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La liberté de presse au Burkina : La vision du député Mahama Sawadogo

Publié le jeudi 11 mai 2006 à 07h32min

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La liberté de la presse est un droit fondamental qui bénéficie d’une attention particulière dans le monde et, une Journée lui a été consacrée. Dans l’écrit qui suit, le député Mahama Sawadogo énumère les dangers qui menacent cette liberté. Pour lui, beaucoup plus que la contrainte politique, c’est la pauvreté qui nuit à l’expression de ce droit fondamental.

La commémoration de la Journée du 03 mai, dédiée à la presse depuis 1991, nous donne l’occasion de participer à l’important débat qui s’est insaturé ces derniers jours dans la presse et dans des fora organisés à cet effet. Notre participation à ce débat va consister en une appréciation d’une part des menaces qui pèsent aujourd’hui sur la liberté de la presse et d’autre part, sur la situation du journalisme d’investigation dans le contexte burkinabè.

Ce qui peut menacer la liberté de la presse

Trois dangers sont susceptibles de constituer des dangers pour la presse et leurs principaux animateurs que sont les journalistes. Il s’agit des contraintes politiques, des conditions matérielles de l’exercice du journalisme et des excès de l’information.

Les contraintes politiques

La liberté politique d’information est toujours le résultat d’un rapport de force entre les acteurs politiques et la presse. Dans le Burkina Faso d’aujourd’hui, ce rapport de force n’est pas fragile et paraît même équilibré. En témoignent les droits dont jouit la presse, droits relevés par l’élite journalistique à l’occasion de la commémoration de la Journée du 03 mai.

Alors, s’il convient aujourd’hui d’insister sur la liberté de la presse du Burkina, c’est moins pour dénoncer son inexistence ou son insuffisance que, pour attirer l’attention sur le fait qu’en tant que résultat d’un rapport de force, cette liberté peut régresser. Ce qui nécessite donc une vigilance permanente de la part des journalistes et des démocrates de ce pays.

Les conditions matérielles de l’exercice du journalisme

Si le combat est gagné (dans une certaine mesure) au plan politique, il en va autrement aux plans des conditions de vie et de travail de nombreux journalistes ( cf. nombreux témoignages lors de la Journée du 3 mai). C’est pourquoi, il est juste de penser que le principal danger qui menace la liberté de la presse au pays des hommes intègres est davantage la logique économique que la répression politique. De ce point de vue, le principal terme du combat pour la sauvegarde et la promotion de la liberté de la presse au Burkina devrait se conjuguer au présent de l’économie.

Les excès de l’information

Au titre de ce qu’on peut qualifier d’excès de l’information, on peut retenir entre autres les comportements suivants : le harcèlement médiatique sur certains événements ou personnalités, la « spectacularisation » de la réalité ; la fascination pour les situations de crise, l’imposition de sujets qui mobilisent souvent plus les journalistes que le public, la passion obsessionnelle pour la transparence .

Le journalisme d’investigation

A l’occasion du riche débat qui a marqué la Journée du 03 mai, la relation entre journalisme d’investigation et opinion publique a retenu notre attention. Pour certains participants au débat, « sans une opinion publique dynamique, le journalisme d’investigation est inutile et confine celui qui le pratique dans le rôle périlleux de Zorro ». Mais quels sont les indicateurs d’une opinion publique « dynamique », telle est la question qu’on est en droit de se poser pour être en mesure de mieux apprécier la pertinence du point de vue évoqué.

En revanche, pour notre part, il nous paraît essentiel de faire observer à la suite de certains penseurs que, si l’information et le journalisme se sont affranchis des contraintes du temps, ils butent sur l’espace. En effet, la même information diffusé en temps réel partout, n’a pas le même sens et ne provoque pas les mêmes réactions selon les aires culturelles. C’est ce qui explique peut-être que des révélations peuvent être scandaleuses dans les pays du Nord et s’apparenter à des faits divers au Sud. C’est là une réalité à prendre en compte par les journalistes dans l’appréciation de la pertinence ou non de leur objet d’investigation et surtout dans la manière de mener lesdites investigations.

Mahama SAWADOGO
Député

Sidwaya

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