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Décentralisation : le plus dur commence

Publié le lundi 8 mai 2006 à 08h59min

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Malgré la montée vertigineuse et continue du prix de l’essence qui fait grincer bien des dents, les Burkinabè continuent à tirer les leçons des municipales du 23 avril dernier.

Avec l’annonce de la publication, ce jour 8 mai, des résultats provisoires du scrutin par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), on mettra fin aux spéculations et aux conclusions hâtives, tant il a été question de fraudes, de manipulations, d’achat de consciences, etc.

Au delà des rancœurs et des discours triomphalistes des uns et des autres, la CENI devrait pour le moins et quels que soient les griefs contre elle, mettre tout le monde d’accord avec la proclamation officielle et définitive d’un scrutin qui s’est déroulée dans le calme et la sérénité. Pourquoi ne pas s’en féliciter, quand ailleurs ces genres de consultation donnent lieu à toutes sortes de dérapages ?

On ne peut cependant se satisfaire du seul climat dans lequel se sont tenues ces élections. Dans le contexte actuel, est on sûr que les Burkinabè de manière générale, saisissent l’ampleur de la tâche qui les attend ? Savent-ils exactement à quoi correspond ou que signifie la communalisation intégrale qui devra désormais régir leur vie ? On pourrait bien rétorquer que la communalisation intégrale a été mûrement réfléchie et qu’il ne reste qu’à l’appliquer pour en mesurer les limites et les difficultés. Mais cela n’enlève rien à la pertinence des questions posées plus haut.

En l’absence d’une enquête, d’un sondage, (dont il aurait fallut souligner tout de suite les limites) sur ce que les Burkinabè pensent de la décentralisation il faut affirmer que le plus dur commence. En attendant la mise sur pied des bureaux des conseils municipaux et l’élection des maires, il n’est pas évident que tous nos dix huit mille (18 000) Burkinabè appelés à gérer nos communes mesurent, à sa juste valeur, le travail qui les attend. Il faudrait leur expliquer pendant un bon temps que le pouvoir de gérer leurs terroirs leur appartient et que l’Etat sera de plus en plus absent. Nombreux sont ceux qui soutiennent que sans l’aide des pouvoirs publics, il n’est point question de décentralisation. Quoi d’ailleurs de plus vrai ! Cependant, l’aide des pouvoirs publics ne peut qu’être fixée dans le temps. Car à quoi servirait la décentralisation si l’Etat doit toujours continuer à tout soutenir ?

Il ne faut point se faire d’illusion : les débuts de l’application de la politique de communalisation intégrale seront fort difficiles. D’où une vigilance dans la choix des bureaux des conseils municipaux et surtout des maires. Ces derniers ne devraient pas donner l’image peu flatteuse qu’on a connue dans certaines mairies.

La seule évocation du mot conseiller municipal renvoie à détourneur de parcelles. Ces comportements de brebis galeuses comme on en trouve partout ont discrédité la gestion des mairies et porté un coup à la décentralisation. Ces propos ne sont pas du tout excessifs. Il faut plutôt tirer les leçons du passé pour que les trois cents cinquante communes soient mieux gérées. C’est dire que les responsables de ces communes doivent être des hommes et des femmes d’initiatives, de relations, des mobilisateurs. L’appartenance d’un responsable communal a un parti politique puissant, n’est pas une garantie de réussite.

Le succès de la communalisation intégrale passe par de profonds changements de comportements. A la tête des communes, il faut des responsables intègres, compétents et qui inspirent confiance pour pouvoir mettre les populations au travail et non des « tyranneaux » de villages plutôt préoccupés à jouir des délices du pouvoir local.

Par Bessia BABOUE

Sidwaya

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