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Médias : un PAS de la Banque mondiale pour les médias burkinabè ?

Publié le lundi 8 mai 2006 à 08h45min

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Du 02 au mai 2006 a eu lieu au RAN Hôtel Somkèta de Ouagadougou, un atelier sur la « gouvernance, l’information et les médias ». A l’issue des travaux, les participants ont demandé à la Banque mondiale d’appuyer les médias burkinabè pour leur permettre d’être plus opérationnels.

Après trois jours de débats sur la base de communications faites par des directeurs de médias, des journalistes, des enseignants et des documentalistes, les participants à l’atelier sur la « Gouvernance, l’information et les médias » ont estimé que la Banque mondiale, coorganisatrice de l’atelier avec la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique et le Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES) devrait apporter un appui matériel, financier et institutionnel aux médias burkinabè.

Ils ont également appelé la Banque mondiale à user de ses relations et de ses prérogatives auprès de ses partenaires afin d’aider au renforcement des capacités techniques, financières et institutionnelles de la presse.

Constatant que les activités des institutions de Bretton Woods sont mal ou très peu connues, journalistes, documentalistes, représentants de la société civile, enseignants et directeurs d’organes de presse qui participaient à cet atelier ont préconisé à la Banque mondiale de mieux se faire connaître du public et des médias en mettant en place une meilleure stratégie de communication. Ils ont par la même occasion, demandé à l’Etat burkinabè d’accélérer la dépénalisation des délits de presse et d’étendre la publicité institutionnelle à l’ensemble des médias.

Certains directeurs d’organes de presse se sont en effet plaints que l’Etat ne leur donne pas des annonces publicitaires alors que logiquement, ils remplissent les mêmes fonctions que les autres journaux qui bénéficient des faveurs de l’Etat et de ses démembrements. L’augmentation de la subvention étatique à la presse privée a été également une réclamation, quitte à permettre aux bénéficiaires d’utiliser cet argent pour constituer un fonds de garantie en vue de faciliter l’accès des entreprises de presse aux institutions bancaires, ou créer une centrale d’achat pour les papiers, les calques, et autres matériels d’impression.

Il s’est aussi agi de demander à l’Etat de revoir la fiscalité applicable aux médias et une amélioration des conditions d’accès des citoyens aux médias audiovisuels, notamment en ce qui concerne les émissions de débats en direct.

Arrêter le culte du secret dans l’administration

Au cours de leurs échanges, les participants à l’atelier ont fait un diagnostic de l’environnement médiatique au Burkina. Ils ont jeté un coup d’oeil sur la nature des relations entre la société civile et les médias et fait un examen de l’état des rapports entre journalistes et gouvernants. D’après les constations faites, les journalistes rencontreraient d’énormes difficultés pour faire au mieux leur boulot.

Quand ce n’est pas l’entreprise qui manque de tout pour faciliter son travail, c’est l’accès aux sources qui est caduc. En effet, d’après les participants, le secret est tellement ancré dans l’esprit des fonctionnaires burkinabè qu’il faut plus d’un tour au journaliste pour accéder à une information administrative. De plus, les lois qui traitent du droit d’accès à l’information sont incomplètes et sèment la confusion.

La liberté de presse elle-même est mise à rude épreuve par des emprisonnements et la descente de forces de l’ordre pour y enlever des journalistes dans les rédactions. A toutes ces difficultés, le professionnel de l’information médiatique au Burkina doit faire face à la précarité de son emploi. Les organes de presse n’étant pas de véritables entreprises de presse, ils sont fragiles économiquement parce que le lectorat est faible et la distribution insuffisante.

Cette situation est dramatisée par un marché publicitaire très étroit. Il n’y a pas en effet de publicité de marque au Burkina et le secteur privé traîne les pas à donner des annonces aux médias. Reste maintenant l’Etat. Principal annonceur, il est aussi un piètre payeur. Tous les directeurs de presse, qu’il soit public ou privé, sont unanimes pour dire que s’ils font une grande partie de leurs recettes publicitaires avec l’Etat ; c’est aussi lui qui entrave l’épanouissement des entreprises en ne payant pas assez tôt ou pas du tout ses factures.

Tout cela se déroule or, l’entreprise de presse au Burkina Faso ne bénéficie d’aucune exonération fiscale du fait de sa spécificité comme il est établi dans certains pays. Ici, l’entreprise médiatique est considérée comme n’importe quelle « boutique » qui vend des produits ordinaires. Quant à la société civile, trop dépendante des bailleurs de fonds extérieurs, elle serait incapable de l’avis de l’atelier, de prendre le relais de la presse lorsqu’elle fait étalage des faits de mal gouvernance.

Les participants ont noté avec regret que certaines personnes se servent des organisations de la société civile comme gagne-pain ou estrade pour atteindre leurs ambitions politiques. Ils en veulent pour preuve, le nombre de dirigeants d’associations ou d’ONG qui ont fait leur entrée à l’hémicycle. Pour les participants, la société civile et les médias devraient nouer ensemble des formes de solidarité et de combat pour défendre la démocratie et travailler à l’instauration de la bonne gouvernance.

Romaric O. HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)

Sidwaya

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