoudite et le Burkina Faso ?

E.M.A. : Je crois que cette coopération va continuer et va aller grandissante. Le Burkina Faso est un pays en voie de développement, il n’a pas encore parachevé son décollage économique, c’est la raison pour laquelle une implication plus forte du Royaume aux côtés du Burkina est souhaitable et sera faite avec bien entendu la volonté commune des deux autorités. Etant donné que le Burkina Faso est un pays en voie de développement, je crois que les efforts des autorités du pays doivent se focaliser sur le développement des infrastructures routières, quitte à voir dans l’avenir sur quelle autre phase nous pouvons asseoir la coopération bilatérale.

Par exemple, en amenant le Royaume à financer et à soutenir le développement des écoles et des hôpitaux au profit des populations. Il y a une sorte de complémentarité entre les actions des différents partenaires financiers et techniques du Burkina Faso dans la mesure où on voit certaines parties qui focalisent leurs efforts sur le développement d’un certain nombre de secteurs sociaux. D’autres partenaires misent leurs efforts sur d’autres secteurs de la vie nationale.

S. : Pouvez-vous lever un coin de voile sur certains projets à venir et dont vous ne faites pas cas présentement ?

E.M.A. : Le Royaume n’a pas d’intentions inavouables. Le Royaume se sent prêt à apporter son soutien à tout projet pouvant contribuer au bien-être des populations burkinabè. Le Royaume ne s’implique que dans les actions censées apporter du bien et du bonheur aux peuples du monde.

A voir l’historique de l’évolution de la politique du Royaume d’Arabie Saoudite, on constate que c’est un pays qui aime la paix et dont les actions tendent à promouvoir la paix dans le monde.

Quand il n’était pas encore roi, le Prince héritier Abdallah avait lancé en 2002 une initiative appelée « initiative de paix », pour trouver une solution pacifique dans le conflit israëlo- palestinien.

Il y a également l’Accord de Taïf qui a mis fin à la guerre du Liban, sans oublier les différentes propositions de loi que le Royaume d’Arabie Saoudite fait régulièrement au sein du système des Nations unies et au sein de l’OCI pour amener les parties en différend sur la table des négociations afin qu’elles parviennent définitivement à une solution pacifique et durable. Ce sont là quelques repères historiques qui nous permettent d’affirmer sans crainte que le Royaume d’Arabie Saoudite est un pays qui s’investit toujours pour la paix et pour la promotion de la paix dans le monde.

S. : Avant de quitter le Burkina, vous avez déclaré à la presse que vous resterez à vie un ami du Burkina. Pouvez-vous nous dire ce qui a motivé une telle affirmation ?

E.M.A. : Cela est dû au fait que le Burkina Faso est un pays dont le peuple aime le travail, est dévoué à la cause de la nation. Egalement, l’hospitalité légendaire et la coopération dont j’ai bénéficié de la part du peuple burkinabè durant mon séjour au Burkina sont des raisons qui m’ont amené à faire cet engagement.

Et, je prie Dieu qu’il me donne la force de le concrétiser.

Interview réalisée par El Hadj Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com) et Bachirou NANA

Sidwaya

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