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Partis de l’opposition : La bataille pour la survie, à la place de celle contre le CDP

Publié le mardi 16 mai 2006 à 08h41min

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L’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) de Maître Hermann Yaméogo a déjà fait le bilan des élections municipales et s’est félicitée des 200 conseillers qu’elle a obtenus. Dans la même logique, Maître Bénéwendé Sankara a estimé qu’avec 160 conseillers, son parti était en pleine ascension.

Ces différentes positions sont-elles en comparaison avec les résultats du CDP ou les autres partis de l’opposition ou de la mouvance présidentielle ?

Cependant que diront Roch Marc Christian Kaboré du CDP, Gilbert Ouédraogo de l’ADF/RDA, et Toussaint Abel Coulibaly de l’Union pour la République (UPR) des résultats qu’ils ont obtenus ? Ils pourront tous parler de victoire si les partis de l’opposition et les leaders se consolent avec leurs miettes.

La fin des années Norbert Zongo

En septembre 2000, l’ADF/RDA de Me Hermann Yaméogo, la Convention panafricaine sankariste (CPS) de Ernest Nongma Ouédraogo, l’Union des démocrates progressistes indépendants (UDPI) de Dongo Longo, le Rassemblement démocratique et populaire (RDP) de Nana Thibault, etc. avaient pris part aux élections municipales après avoir quitté en avril 2000 le Collectif contre l’impunité. L’ADF/RDA et la CPS attendaient d’intégrer le gouvernement de protocole en novembre 2000.

De tous ces partis qui avaient quitté le Collectif, seule l’ADF/RDA avait obtenu une mairie, celle de Koudougou. Parce qu’elle est la ville natale de Me Yaméogo et du journaliste Norbert Zongo. Ainsi, la ferveur de la contestation et le discrédit du CDP restant vivaces, la victoire de l’ADF/RDA était certaine.

Cependant, la participation des partis de l’opposition dite « républicaine » à ces élections était une victoire pour le régime et le CDP. Parce qu’elles étaient boycottées par l’opposition dite radicale menée par le groupe du 14 Février resté membre du Collectif. En mai 2002, tous les partis de l’opposition prenaient part aux élections législatives après avoir obtenu un code électoral consensuel.

En effet, la ferveur de la crise de Sapouy aidant, les électeurs burkinabè avaient fait le choix de ne pas accorder une majorité écrasante au CDP. Par conséquent, l’ADF/RDA avait obtenu 17 députés et s’était positionnée comme la première force de l’opposition. En somme, les résultats de ces législatives semblaient augurer des lendemains meilleurs pour les partis de l’opposition.

Les leaders de l’opposition sont en train de tuer leurs partis

Les partis de l’opposition ont à leur tête les mêmes hommes depuis leur création. En effet, certains qui ont eu des difficultés à tenir quelquefois les instances ont connu des crises internes qui ont causé le départ des militants. Pourtant, même le CDP a renouvelé sa direction. Pour ce qui sont des tentatives de regroupements de partis de l’opposition, elles ont maintes fois échoué.

C’est d’autant plus compréhensible puisque quand une seule personne fait la pluie et le beau temps dans son parti, il est difficile de se priver du leadership dans un regroupement. Depuis lors, les partis de l’opposition réagissent aux questions nationales soit individuellement, soit par regroupements spontanés. Cela n’a jamais donné les effets escomptés. Les exemples de leur faible mobilisation contre le code électoral modifié par le CDP et le viol de la Constitution par le président Compaoré sont patents. Par conséquent, ils se sont résignés dans tous ces cas de figure comme s’ils avaient fait sienne cet adage qui dit : « quand on n’a pas la force du voleur, on l’aide à porter son butin ».

De surcroît, ils ont opté pour des positions dénuées de toute logique. En effet, leur participation à la présidentielle n’avait rien de cohérent avec le rejet théorique de la candidature de Blaise Compaoré pour illégalité. Aussi, les partis de l’opposition ont longtemps décrié le fichier électoral informatisé et le report multiple des élections municipales mais sans avoir obtenu le moindre changement par rapport à leurs revendications sont allés sans conditions à ces élections. Par conséquent, ils sont en train de crier aux fraudes.

A l’élection présidentielle, les candidats de l’opposition nous faisaient savoir que leur participation devait permettre l’implantation de leurs partis dans certaines localités. Mais les résultats des municipales ne traduisent pas une incidence de la campagne présidentielle sur l’électorat des partis de l’opposition. En son temps, nous nous sommes interrogé sur l’opportunité ou pas de la participation de l’opposition à cette élection.

En effet, l’un des inconvénients que nous avons dégagés était que la présidentielle épuiserait financièrement les candidats de l’opposition qui n’auront plus rien pour les municipales. Ces élections ont montré une fois de plus qu’il fallait avoir un peu de moyens pour pouvoir engranger quelque chose. Les partis surtout ceux de la mouvance qui ont fait des percées avaient un peu de moyens pour donner des gadgets et autres aux électeurs.

Les mythes des partis de l’opposition sont-ils tombés ?

Il est bien vrai que certains partis tels l’Union pour la renaissance/ Mouvement sankariste (UNIR/MS), la CPS, le Groupe des démocrates progressistes (GDP) le Parti pour la démocratie et le Socialisme (PDS) ont enregistré des résultats qu’ils peuvent juger acceptables (selon) mais toutes ces miettes au regard des personnalités des dirigeants de l’opposition auraient pu être meilleures. Par conséquent des interrogations subsistent : qu’ont-ils fait pour perdre les élections dans leurs propres villages ? Pourquoi les électeurs préfèrent-ils les mouvanciers à leur détriment ?

Nous pensons que les partis de l’opposition souffrent individuellement de problèmes organisationnels. En réalité, ces partis n’existent qu’à Ouagadougou. Dans les provinces, ils n’ont souvent pas de structures bien organisées et dynamiques. Quand un parti en dix ans d’existence n’a pas encore fini de couvrir les 45 provinces, c’est qu’il y a véritablement des problèmes. L’implantation à travers le pays n’ est pas une vraie préoccupation pour certains partis. C’est le spontanéisme qui est pratiqué, la campagne électorale est la seule occasion pour les voir à l’oeuvre.

Avec cette inorganisation, les partis de l’opposition sont surpris des résultats. Pourtant, tout le monde sait que le CDP dispose des structures dans tous les hameaux. Aujourd’hui, ce qui est encore plus choquant, les leaders sont même battus dans leurs propres villages, sauf Ernest Nongma Ouédraogo. Cependant, nous avons l’impression que tous ceux qui sont députés ont déserté leur localité et sont devenus des bureaucrates à Ouagadougou.

Par conséquent, l’absence sur le terrain se paie cash quand on croit que l’électeur est bête. Les expériences dans les autres pays ont montré que les fiefs de l’opposition se trouvent dans les grandes villes du fait du taux d’alphabétisation des citadins. Au Burkina, l’opposition ne peut plus faire converger l’électorat citadin, surtout intellectuel vers les bureaux de vote parce qu’elle n’a jamais pu poser les vrais problèmes de ces électeurs.

Naby Youssfou

L’Indépendant

P.-S.

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Municipales 2006

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