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Alain Patrizzio, consul honoraire du Burkina à Rouen : "Au plan économique, il se passe beaucoup de choses entre la région de Rouen et le Burkina"

Publié le lundi 22 mai 2006 à 08h45min

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Alain Patrizzio

Alain Patrizzio est consul honoraire du Burkina à Rouen depuis bientôt deux ans. Ancien président de la Fédération des BTP de la région de Normandie, il est vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouen où il anime un club dénommé Echanges Normandie-Afrique qui regroupe une cinquantaine d’entreprises travaillant régulièrement sur l’ensemble de l’Afrique de l’ouest. Depuis 20 ans, il va régulièrement au Burkina où il conduit souvent des délégations d’hommes d’affaires.

Qu’en est-il des relations entre la région de Rouen et le Burkina ?

Avec l’ouverture du consulat, nous avons traité 400 visas depuis 18 mois, ce qui est très important par rapport aux pays de l’Afrique de l’ouest. Ce sont des visas qui concernent plusieurs types de personnes : d’abord la coopération décentralisée qui est très importante entre la région normande et le Burkina (une douzaine de comités de jumelages avec la région du Bam) et des associations très actives dont les responsables se déplacent très régulièrement au Burkina.

Au-delà de la coopération décentralisée, il y a aussi des visas pour le tourisme car beaucoup de normands se déplacent au Burkina pour faire la chasse dans presque toutes les zones du pays. Il y a donc une promotion importante qui est faite dans ce sens. Il y a aussi des visas pour des personnes qui vont au Burkina pour des raisons conjugales car ils ont rencontré l’âme sœur et ils reviennent après leur mariage ou même s’installent là-bas.

Il y a aussi une coopération médicale très importante avec Ouagadougou car l’hôpital pédiatrique Charles de Gaulle dont le CHU de Rouen a été le maître d’œuvre et qui continue à participer à la formation du personnel. Il a aussi une coopération importante avec l’école d’infirmières de Rouen qui déplace tous les ans des infirmières stagiaires vers les régions de Ouaga et de Bobo. Nous avons aussi une population d’artistes qui vont au Burkina pour des stages ou des prestations dans le domaine de la musique ou du cinéma. Enfin, il y a des étudiants, assez nombreux, qui se déplacent pour des stages dans des cycles d’études internationales parce qu’ils trouvent que le Burkina est une destination intéressante.

Au plan économique, il se passe aussi beaucoup de choses entre la région de Rouen et le Burkina. Nous organisons très souvent à la Chambre de commerce des déplacements car il y a des contacts entre des chefs d’entreprises. Les produits d’échanges concernent l’industrie (par exemple des machines de fabrication d’emballage d’eau) ou du matériel agricole ou de BTP. Il faut noter au plan économique le compagnonnage industriel (qui intéresse aussi d’autres pays africains) et qui consiste à repérer des chefs d’entreprise ici qui veulent tisser des relations avec des entreprises africaines, notamment burkinabè et nous facilitons la mise en relation. Cela se termine souvent par des coopérations durables.

Le port de Rouen est aussi un point d’échange intéressant qui est en relation avec le Burkina Faso et j’ai même été au Burkina récemment avec des responsables du port pour expliquer aux opérateurs économiques burkinabè tout l’intérêt qu’ils ont à travailler avec ce port.

Avez-vous une idée de la population burkinabè dans la région normande ?

Non, malheureusement. Et cela est un problème car autant j’ai une bonne connaissance de la population normande qui va au Burkina, autant je ne connais pas la population burkinabè présente dans la région normande. Elle est certainement bien intégrée dans le tissu économique et familial normand et elle ne se fait pas connaître.
Depuis combien de temps fréquentez-vous le Burkina ?

Depuis un peu plus de 20 ans. Je voudrais citer un exemple qui me tient à cœur : nous avons à la Chambre de commerce et d’industrie de Rouen un concept qui nous est propre et qui concerne le développement durable et est basé sur la formation. Nous avons une grande école d’ingénieurs, l’ESIGELEC, l’Ecole supérieure de génie électrique avec qui nous avons organisé, en totale collaboration avec la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, la construction à Ouagadougou une école de génie électrique pour des niveaux Bac +2. Nous recrutons dans les lycées de Ouaga, Bac F, pour former des jeunes qui vont sortir avec un niveau supérieur.

L’originalité, c’est que j’ai profité de ma casquette d’ancien président du MEDEF pour me rapprocher des entreprises françaises travaillant sur le Burkina et des entreprises burkinabè, au nombre d’une trentaine qui participent à la gestion de cette école pour que les jeunes soient formés selon les besoins des entreprises ; elles les prennent en stage et au final les embauchent. Il faut souligner enfin le soutien très important que l’ambassade de France apporte à cette initiative.

C. Paré

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