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Banque africaine de développement : Le « truc » des Africains échappe au continent

Publié le vendredi 12 mai 2006 à 07h39min

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Le groupe de la Banque africaine de développement (BAD) tient les 17 et 18 mai 2006 ses assemblées générales annuelles à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Quarante trois ans après sa création à Khartoum, au bord du Nil, la Banque des Africains semble échappée au continent.

Constitué de trois institutions, le Groupe de la BAD comprend la Banque africaine de développement, (BAD) (dont il tira son nom usuel BAD), le Fonds africain de développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigéria (FSN). Il est chargé de la mobilisation des ressources pour le développement économique et social de l’Afrique.

Les statistiques et les réalités socioéconomiques plaident pour une Afrique au bord de l’agonie, à tel point que d’aucuns se demandent à quoi sert l’institution financière panafricaine. « Notre truc nous a échappé », avait déclaré une diplomate avec rage après que son pays ait échoué à obtenir un financement auprès de l’institution.

En effet, les Africains aujourd’hui sont plus pauvres qu’il y a vingt ans. 46% d’entre eux n’ont pas un dollar (500F CFA) pour faire face à leurs besoins quotidiens. Et les pays africains pris individuellement ou collectivement ploient sous le poids de la dette à telle enseigne qu’il a fallu recourir à des programmes spécifiques, dits initiatives pour les Pays pauvres très endettés (PPTE). Mais même en sachant que ces pays membres sont surendettés, la BAD n’a pas pu opérer des réformes pour répondre à leurs besoins.

Il a fallu attendre des décisions des dirigeants du G7 (Groupe des sept pays les plus riches) pour qu’elle consente enfin à annuler les sommes à lui dues par des pays dont elle est censée accélérer le développement. On peut se demander alors si la banque du continent en se faisant financer majoritairement par des pays non africains, appelés pays membres non régionaux, n’a pas alliéné son avenir et compromis surtout les objectifs qui lui sont assignés au départ.

En rappel, en 1964 moins d’une année après la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA devenue Union africaine (UA), les Africains avaient voulu parachever l’œuvre d’émancipation en créant leur propre banque de financement. Aujourd’hui, la BAD semble fonctionner comme la Banque mondiale parce que ses principaux actionnaires se recrutent aussi parmi les plus gros bailleurs des institutions de Bretton Woods. Elle s’est faite d’ailleurs devancer par celles-ci ne serait-ce que sur le plan communicationnel.

Peu d’Africains savent en effet que l’Afrique dispose de sa propre banque destinée au financement de son développement. Même sur le terrain des réalisations en faveur des populations à la base, la BAD est encore moins visible que nombre de bailleurs européens ou du golf. Il est vrai qu’en quarante ans, la BAD a financé 2885 opérations pour un total de 47,56 milliards de dollars.

Mais tout cela n’a pas été suffisant pour baisser la courbe ascendante de la pauvreté. Depuis maintenant près de dix ans, les institutions financières internationales ont amorcé de grandes réformes après l’échec des Programmes d’ajustement structurel (PAS) à travers lesquels on avait promis aux populations « l’eau potable pour tous en l’an 2000 », la « santé pour tous en l’an 2000 ».

Ouagadougou devrait être le tournant, pour la BAD de se réconcilier avec les Africains. Une étape où la banque du continent devrait opérer des changements pour répondre aux aspirations profondes des peuples du continent, les plus pauvres de la planète.

Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)

Sidwaya

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