Si la situation s’est nettement améliorée aujourd’hui, elle n’est pas pour autant totalement résorbée et cet épisode « d’isolement téléphonique » reste vif dans les mémoires de certains Burkinabè de la diaspora.

Après ses premiers écrits et les communiqués explicatifs de l’Office National des Télécommunications burkinabé (ONATEL), LeFaso.net a décidé de mener l’enquête et vous livre quelques éléments d’analyse.

Un ami m’appelle depuis l’étranger, comment ça marche ?

Concernant les appels dits « entrant » depuis l’étranger (appels émis par un correspondant à l’étranger vers le Burkina Faso), l’ONATEL dépend principalement de France Télécom (opérateur téléphonique historique français), les appels de l’international transitant par le réseau français avant d’arriver sur le réseau burkinabé. Pour cela, France Télécom attribue à l’ONATEL des voies de communication entre la France et le Burkina Faso. Le nombre d’appels possible vers le Burkina Faso, au même moment, est naturellement limité par ce nombre de voies.

Lorsqu’un ami vous appelle, son appel est pris en charge d’abord par son opérateur, puis par d’autres opérateurs intermédiaires (opérateurs étrangers, certaines sociétés de cartes téléphoniques prépayées par exemple), et enfin arrive à France Télécom qui achemine l’appel vers l’ONATEL (voir figure 1).

Pourquoi rencontre-t-on des perturbations ?

Si le nombre d’appels tentés depuis l’international est supérieur au nombre de voies attribuées à l’ONATEL, alors les liaisons sont saturées et certains appels n’aboutiront pas avant que d’autres voies ne soient libérées.

France Télécom, qui semblait être plus laxiste auparavant, permettait un nombre d’appels supérieur au nombre théorique de voies de communication, surtout en « période de pointe ». D’après l’ONATEL, l’opérateur mène depuis quelques mois une politique plus stricte au regard du nombre de voies. C’est la raison pour laquelle un appel vers le Burkina Faso, notamment en période d’appels intenses, est devenu plus difficile.

Alors pourquoi l’ONATEL ne demande pas plus de voies de communication ?

Louer plus de voies semblerait effectivement pour l’ONATEL une solution efficace pour améliorer la communication. Mais on peut penser que, ajouté à cette période de perturbation, cette alternative ne serait pas une bonne opération marketing pour l’opérateur burkinabé, puisque ces nouvelles voies représenteraient un coût supplémentaire qui serait, on s’en doute, répercuté directement sur le prix des communications, et donc encore sur le consommateur.

Un ami à l’étranger utilise des cartes téléphoniques prépayées mais a du mal à me joindre, pourquoi ?

Une fois que vous avez compris son fonctionnement, utiliser une carte téléphonique prépayée est très facile.

Les cartes fonctionnent généralement selon la manière expliquée ci-dessous.

1. Composez le numéro d’accès

La plupart des cartes proposent deux types de numéros d’accès : local ou gratuit :

• Numéro d’accès local  : Si vous utilisez un numéro d’accès local vous ne paierez que votre communication locale. La connexion internationale est alors payées par votre carte.

Vous avez le même nombre de minutes depuis un poste fixe ou un mobile en utilisant ces numéros.

• Numéros d’accès gratuit  : Si vous utilisez les numéros d’accès gratuit, vous ne devez rien payer du tout ; L’appel local et international sont inclus dans votre carte téléphonique.
En utilisant l’accès gratuit, le tarif à la minute est plus cher et vous avez donc moins de minutes disponibles sur votre carte.

Selon la carte que vous choisissez, les appels en accès libre peuvent être moins chers qu’ en utilisant le numéro d’accès local. La plupart des cartes proposent également un accès libre depuis les mobiles. Toutefois, cela va vous coûter de 30 à 60 centimes supplémentaires par minute.

2. Choisissez votre langue

3. Entrez votre code PIN

Certaines cartes vous annoncent votre solde de communication restant après avoir donné votre code PIN et le temps de communication disponible pour le numéro que vous avez composé. Etant donné que les tarifs sont différents selon les pays, le nombre de minutes restantes sera différent selon le pays où vous appelez.

4. Composez le numéro de votre correspondant

Une fois que vous avez composé le numéro, l’opérateur vous annonce le nombre de minutes restantes sur la carte. Si vous n’entendez pas la sonnerie après quelques secondes, ne vous en faites pas. Dans certains cas cela prend plusieurs secondes avant de vous connecter avec votre correspondant, surtout si vous appelez d’un portable.

Toutes les cartes vous permettent des faire les appels à la suite, donc il n’est pas nécessaire de raccrocher, recomposer le numéro d’accès et votre code PIN.
Depuis quelques années, des sociétés proposant des cartes téléphoniques prépayées se sont multipliées, chacune proposant des minutes à des prix de plus en plus bas. Ceux-ci se proposent comme opérateurs alternatifs économiques pour les communications vers l’étranger.

Le principe commercial est simple : ces sociétés achètent en grande quantité des minutes auprès d’opérateurs téléphoniques (France Télécom, Cegetel etc.), celles-ci sont ensuite distribuées en petites quantités par le biais des cartes. Notez néanmoins que, même si le tarif à la minute semble très avantageux, le prix de mise en relation est en général élevé. Ces cartes se révèlent donc vraiment économiques uniquement pour des appels de longues durées.

Leur fonctionnement ne nécessite pas moins d’une vingtaine (voir plus pour certains opérateurs) de chiffres à composer avant de pouvoir joindre votre correspondant : il faut composer d’abord le numéro de l’opérateur (qui propose souvent plusieurs formules : numéro vert, numéro en tarification locale, numéro surtaxé, numéro call-back...), choisir votre langue, composer votre code secret (en moyenne plus de 10 chiffres), et enfin taper le numéro de votre correspondant. Bien sûr, si vous commettez une erreur dans la composition de votre code, il faut recommencer.

Nous avons testé le réseau Iradium à l’aide d’une carte de 15€. Celui-ci propose des numéros à tarifications locales, un numéro vert (le temps de communication diminue alors), un numéro call back (par exemple, si vous téléphonez depuis une cabine, vous composez ce numéro puis raccrochez, et l’opérateur vous rappelle) ou un numéro surtaxé (le temps de communication est alors très grand, mais l’appel est facturé environ 8 cts d’€ la minute).

Pour pouvoir appeler, vous composez d’abord leur numéro, puis vous choisissez la langue et entrez votre code secret, et enfin vous tapez le numéro de votre correspondant. Soit plus de 30 chiffres pour pouvoir joindre le Faso. Nous n’avons rencontré quasiment aucun problème pour joindre le Burkina Faso, sauf en période d’affluence où il faut tenter plusieurs fois ou reporter son appel.

Nous avons également testé les cartes prépayées de Tiscali qui propose des minutes à un prix très bas. Néanmoins, presque aucun appel n’a abouti au bout de la première tentative, et inutile d’essayer de joindre le Faso en période d’affluence. Pire, il arrive que votre crédit est débité du coût de la connexion (soit 10 minutes ou 50 cts d’€) alors que vous n’avez eu aucune tonalité, ni de message vous indiquant que l’appel a échoué.

Enfin, il faut savoir que la qualité de service de ces sociétés est aussi soumise à l’infrastructure qu’ils ont mise en place (capacité d’accueil des appels des clients par ces sociétés, nombres de liaisons vers l’opérateur qui achemine les communications...). C’est la raison pour laquelle certains réseaux proposant des tarifs très attractifs se voient rapidement saturés et seul quelques privilégiés auront accès au service sans problème. Il est alors possible qu’un appel vers le Burkina Faso aboutisse par le biais d’un réseau et n’aboutisse pas par un autre, et ceci indépendamment du trafic sur les voies de communication de l’ONATEL.

Certains opérateurs sont très efficaces, les appels aboutissent dès la première tentative et la qualité est irréprochable. Mais les tarifs sont de 3 à 5 fois plus élevé que la plupart des cartes prépayées.

Aux dernières nouvelles, une décision aurait été prise au haut niveau de France Télécom pour « faciliter » les communications vers le Burkina. La récente visite des patrons de France Télécom à l’Onatel porterait-elle ses fruits ?

Attendons de voir car comme l’ont évoqué certains « mauvais esprits » ( ?) dans les forums du site à la suite des perturbations et des sabotages de ses installations, la libéralisation en cours suite à la perte de monopole depuis le 31 décembre 2005 ne seraient pas étrangères aux difficultés actuelles que rencontre l’Office, surtout quand on sait que certaines firmes internationales, sur les rangs des repreneurs éventuels, le guettent avec gourmandise.

Lefaso.net