LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Journée de la presse : La dèche sèche l’encre des scribouillards et la salive des verbeux

Publié le samedi 6 mai 2006 à 09h48min

PARTAGER :                          

Encore un 3 mai. Encore les mêmes constats. Encore les mêmes types de statistiques. Et puis finalement les mêmes conclusions. Ça avance malgré tout. La liberté de la presse ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Au pays des Hommes intègres, c’est la première journée célébrée après la pluie des félicitations consécutives à la couverture médiatique de l’élection présidentielle.

Les effluves sont encore présents. Il en sera encore ainsi sans doute avec les élections municipales. Bref, la classe politique se félicite du travail de la presse ; ce qui voudrait dire sous d’autres cieux que les uns n’ont pas égratigné les autres.

En effet, mus par une charte de bonne conduite, la presse burkinabè, dans son ensemble, a fait dans du civilement correct en se contentant de rapporter ce qu’elle a vu et entendu sans trop se perdre dans des analyses et des prises de position qui auraient sans doute été diversement interprétées et appréciées.

Reste à savoir si dans son rôle de formation des opinions cette attitude n’était pas celle de simple canal de transmission des messages même les plus insipides ou même les plus saugrenus entre les émetteurs et les récepteurs. On peut toutefois se réjouir que cette position ait mis le pays à l’abri des conséquences de dérives des apprentis journalistes qui confondent allègrement leur engagement politique avec le devoir d’informer.

Le milieu est truffé de nombreuses personnes allogènes dont la capacité d’écrire ou de bien parler a fait naître des vocations d’informateur.
Le professionnalisme a encore du chemin à faire, comme en témoignent les nombreux séminaires de formation qui ne cessent de se succéder.

A force de persévérance, l’excellence sera sans doute pour bientôt. La presse est donc comme sur un nuage avec ces félicitations des plus hautes autorités, mais qu’en est-il des hommes de la presse ?

Car si les médias en tant que personnes morales, leurs directeurs de publication en tête, ont reçu leurs lauriers en subventions ou en médailles reluisantes, la dèche omniprésente dans les rédactions sèche les encres et les salives. Même la perspective de l’adoption d’une convention collective ne semble pas de nature à faire rêver de beurre à mettre sur les épinards.

La principale entrave à la liberté de la presse est la pauvreté des journalistes. Un journaliste qui caracole avec 25 000, 35 000 ou même 60 000 francs CFA, sans un engagement ferme, sans déclaration à la caisse de sécurité sociale est en fait un précaire pigiste permanent à la merci de l’appât du gain. Le métier n’étant pas un métier faiseur de fortune, tout signe extérieur de richesse peut être considéré comme le fruit d’arnaques ou de compromissions aux antipodes de l’éthique.

Pour que les journées de la presse ne se suivent pas en se ressemblant, il faudra que journalistes et patrons de presse se regardent les yeux dans les yeux et fassent cause commune dans un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté dans la profession.

Après s’être occupé des adversaires et autres prédateurs extérieurs, il faudra maintenant s’occuper de ceux de l’intérieur... confraternellement.

Journal du jeudi

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique