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Jean R. Guion, Président du CISAB :"Magré tout !"

Publié le samedi 27 mai 2006 à 09h05min

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Jean R. Guion

Jean R. Guion est Juriste de formation, co-organisateur de la première Fondation d’Art d’Entreprise et Président de l’Alliance Francophone. Par amitié et fidélité au Président Blaise Compaoré (ils se connaissent depuis plusieurs dizaines d’années), il a fondé en 1987, le CISAB (Conseil International de Solidarité avec le Burkina Faso) afin de mobiliser au profit du Burkina Faso et de son Président toutes formes de solidarité. Son témoignage sur les relations franco-burkinabè et sur l’évolution du Burkina Faso.

Le village où je suis né, Revin, au cœur des denses forêts ardennaises, bien loin de cette Afrique sahélienne qui coule dans mes veines et que j’aime passionnément, est dominé par une haute montagne rocheuse, abrupte et escarpée, dont l’ascension paraît impossible, qui fascinait George Sand, le Mont « Malgré-Tout ».

L’origine de cette dénomination est mal connue et pourtant elle s’adapte si bien à cet endroit qui a, entre autres, abrité les exploits héroïques d’une centaine de jeunes résistants qui y furent fusillés lors de la Seconde Guerre Mondiale. Malgré tout ils ont résisté, malgré tout ils ont cru en la liberté, malgré tout ils nous ont rendu notre dignité.

Lorsque j’ai revu Blaise Compaoré, après le 15 octobre 1987, seul dans son bureau situé dans le quartier sécurisé de l’ancien régime que l’on appelait, et que l’on appelle toujours, « le Conseil », je n’ai pu m’empêcher de penser à ce « Malgré-Tout » ! Calme et stoïque, comme les chênes de mes Ardennes, Blaise Compaoré avait décidé, quoiqu’il lui en coûte, et malgré tout, de démocratiser son pays.
Et ils étaient nombreux ces « malgré tout »...

Cet homme dont on disait, jusque dans son entourage, qu’il ne tiendrait pas plus de trois semaines à la tête du pays, était un peu comme Charles de Gaulle à Londres, certes isolé, mais pas seul, car il savait que son peuple, comme lui, était assoiffé de liberté et de dignité.

Il allait donc, malgré qu’il soit peu connu à l’extérieur, malgré qu’une certaine intelligentsia - celle qui se trompe toujours - ait donné de lui une image déplorable et si loin de la réalité, malgré les blocages et les terreurs hérités de la révolution, malgré l’absence quasi totale de moyens matériels et techniques, malgré tout, porter à bout de bras un processus démocratique complexe mais exemplaire dont l’Histoire retiendra que sans lui il n’aurait jamais vu le jour.

Ceux qui se contentent, sur un ton de reproche, de dire que Blaise Compaoré a brisé les rêves de Thomas Sankara sont les mêmes qui, à l’instar de CNN, confrontent les cow-boys et les indiens ...

Si ceux-là s’intéressaient réellement au Burkina Faso, au continent africain ou à la mise en place des processus démocratiques, ils devraient d’abord chercher à savoir quels étaient réellement ces rêves, comment ils étaient vécus par les populations et où ils menaient ?

Ils comprendraient alors, peut-être, qu’il était temps de réveiller ce pays sous l’emprise des « drogues » idéologiques, aussi néfastes que celles des colonisations, des assistanats et des responsabilités confisquées.

Curieusement, les chroniqueurs innés ont la vie dure, et la restitution simpliste qu’ils font des réalités cadre par trop bien avec cette société de l’image dans laquelle les esprits critiques se diluent. Pour apprécier les faits de l’histoire contemporaine et les dynamiques, les perspectives d’un pays, d’un peuple, il ne faut pas se contenter d’images et de sentiments.

Blaise Compaoré a substitué les rêves et délires « d’idéologues dogmatistes » à ceux de réalisme et d’intégrité d’un peuple...

Il semblerait que, pour la bonne conscience des privilégiés du monde dit développé, le réalisme et l’intégrité soient des concepts moins valorisants que celui de faire rêver !

Blaise Compaoré avait anticipé, bien avant qu’elles ne soient tangibles, les conséquences des contraintes et directives économiques des grandes institutions monétaires internationales, ainsi que l’effondrement des fausses valeurs politiques qui menaçaient le monde dit libre avant que celui du Mur de Berlin ne soit venu le confirmer, plaçant ainsi son Pays dans les meilleures conditions possible pour affronter les défis du XXI° Siècle.

Les procès fait à Blaise Compaoré sont les procès des rêves aux réalités, du mensonge à la vérité, du passéisme au progrès...

Rien ni personne ne pourra empêcher, qui que ce soit, d’être nostalgique et de continuer, demain encore, à célébrer le passé, de l’élitisme monarchique à la lutte des classes ! Seulement la nostalgie devient crime lorsqu’elle néglige les réalités du quotidien et de ceux qui en souffrent.

Le réalisme de Blaise Compaoré a permis au Burkina Faso d’être ce qu’il est aujourd’hui, un pays qui, en dépit de ses immenses difficultés géographiques, géopolitiques, climatiques, se place en tête de ceux trop rares qui gèrent le mieux le peu qu’il possède et dont la croissance profite, certes encore modestement mais sûrement, à l’ensemble de sa population.

Que l’on aime ou que l’on déteste l’homme Compaoré personne ne peut aujourd’hui lui retirer le mérite d’avoir inventé la bonne gouvernance, d’avoir installé la démocratie et d’en assurer la pérennité, d’avoir géré au mieux et souvent dans de dramatiques conditions les intérêts politiques, économiques et moraux de son pays.

Quoiqu’il lui en ait parfois coûté, dans un monde politique régional et international où ces valeurs n’ont plus guère cours, Blaise Compaoré a toujours été un homme de parole et de fidélité à quelques grands principes, mais aussi à ses amis et à ses engagements. Une attitude qui a pourtant bien souvent failli remettre en cause les grands desseins qu’il avait conçus pour son pays et pour son peuple.

Le Burkina Faso est un pays, fascinant et émouvant qui, depuis 15 ans que j’y séjourne régulièrement, n’a cessé de m’étonner.

Pour reprendre l’expression d’un de mes amis, Jean Marie Cavada, Député Européen et ancien Président de Radio France, « Rencontrer le Burkina Faso, c’est un peu, comme Astérix, tomber dans une marmite qui vous inocule une incurable « burkinabophilie... »

Difficile, en effet, de ne pas tomber sous le charme de ces hommes et de ces femmes intègres qui ont su, bon gré malgré, à force de courage et d’audace, conjuguer au mode politique le réalisme et l’intégrité.

Ces burkinabè qui ont su inventer, avec Blaise Compaoré une nouvelle forme de résistance aux archaïsmes politiques occidentaux, pour survivre humainement, culturellement et économiquement.

Plus de soixante ethnies cohabitent en paix dans ce pays.

Il ne s’agit, hélas, pas d’une exception sur ce Continent mais de l’exception !

Pourquoi cette paix ...

Tout simplement parce qu’historiquement le Burkina Faso a pratiqué, depuis la nuit des temps, l’intégration, la tolérance religieuse, la défense de sa culture et de ses langues, la générosité et l’hospitalité.

Tout simplement parce que le Burkina Faso applique, depuis des siècles, sans le savoir, les valeurs que sous-tend notre langue commune, la Francophonie, à commencer par celles qui consistent à défendre toutes les langues, c’est à dire toutes les cultures.

C’est à ces titres que le Burkina Faso de Blaise Compaoré mérite, plus que tout autre état, d’être classé parmi les mainteneurs de la Francophonie.

C’est à son exemple que d’autres pourront lutter contre les nouvelles formes d’impérialisme et contre la tyrannie du monolinguisme et de la pensée unique.

Il y a quelques lignes j’évoquais d’Astérix ...Le Burkina Faso c’est un peu l’Astérix africain...
Enclavé, il est un des plus ouverts sur le monde,
Pauvre, il est un des mieux gérés, dixit les observateurs étrangers et organismes internationaux.
Stable, il l’est dans un Continent submergé de crises.
Fidèle à ses alliances et à ses amis, il est devenu une puissance diplomatique reconnue et efficace...Trop parfois, car dérangeante pour ceux pour qui ce petit pays pauvre et enclavé, mais si riche de sa culture et de ses hommes, devrait rester à la modeste place où l’ingrate nature l’a placé !

La principale cause de cette « exception » burkinabè réside dans l’art qu’ont les dirigeants de ce pays de marier harmonieusement la tradition et la modernité.

La tradition c’est la défense et la promotion de sa culture et le respect de son histoire, celle d’une civilisation vieille de près de 1000 ans mais qui ne s’est pas figée et a donné au peuple burkinabè ses extraordinaires facultés et capacités d’adaptation.

La modernité, l’observateur la retrouvera dans de nombreux domaines dont la culture est un pilier essentiel...
Le FESPACO (Festival Panafricain de Cinéma et de Télévision)
Le SIAO (Salon International de l’Artisanat)
La SNC (Semaine Nationale de la Culture) qui voit s’affronter pacifiquement toutes les ethnies au travers de diverses compétitions qui vont du tir à l’arc à la cuisine, de la danse aux coiffures, aux luttes, et j’en passe.

La modernité c’est aussi la rigueur de la gestion reconnue et la démocratisation exemplaire menées depuis 1987.

Le Burkina Faso a su conjuguer la bonne gouvernance économique et financière avec la bonne gouvernance morale basée sur les droits de l’homme.

Le Burkina Faso a su apporter une réponse à l’hémiplégie dont sont trop souvent atteints les Etats en voie de développement qui tentent d’être bons gestionnaires certes, mais font parfois fi de l’humanisme et de l’éthique dans le domaine de la pratique gouvernementale et des libertés publiques !

Tous ces succès, bien sûr, le Burkina Faso les doit à une population entièrement mobilisée dans la lutte contre un environnement naturel plus que difficile, mais il les doit aussi à son Président actuel, Blaise Compaoré, qui a su imposer dans la vie politique de son pays certaines valeurs qui, si elles paraissent aller de soi pour les occidentaux, ne sont pas couramment admises en Afrique ou ailleurs !

Un de ces principes c’est le dialogue démocratique.
Aux yeux de Blaise Compaoré, je le sais, c’est sur cette base que pourra se construire la démocratie en Afrique et non en copiant des modèles importés d’occident et donc inadaptés. Il y a près de douze ans déjà il déclarait :
« C’est la notion même d’esprit partisan qui est étrangère à l’Afrique. Celle-ci repose sur la confrontation des idées. Or, dans les villages, les chefs traditionnels règnent par le consensus. Même le parti unique n’a rien d’africain. C’est pourquoi au multipartisme, j’ai toujours préféré l’expression du pluralisme d’opinion... »

Quelle belle leçon pour tous ceux qui caricaturent l’Afrique et pour tous ceux qui, à desseins, « singent » l’occident et ses archaïsmes.

La construction que Blaise Compaoré a entreprise, avec et parfois malgré les autres, est à la mesure de ce que le continent africain tout entier peut faire. En restant fidèle à sa parole, aux quelques grands principes de démocratie et à la force de l’engagement, dans un monde politique régional et international où ces valeurs n’ont plus guère cours, Blaise Compaoré a su montrer le chemin qu’il fallait suivre.

Blaise Compaoré n’a pas encore terminé sa tâche...Il lui reste encore un bon bout de chemin à faire pour accompagner son peuple sur les cimes escarpées du progrès et de la dignité...Malgré tout !

Wend na songoub touma ! Que Dieu guide ses travaux, comme disent les Mossis...

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