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Guy Penne : « Un moment donné, j’avais plutôt eu un peu peur qu’il n’y ait des dérives totalitaristes au Burkina. »

Publié le mardi 23 mai 2006 à 06h01min

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Guy Penne

Ancien conseiller pour les affaires africaines de François Mitterrand, sénateur honoraire, le professeur Guy Penne est président de l’association « Amitié France-BurkinaFaso (AFBF) créée en novembre 2005 dans la capitale française. Pour celui qui fréquente le Burkina depuis l’époque de la Haute-Volta, il est indispensable d’entretenir une meilleure connaissance entre les deux peuples. Témoignage

Mon premier contact avec le Burkina Faso, qui s’appelait à l’époque Haute-Volta, date de 1981 quand le président François Mitterrand m’a envoyé porter un message au président voltaïque. Il venait d’y avoir un changement en France et le nouveau président voulait faire savoir à nos partenaires africains que nous voulions continuer à entretenir de très bons rapports.

J’ai gardé beaucoup de souvenirs du pays car j’ai assisté aux changements : Saye Zerbo était président et avait été reçu par François Mitterrand lors de la conférence franco-africaine de Kinshassa. Ensuite Saye Zerbo a été remplacé par Jean-Baptiste Ouédraogo que j’ai connu un peu en ce moment-là et après j’ai connu Thomas Sankara et Blaise Compaoré.

Pendant la période de Thomas Sankara, je l’ai reçu à l’Elysée, ainsi que ses collaborateurs dans mon bureau. Je me suis d’ailleurs retrouvé au Burkina au moment de son arrestation en mai 1983 et des esprits mal intentionnés ont dit que j’étais là pour assister à cela mais comme je me trouvais avec des journalistes, si j’avais su que ça se passerait comme cela, je ne me serais pas trouvé là bas.Mais, enfin, c’est une légende.

A la suite, nos rapports ont été plus personnalisés et à chaque fois qu’il y avait des conférences France-Afrique ou quand, en tant que sénateur j’assistais aux rencontres de la Francophonie, j’ai toujours eu de très bons rapports avec les Burkinabè.

Sur l’évolution du Burkina, je dois avouer qu’à un moment donné, j’avais plutôt eu un peu peur qu’il n’y ait des dérives totalitaristes. Mais aujourd’hui, après la dernière élection à laquelle j’ai assisté, j’ai trouvé que les choses se sont passées correctement : il y avait des listes électorales, il y avait le secret du vote, le contrôle des votants ; ce qui était assez satisfaisant, comme l’ont relevé les nombreux observateurs étrangers qui étaient là.

Je pense que les choses vont encore évoluer car ce n’est pas facile d’organiser des élections et on l’a vu même aux Etats-Unis avec tous les bulletins qui ont été recomptés, décomptés. Je trouve que les choses avancent beaucoup au Burkina ; on peut trouver que c’est peut-être lent mais quand je vois le pays, je trouve que c’est plutôt exemplaire.

Quant à l’apport de l’association d’Amitié France-Burkina Faso, il faut dire que le pays est connu surtout à travers la coopération décentralisée mais il n’est pas sûr qu’il soit très connu du grand public alors que c’est un beau pays où l’on pourrait développer le tourisme et faire beaucoup d’autres choses. Alors, quand le président m’a suggéré de créer une association France-Burkina Faso (comme il y a France-Gabon ou d’autres encore), je n’ai pas hésité.

Nous n’en sommes qu’au début, avec beaucoup de gens qui expriment leur intérêt pour le Burkina, qui veulent adhérer. Il va falloir développer les contacts, la connaissance de ce pays et plusieurs mois d’organisation. Nous avons déjà eu plusieurs rencontres et beaucoup d’initiatives sont à développer.

Comme le pays a changé de nom, beaucoup de gens plus âgés ne savent plus où c’est car si les jeunes ne pensent pas à la Haute-Volta, les plus vieux par contre se demandent ce qu’il est devenu car les Français ne sont pas très forts en géographie. Je note qu’il y a une forte demande et il serait intéressant que l’on connaisse les efforts du président, du gouvernement pour développer le pays. Il faut donc un travail soutenu pour le faire savoir et entretenir une meilleure connaissance entre les deux peuples.

Propos recueillies par Cyriaque Paré

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